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Christiane Taubira craque sur le tard !

Justice au Singulier - philippe.bilger, 21/05/2015

Peut-être tout n'est-il pas joué ? Si c'est le cas, Christiane Taubira aura craqué malheureusement, mais sur le tard. Elle aura droit à un satisfecit seulement partiel. Dommage.

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La garde des Sceaux a tenu longtemps et pour un pouvoir qui, derrière l'affichage républicain, est sectaire et si peu rassembleur, il convient de la créditer du maintien à son poste du procureur général de Paris, François Falletti, qui sera à la retraite au mois de juin.

Je tiens pour rien l'escarmouche qui les a opposés au mois de janvier 2013 et qui n'a pas entraîné le départ de ce magistrat estimable. Il lui a suffi de manifester son refus pour qu'on en prenne acte et qu'il demeure. Le quinquennat de Nicolas Sarkozy, dans une situation semblable, n'aurait fait qu'une bouchée du récalcitrant !

Ce n'est pas dire non plus qu'elle a oublié de promouvoir ces membres si respectueux de l'état de droit à la Chancellerie - ces syndiqués de la gauche, voire de l'extrême gauche judiciaire, si tristement remarqués avec le Mur des cons - mais reste que dans les juridictions, la ministre de la Justice n'a pas tenté de procéder, pour la hiérarchie, à des bouleversements partisans.

Il faut lui rendre hommage sur ce plan comme, d'ailleurs, pour la courtoisie dont elle a su toujours faire preuve à l'égard de la magistrature dans son ensemble.

Mais ces bonnes dispositions semblent risquer d'être battues en brèche puisque Christine Taubira craque sur le tard.

En effet, pour le poste capital de procureur général près la cour d'appel de Paris, plusieurs candidats sont évidemment en lice parmi lesquels, directement ou indirectement, j'en connais au moins trois qui dans des registres différents sont remarquables : François Feltz, Robert Gelli et Xavier Ronsin.

Mais, si j'ai bien saisi, ils pâtissent du handicap grave d'être des hommes et d'exercer leur pratique professionnelle à Paris ou à Bordeaux.

Puisque les gens bien informés considèrent que la garde des Sceaux a une favorite pour cette fonction : Catherine Champrenault, qui a été notamment procureur de la République à Avignon avant d'assumer des responsabilités, depuis un peu plus de trois ans, comme procureur général à la cour d'appel de Basse-Terre en Guadeloupe.

Quand elle officiait à Avignon, j'ai relevé ces paroles qui manifestent bien sa tonalité judiciaire dominante : "Procureur de la République, un rôle exigeant mais passionnant car on participe à la régulation sociale. Mon travail n'est pas seulement de requérir des peines mais de travailler "l'humain" (sic) et l'aider à retrouver le droit chemin".

On nous indique par ailleurs qu'elle est compétente et estimée mais je n'ai jamais lu, de la part de Franck Johannès, autre chose que ce type d'appréciations sur des magistrats à la sensibilité de gauche (Le Monde).

Surtout le garde des sceaux tient, paraît-il, à ce qu'une femme occupe ce très haut poste à Paris. Je ne suis pas persuadé que ce désir soit de nature, s'il est exaucé, à conforter la légitimité de cette professionnelle, tant il est décalé par rapport à la seule obligation qui vaille : faire nommer le meilleur pour cette charge prestigieuse.

On nous ressasse la phrase de Françoise Giroud sur l'égalité des sexes : elle serait réalisée quand une femme médiocre sera nommée à un poste important ! Soit mais même pour complaire au féminisme militant, il ne faudrait pas en abuser !

En l'occurrence, Catherine Champrenault ne l'est pas mais je doute cependant qu'elle soit plus accordée, avec sa carrière, à ce qu'on attend d'un procureur général à Paris que les trois hommes évoqués plus haut.

Une conception intégriste de la parité a déjà eu des effets dévastateurs avec la nomination de certains ministres depuis 2012.

Faut-il à tout prix continuer dans cette voie et préférer une femme dont ce sera le seul avantage par rapport à des hommes indiscutablement mieux armés et préparés ?

Certes la Guadeloupe, pour Christiane Taubira, doit avoir un parfum exotique qui la pousse à en imprégner ses choix les plus lourds de conséquences mais les hommes de métropole n'ont pas à s'excuser de n'être que ce qu'ils sont et de résider là où ils travaillent.

Peut-être tout n'est-il pas joué ?

Si c'est le cas, Christiane Taubira aura craqué malheureusement, mais sur le tard.

Elle aura droit à un satisfecit seulement partiel. Dommage.


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