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Stéphen Liégeard

- Wikipedia, 12/01/2012

Stéphen Liégeard
Activités Écrivain, sous préfet, député
Naissance 29 mars 1830
Dijon,
Royaume de France Royaume de France
Décès 29 décembre 1925
Cannes,
Drapeau de France France, IIIe République
Langue d'écriture français
Genres romans, essais, mémoires
Distinctions Légion d'honneur


Stéphen Liégeard (Dijon, 29 mars 1830 - Cannes, 29 décembre 1925) est un écrivain et poète français. Il est l'inventeur du terme « Côte d'Azur » pour remplacer la dénomination « Riviera[1] ». Il inspira à Alphonse Daudet le personnage du « sous-préfet aux champs » des Lettres de mon moulin.

Sommaire

Biographie

Signature de Stéphen Liégeard.

François Stéphène Émile Liégeard, qui n'utilisa que son deuxième prénom, sous la forme Stéphen, est né à Dijon le 29 mars 1830, au domicile de ses parents, hôtel Aubriot, 40 rue des Forges. Il était le fils de Jean-Baptiste Liégeard, avocat âgé de 28 ans, qui fut maire de Dijon de 1863 à 1865. La mère de Stéphen Liégeard, Catherine Émilie Vallot, âgée de 21 ans, n'exerçait pas de profession. La famille Liégeard, installée à Dijon depuis le Moyen Âge[2], avait compté plusieurs orfèvres ; elle était bonapartiste depuis le Premier Empire. En 1842, elle déménagea à l'hôtel Legouz de Gerland, rue Vauban à Dijon.

Après de brillantes études au lycée de sa ville natale, Stéphen Liégeard s'inscrit comme avocat au barreau de Dijon en 1854. Il gagne alors plusieurs procès. En 1857, il soutient une thèse de doctorat en droit qui lui vaut une médaille d'or. Bonapartiste, il entre en 1856 dans l’administration préfectorale comme conseiller à la préfecture de Valence. Il est nommé en 1859 sous-préfet à Briey (Meurthe-et-Moselle), où il épouse Mathilde Labbé. En 1861, il est sous-préfet à Parthenay, puis est nommé à Carpentras en 1864. C’est là qu’Alphonse Daudet, son voisin, trouvant des rimes sur le bureau de Stéphen Liégeard, eut l’idée du conte Le sous-préfet aux champs, qui parut dans L’Événement du 13 octobre 1866, avant de faire partie du livre Les Lettres de mon moulin publié en 1869.

En 1867, Stéphen Liégeard quitte l’administration pour se présenter comme candidat officiel aux élections législatives à Briey, où son beau-père, Joseph Labbé, maître de forges, exerce une importante activité industrielle. Il est élu député de la Moselle le 24 mars 1867, puis est réélu en 1869. Fidèle à ses convictions, il abandonne la politique à la chute du Second Empire le 4 septembre 1870 et s'inscrit à nouveau au barreau de Dijon tout en se consacrant à la littérature.

Dès lors, il partage son temps entre son appartement parisien rue de Marignan, sa résidence dijonnaise de la rue Vauban, l'hôtel Legouz de Gerland, qu'il fait remanier à la fin du siècle, et son domaine de Brochon. Il passe l'hiver à Cannes, Villa des Violettes, dont son épouse, Mathilde, a hérité en 1873. Lors de ces derniers séjours, il parcourt les rivages de la Méditerranée. Sa fortune considérable lui permet de faire construire en 1895, sur son domaine de Brochon, non loin de Dijon, un château néorenaissance[3].

Stéphen Liégeard, membre depuis 1891 de l'Académie de Dijon, est par trois fois candidat malheureux à l'Académie française, en 1891, 1892 et 1901. Malgré les amitiés qu'il y a tissées, il n'a pu lutter face à Pierre Loti, Edmond Rostand ou Émile Zola. Certains dirent, avec humour, qu'il fut victime du Chambertin : en élisant le prétendant, les académiciens n'auraient plus reçu les bouteilles que Stéphen Liégeard offrait avant chaque élection !

Malgré un train de vie fastueux qui défraie parfois la chronique, Stéphen Liégeard est un homme bon et généreux. Sa devise en témoigne : Il est beau d'être grand, être bon est meilleur. Mécène et donateur, il devient président de la Société Nationale d'Encouragement au Bien (SNEB) en 1897 ; il ne quitte l'organisme qu'en 1921. Son fils, Gaston, peut aisément faire ses voyages d'aventure et en ramener des reportages photographiques. Stéphen Liégeard est fait officier de la Légion d'honneur le 12 août 1866, commandeur en 1920, ainsi qu'officier de l'Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.

Il s'éteint à plus de quatre-vingt-quinze ans, le 29 décembre 1925 à Cannes. Son nom a été donné à une rue située en face de sa maison natale à Dijon, à des avenues de Nice et de Hyères-les-Palmiers, et à une rue à Cannes. C'est dans cette dernière rue que se trouve la Villa des Violettes où Stéphen Liegeard vécut de nombreuses années.

Activité littéraire

En 1852, à vingt-deux ans, il édite son premier recueil, Souvenirs de quelques soirées d'été, dans lequel il mêle poésie et courtes pièces de théâtre. En 1859, il publie des vers en l'honneur de Napoléon III : Les Abeilles d'or Chants impériaux. L'Académie des Jeux floraux de Toulouse le nomme maître ès-jeux en 1866 et couronne ses œuvres à plusieurs reprises.

Entre 1866 et 1872, il fait de fréquents séjours à Bagnères-de-Luchon, dans les Pyrénées, dont il décrit la société animée dans des pages brillantes parues en 1874 : Vingt journées d'un touriste au pays de Luchon. Au début des années 1870, il livre un témoignage de sa vie politique : la chute du Second Empire, avec Le crime du 4 septembre, publié en 1871 ; son mandat de député, avec Trois ans à la chambre, paru en 1873. Il continue la poésie ; l'ouvrage Les Grands cœurs, pour lequel les critiques ont été unanimement élogieux, est couronné par l'Académie française en 1894.

En 1887, il écrit à Brochon son ouvrage le plus célèbre, La Côte d’azur, publié à Paris en 1887. Il y décrit les villes et les sites "de cette plage baignée de rayons qui mérite notre baptême de Côte d’Azur[4]". Il eut l’idée de l'expression "Côte d'azur" par analogie avec le nom de son département natal, la Côte-d'Or.

Stéphen Liégeard est aussi l'auteur de discours, de préfaces et de poèmes isolés.

Œuvres

  • Souvenirs de quelques soirées d'été, Dijon, Loireau-Feuchot, 1852, 32 p. [Poèmes, premier recueil édité.]
  • De l'origine, de l'esprit et des cas d'application de la maxime Le partage est déclaratif de propriété ; Mémoire Couronné par la Faculté de Droit de Dijon, le 15 novembre 1854 dans la Séance solennelle de Rentrée, Dijon, Loireau-Feuchot, 1854, 123 p.
  • Les Abeilles d'or Chants impériaux, Paris, E. Dentu, 1859, XX-264 p. [Poèmes.]
  • Le Verger d'Isaure, Paris, Hachette, 1870, XXIII-234 p. [Poèmes.]
  • Le crime du 4 septembre, Bruxelles, J. Rozez, 1871, VIII-67 p. [Récit de la chute du Second Empire.]
  • Une visite aux Monts Maudits (ascension du Néthou), Paris, Hachette et Cie, 1872, 92 p. [Souvenirs de son ascension en septembre 1871.]
  • Trois ans à la Chambre, Paris, E. Dentu, 1873, XII-396 p. [Récit de son mandat de député.]
  • Vingt journées d'un touriste au pays de Luchon, Paris, Hachette et Cie, 1874, 556 p.
  • Livingstone, Paris, E. Dentu, 1876, 33 p. [Poème, ayant reçu une mention honorable de l'Académie française.]
  • À travers l'Engadine, la Valteline, le Tyrol du sud et les lacs de l'Italie supérieure, Paris, Hachette, 1877, VI-491 p.
  • Les Grands cœurs, Paris, Hachette et Cie, 1882, II-242 p. [Poèmes, couronnés par l'Académie française en 1894.]
  • Au caprice de la plume, Paris, Hachette, 1884, V-426 p.
  • La Côte d'azur, Paris, Maison Quantin, 1887, 430 p. [Prix Bordin décerné par l'Académie française en 1888.] Nouvelle édition : Paris, May et Motteroz, 1894, III-626 p.
  • Rêves et combats, Paris, Hachette, 1892, 243 p.
  • Les saisons et les mois, Paris, Ancienne Maison Quantin, [1899], 100 p. [Poèmes.]
  • Pages françaises, Paris, Hachette et Cie, 1902, VI-489 p.
  • Aimer ! Paris, Hachette, 1906, 209 p. [Poèmes.] Nouvelle édition : ‎Paris, J. Barreau, 1914, 223 p., avec 116 illustrations de Job.
  • Brins de laurier, Paris, Hachette et Cie, 1909, 170 p. [Poèmes.]
  • Rimes vengeresses, Paris, Hachette, 1916, 180 p. [Poèmes nationalistes.]

Liens internes

Bibliographie

  • Bernard Le Clère, Stéphen Liégeard (1830-1925) : Essai de réhabilitation du Sous-Préfet aux champs, Mémoire pour le diplôme d'Études Supérieures de Science Politique, Université de Paris, 1968, 193 f.
  • Dominique Escribe, La Côte d’Azur Genèse d’un mythe, Gilbert Vitaloni et le Conseil Général des Alpes Maritimes, 1988, 173 p.
  • Bertrand Fromentin (dir.) Albert Colombet, Aimé Thirard, Brochon : Promenade dans le monde des Liégeard A l'occasion des 100 ans du château, Dijon, ICO, 1998, 51 p.
  • Robert Bolnot, Brochon et la Famille Liegeard : un roman d’amour, Marsannay-la-Côte, S2E impressions, s. d., 55 f.

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Notes

  1. L'expression Riviera est toujours utilisée en Italie et par les Anglais.
  2. Henri Chabeuf, Notice biographique sur M. J.-B. Liégeard, Dijon, Damongeot et Cie, 1888, 32 p. L'église Saint-Jean de Dijon renferme les dalles funéraires de Jehan Liegeart et de Thiebault Liegeart, son fils, les ancêtres dijonnais des Liégeard.
  3. Le château de Brochon et son parc ont été légués à l'État et sont devenus le lycée Stéphen-Liégeard.
  4. Stéphen Liégeard, La Côte d'azur, Paris, Maison Quantin, 1887, p. 30.

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