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Quel compromis pour l’Ukraine ?

Actualités du droit - Gilles Devers, 2/12/2013

Ce soir, il est bien difficile de savoir quelle est réellement la situation...

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Ce soir, il est bien difficile de savoir quelle est réellement la situation à Kiev, mais il ne fait pas de doute que se joue une partie décisive pour l’avenir de l’Ukraine. Les images montrent de grandes manifs, et la prise d’assaut de la mairie par les opposants. Mais, aussi spectaculaire que soit cette prise, la mairie n’est pas un centre du pouvoir, et le régime en place dispose d’un fort soutien dans une opinion publique divisée. Surtout, les lignes de forces dépendent d'abord des enjeux internationaux.

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L’Union européenne est-elle suffisamment diplomate ? Pour signer ce 28 novembre, l’accord d’association et de partenariat entre l’UE et cinq anciennes républiques soviétiques - l’Arménie, l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Moldavie, l’Ukraine - le lieu choisi était Vilnius, capitale de la Lituanie, qui préside actuellement l’Union européenne. Pas forcément très judicieux, alors que se joue l’avenir de la zone d’influence de la Russie…

L’Arménie avait déjà dit non, rejoignant la Communauté des Etats indépendants, une zone de libre-échange constituée autour de la Russie, de la Biélorussie et du Kazakhstan,… et qui aurait triste mine sans l’Ukraine.

Car l’Ukraine, c’est un sacré morceau. Les pays baltes se sont bien éloignés de la Russie, mais sur la zone de frontière avec l’Europe, restent la Biélorussie, bien arrimée à Moscou, et l’Ukraine, ce grand pays de 45 millions d’habitants, si lié à l’histoire russe… mais qui a tant de liens avec la Hongrie, la Roumanie ou la Pologne. Ce n’est pas un terrain pour des ruptures, mais pour des compromis.

Après, la «révolution orange» de 2004, la barre a été dans le camp pro-occidental, avec les victoires de Viktor Iouchtchenko et de Ioulia Timochenko, puis dans le camp pro-russe en 2010, avec Viktor Ianoukovitch.

De fait, le pays est divisé car les arguments sont, de part et d’autre, aussi forts qu’imparfaits : ouverture au grand marché européen, ce qui est loin d’être simple pour une Ukraine en bien mauvaise santé, ou fidélité russe, décisive notamment pour l’approvisionnement en gaz.

L’Ukraine est dans une très mauvaise passe, avec une économie déstructurée et un endettement élevé, qui se gère à court terme. L’Union européenne comptait sur l’appât que constitue le marché européen, et en imposant tout un programme de réformes, elle n’offrait en contrepartie que 610 millions d’euros,… quand la Russie en était à dix milliards, ajoutant la garantie énergétique et une tradition slave venue de la grande histoire. Et en plus, l’Union européenne a cru devoir ajouter l’obligation pour Kiev de libérer Ioulia Timochenko, injustement condamnée certes, mais dont l'action politique n'a pas toujours été limpide...

L’Ukraine a dit non l’Union européenne, un désaveu.

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Les manifestations qui duraient depuis quelques jours se sont radicalisées hier soir, mais comment pourrait-il en sortir une force politique capable de prendre le pouvoir ?

Il faudra suivre de près l’évolution de la situation, mais attention aux déceptions pour les nostalgiques de la « révolution orange » : cette fois-ci, il y a tout lieu de penser que les Etats-Unis ne broncheront pas une oreille.

Le recul des Etats-Unis sur toute la zone du Moyen-Orient joue comme une passation de pouvoir, et il est hors de question de chagriner la Russie. Un petit détail qui semble sous-estimé par les dirigeants européens, encore bien intoxiqués par la doctrine Bush. 


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