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Collobrières : Quelle force contre le crime ?

Actualités du droit - Gilles Devers, 18/06/2012

A Collobrières, dans la nuit de dimanche à lundi, le crime s’est exprimé...

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A Collobrières, dans la nuit de dimanche à lundi, le crime s’est exprimé avec une force rare. Deux gendarmes sont appelées pour un différend somme toute banal : quelques minutes plus tard, les deux gendarmes ont été tuées. Aucune situation n’est simple pour ces métiers, mais ici, l’irruption si soudaine de cette violence absolue est bouleversante.

Aujourd’hui, peut-être demain, sera ouverte une information judiciaire, confiée à un juge d’instruction, qui va entreprendre un long travail pour connaître et expliquer ces quelques minutes de feu. Hier le procureur de la République de Toulon, Xavier Tarabeux, s’est suffisamment expliqué pour qu’on puisse parler de l’affaire.

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Il est difficile de parler ainsi de Collobrières aujourd’hui, mais c’est pour moi l’un des plus beaux endroits de France. Le Haut Var, cette Provence maritime, avec ses forêts de chênes-lièges, de pins et de châtaigniers qui couvrent le cœur du massif des Maures, et un paysage qui change tout au long de la seule route, celle qui relie Pierrefeu et Grimaud. Enchantement à chaque virage. Et perdu dans cette nature voluptueuse, voici Collobrières, la capitale des Maures, câlée au frais contre une petite rivière, la Verne. Un petit village de 2000 âmes, et une invitation à se promener entre les ruelles et les places.

L’une des deux gendarmes était d’ailleurs installée à Collobrières. Cette adjudante de 29 ans était dimanche soir en patrouille avec une autre femme, maréchale des logis chef, 35 ans, mère de deux enfants.

Elles ont été appelées pour un différend. Une habitante du village a été victime d’un cambriolage, à l’occasion duquel lui a été volé son sac, et une personne l’informe dans la soirée avoir vu ce sac au bras d’une autre femme. Le mari décide alors d’en parler en direct et se rend au domicile de ce couple. C’est la compagne qui ouvre la porte, et le ton monte très vite. S’en suit un pugilat, et la gendarmerie est appelée.

Vers 22h 15, un appel vient à la gendarmerie, et deux femmes gendarmes de la brigade de Pierrefeu-du-Var, qui sont sur le secteur. Cet appel, c'est déjà la fin.

Les deux gendarmes arrivent très vite, et c’est alors un déferlement de violence. On bascule dans une autre monde.

Tout commence dans la maison, et très vite ce sont les violences assénées à la gendarme mère de famille. Le procureur parle de griffures au visage de l'agresseur attestant que la gendarme s'est défendue, mais celle-ci ne peut rien.  L’agresseur est décrit comme un costaud de 30 ans, faisant 1,80 m et 90 kg. Il frappe violement la jeune femme à la tête, la roue de coups de pied, lui prend son arme de service, alimentée par une dizaine de munitions, et tire plusieurs balles, trois au quatre, à quelques mètres de distance, en pleine tête.   

La deuxième gendarme, la plus jeune, quitte la maison précipitamment pour se protéger, mais l’agresseur la poursuit dans la rue, et la tue de plusieurs balles tirées dans le dos.

Il prend la fuite à pied avec sa concubine, et sera arrêté vers 3 heures du matin, à proximité du village.

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Dans les annales de la gendarmerie, c’est la première fois que deux femmes sont tuées dans une même opération. On imagine l’émotion, vécue en silence, car les gendarmes, militaires, ne peuvent se regrouper en syndicat.    

L'homme de 30 ans a déjà été condamné par le passé pour des affaires de stupéfiants et de vols avec violences. Il était sorti de prison en septembre 2011, après six ans d'incarcération, a précisé le procureur. La semaine dernière, il avait été condamné à une peine de sursis avec mise à l'épreuve pour violences commises sur sa mère. Selon le procureur, « il n'explique pas les raisons précises pour lesquelles il a agi ». L’alcoolémie établie lors de l’arrestation laisse apparaitre un taux, mais assez faible.

A la sortie de ses six ans de prison, ce jeune maçon avait choisi de refaire sa vie à Collobrières, où semble-t-il, vivait déjà une de ses tantes. Les habitants de la commune racontent aux radios comment ils avaient été surpris de voir une personne raconter aussi tranquillement qu’il sortait de La Farlède. Il est dit aussi qu’il était un peu accro aux jeux. Mais, pour le moment, pas grand-chose de plus.

Pour les premiers faits, la qualification est celle du meurtre, l’intention coupable se caractérisant au moment de l’acte, alors que pour les seconds, il s’agit d’assassinat, car il y a eu préméditation : la gendarme fuyait pour se protéger, et l’agresseur l’a poursuivie pour l’abattre.

La question de la légitime défense ne se pose pas, car aucune des deux gendarmes n’a été en mesure de l’exercer : la première assommée et jetée au sol ne pouvait répliquer, et la seconde a été abattue alors qu’elle cherchait un abri pour se protéger.

Voilà comment deux vies prennent fin, sans aucune raison, seulement par la force du crime. Seule la qualité de la justice peut répondre.

Et pour les deux petites filles qui pleurent leur mère, comment trouver les mots... Seulement pour  leur dire ma confiance qu'elles trouveront autour d'elles, bien des personnes pour les aider à affronter et dépasser l'irréparable perte.

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