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Syrie – L’enjeu a déjà changé : comment combattre les djihadistes ?

Actualités du droit - Gilles Devers, 16/09/2013

C’était à la Une de L’Orient-Le Jour le 12 juillet 2013 :...

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C’était à la Une de L’Orient-Le Jour le 12 juillet 2013 : « Le peuple anti-Bachar ne supporte plus les djihadistes ». Et le journal racontait déjà les terribles rivalités internes entre l’Armée syrienne libre, et les deux principales factions combattantes, le Front al-Nosra et l’État islamique en Irak et au Levant, repérés de longue date pour être dans la filière Al-Qaëda. A côté, et tout aussi rivaux, de très nombreux groupuscules djihadistes composés de combattants étrangers. L’Orient-Le Jour écrivait : « L’ASL, reconnue par une partie de la communauté internationale, reçoit des armes et de l’argent principalement des pays du Golfe tandis que les djihadistes vivent de dons de riches familles arabes. Dotés d’armes sophistiquées, aguerris au combat, ils ont acquis une influence qui dépasse leur nombre en remportant des victoires contre le régime ». Forts par les armes, ils ont pu croire à la victoire, mais dans une impasse politique, ils sont condamnés à perdre, et les contrecoups ne sont pas maîtrisables.

syrie

Alors chef de la CIA, le général David Petraeus, grand connaisseur des réseaux armés au Moyen Orient, était l’artisan de cette montée en puissance des groupes armés, les Etats-Unis jouant alors en lien avec le Qatar et l’Arabie Saoudite. Tous trois n’avaient que faire de El-Assad ou de la démocratie en Syrie. En revanche, ils étaient frères d’armes pour isoler et affaiblir le Hezbollah : ami de l’Iran, menace militaire pour Israël et défi pour l’Arabie Saoudite, ce pays si riche mais si faible où le pouvoir est confisqué par quelques familles. Ce n’est pas demain la veille qu’on dénoncera des trucages électoraux en Arabie Saoudite… (le grand allié de la France Socialiste). Le Hezbollah, mouvement arabe et musulman, chiite, enraciné dans la population et très fort dans la résistance palestinienne, est un épouvantail absolu pour les Saoudiens. 

Hier, le Daily Telegraph a publié une étude conduite par l'institut britannique de défense IHS Jane's, concluant que près de la moitié des forces rebelles en Syrie est constituée de djihadistes membres de groupes extrémistes. D’après ce travail, basé sur des entretiens avec des combattants rebelles et des infos des services de renseignement, seraient engagés dans le combat 100 000 rebelles, divisés en près de 1 000 groupes différents. On compte près de 45 000 combattants étrangers, dont 10 000 font partie de groupes liés à Al-Qaëda.

Charles Lister, qui a dirigé l’étude, écrit : « L'insurrection est maintenant dominée par des groupes qui ont au moins un point de vue islamiste sur le conflit. L'idée que ce sont plutôt des groupes laïcs qui dirigent l'opposition n'est juste pas confirmée. Si les Occidentaux apparaissent comme n'étant pas intéressés à faire tomber El-Assad, les islamistes modérés vont alors probablement basculer dans le camp des extrémistes ».

On retrouve le rôle majeur du Front Al-Nosra et l'Etat islamique en Irak et au Levant, dont Poutine rappelait dans sa tribune au New York Times qu’ils étaient reconnus comme des groupes terroristes aux Etats-Unis.

Les combattants djihadistes et leurs dirigeants ont vu comme tout le monde ce qui s’est passé : des engagements fracassants de frapper le régime d’El-Assad pour l’affaiblir au point d'inverser le rapport de forces,... puis une lamentable pantalonnade. La Russie a sauvé la mise d’Obama qui était lâché par le Congrès, et le régime syrien sort grand vainqueur d’une crise diplomatique qui impose au coup d’arrêt aux guerres interventionnistes.

Personne ne peut dire ce que sera la situation en Syrie dans un an, mais on sait que dans les jours et les semaines à venir, les oppositions au régime syrien vont être placées sous la plus forte des tensions, vivant le retournement US comme une trahison, avec une spirale qui encouragera mécaniquement les groupes les plus durs.

Ici, la Russie, très exposée dans le Caucase, et les Etats-Unis sont en phase, et le combat contre ces groupes est désormais leur préoccupation première. Tous les Etats redoutent le retour de ces combattants dans leur pays d’origine, alors que déjà, personne ne sait comment tenir les groupes qui, depuis les réseaux libyens, sillonnent toute l’Afrique du Nord.

Ces combattants ont d’ores et déjà perdu, et la suite sera terrible pour eux. Mais comment ces arabes musulmans ont-ils pu s’engager dans une action militaire en comptant sur le soutien d'Etats – Etats-Unis, Arabie Saoudite, France – qui n’ont d’autre politique que d’affaiblir la résistance palestinienne, la question majeure du Moyen-Orient depuis soixante ans ? Quel aveuglement… 


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