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Le Tour de France : des Poulidor partout !

Justice au Singulier - philippe.bilger, 26/07/2019

Raymond Poulidor, sur le tard, a enfin gagné contre Jacques Anquetil.

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Ce Tour de France est unique.

Il n'est pas terminé et bien malin qui pourrait prévoir le vainqueur, français ou étranger, ce dimanche 28 juillet.

Mais sa nouveauté saute aux yeux de tous ceux qui sur le bord des routes et dans les cols applaudissent les coureurs, de la multitude de téléspectateurs qui ne manqueraient pour rien au monde ses péripéties quotidiennes qui tiennent en haleine.

Certes on est obligé de subir les supputations et pronostics constants d'un Laurent Jalabert qui à chaque coup de pédale nous annonce un gagnant différent (France 2).

Mais peu importe au fond. L'essentiel est que nous sommes passés, avec cette compétition cycliste indépassable dans le monde, de l'autocratie à la démocratie.

Fini le temps des dominateurs dopés ou non, Lance Armstrong ou Christopher Froome, pour ne parler que des plus récents, sans oublier les Merkcx ou Anquetil il y a des années.

On a quitté les surhommes pour retrouver la terre des hommes.

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D'une certaine manière, l'affection incroyable que le peuple français éprouvait pour le sympathique, talentueux et souvent malheureux Raymond Poulidor a fait des petits. Aujourd'hui cette course ne nous met en présence d'aucune personnalité exceptionnelle, d'aucun monstre qui écraserait la concurrence. Quelques-uns ont leur chance, les écarts sont faibles et on ne peut qu'espérer pour notre vaillant et généreux maillot jaune Français Julian Alaphilippe, puisque Thibaut Pinot a malheureusement dû abandonner ; mais il y a aussi Egan Bernal ou Geraint Thomas.

On est revenu parce que plus rien n'est inscrit par avance et que la glorieuse incertitude du sport magnifie chaque jour.

J'irais même jusqu'à dire, contre tous les pessimistes compulsifs et les oiseaux de mauvais augure, qu'on n'est plus sûr du dopage.

J'aurais dû me sentir mal à l'aise, moi qui ai toujours adoré les triomphateurs quasiment inéluctables, Hinault ou Merckx, et, dans d'autres disciplines, Schumacher par exemple.

Mais non. Je me découvre, en regardant ce Tour quand il monte, une dilection pour la démocratie. Il n'y a plus d'idoles, juste des champions à hauteur d'homme.

Raymond Poulidor, sur le tard, a enfin gagné contre Jacques Anquetil.


(Actualisation : au sommet de l'Iseran, Alaphilippe a perdu son maillot jaune au profit de Bernal et la course a été neutralisée à cause de la grêle. Les écarts seront ceux relevés au sommet).


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