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Vincent Cassel, silence, on tourne !

Justice au Singulier - philippe.bilger, 18/06/2015

Mais n'incriminons pas que les politiques. La France a certes ceux qu'elle mérite et tous ne sont pas, loin de là, critiquables. Mais elle a aussi les citoyens de son état d'aujourd'hui et dont beaucoup n'aident pas au redressement d'une République aussi ressassée qu'elle est mal en point. Vincent Cassel a ajouté à l'édifice sa piètre et déplaisante petite pierre.

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Les acteurs ont certes le droit de penser, de parler et d'écrire.

Vincent Cassel (VC) est un artiste que j'apprécie, il a été extraordinaire, notamment dans les films sur Mesrine.

Mais quand les tournages ne l'occupent pas, il devrait faire silence.

Sa manière de traiter de la politique et ses propos de citoyen constituent, en effet, un tel mélange de mépris, d'indifférence et de banalité, le tout enrobé de satisfaction de soi, qu'on ne peut que lui conseiller de ne plus s'aventurer sur ce terrain même si son opinion, aussi plate qu'elle soit, sera célébrée comme si notre démocratie l'attendait (Le Point.fr).

Au sujet du FN, "je vois une bande de mecs grossiers, vulgaires, incultes, énervés"..."Je sais même pas comment les gens ont envie de voter pour ces gens-là".

Cette stupide et humiliante globalisation serait déjà intolérable de la part d'une personnalité brillante mais la suite nous démontre la qualité du "penseur" politique que VC prétend être.

"Pas une grande différence entre la gauche et la droite...J'ai l'impression que tout le monde travaille à peu près pour la même enseigne, à quelques détails près...Je n'ai pas l'impression qu'il y ait une gauche de gauche...On est un peu au centre de toute façon en France...La France est un vieux pays...moins frais que le Brésil...les Français ont plein de qualités...on a inventé la carte SIM, la pénicilline et la révolution française...Moi je dis toujours à l'étranger, on a coupé la tête au roi, les amis".

Ce tissu de niaiseries condescendantes ou basiques, à mon sens, devrait classer d'emblée celui qui les profère dans la catégorie des personnes à éviter mais VC, lui, sans en avoir conscience, pousse l'absurdité, ou la contradiction, jusqu'à un point où il s'accable lui-même. Il avoue ingénument "qu'il ne vote plus depuis longtemps...Le problème, c'est que j'aimerais bien voter pour quelqu'un et non contre un candidat...Je trouve qu'à ce jeu-là, on se fatigue".

Je sais bien que c'est Michel Denisot qui a eu l'idée dans "Conversation secrète" - guère secrète, à vrai dire - de questionner VC et de l'inviter à formuler ses bouleversantes billevesées sur la politique, le FN et la France. C'est l'une des tares de notre système médiatique que de ne s'attacher qu'à l'éclat et à la visibilité apparents sans se préoccuper une seconde de la substance ou du contenu. VC n'est convié à s'exprimer qu'en tant que tel sans avoir jamais dans son existence démontré autre chose que ses dons et facultés artistiques, et c'est déjà beaucoup.

Qu'on en arrive à monter en épingle les impressions médiocres d'un homme qui à la fois pourfend grossièrement et est sans légitimité pour le faire puisque son civisme, sorti des mots qui ne font plaisir qu'à une certaine classe politico-médiatique, est pratiquement réduit à rien, me paraît révélateur vraiment, pour le coup, d'une France à la superficialité tristement chronique.

J'ai la faiblesse de comparer ces célébrations vulgaires dans leur absence de discrimination avec les entretiens vidéos que je pratique depuis le mois de novembre 2013 et qui eux sont fondés sur l'inverse : c'est la qualité de la réflexion et la force de l'esprit et de l'être qui justifient les dialogues.

La politique échappe-t-elle à une exigence de vérité ? C'est l'un des sujets qui a été donné au baccalauréat en philosophie.

Pour plusieurs raisons, je répondrai affirmativement à cette interrogation. La principale étant que, si la politique n'y échappait pas, elle ne serait plus la politique et ne pourrait plus en permanence promettre ce qu'elle sait ne pas pouvoir tenir.

Mais n'incriminons pas que les politiques. La France a certes ceux qu'elle mérite et tous ne sont pas, loin de là, critiquables. Mais elle a aussi les citoyens de son état d'aujourd'hui et dont beaucoup n'aident pas au redressement d'une République aussi ressassée qu'elle est mal en point.

VC a ajouté à l'édifice sa piètre et déplaisante petite pierre.

Vite, qu'on l'appelle.

Vincent Cassel, silence, on tourne !


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