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Avant le début de la fin...

Justice au singulier - philippe.bilger, 19/04/2012

Si la gauche gagne l'élection présidentielle le 6 mai, qu'elle n'oublie pas les ascenseurs qui manquent et l'insécurité que la police devrait pouvoir combattre au nom d'une société, je l'espère réconciliée et solidaire.

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Avant le début, le 22 avril, de la fin du suspense présidentiel, on peut être tenté d'aller dans la France des profondeurs, au coeur de pratiques, de misères et de refus qui signifient beaucoup sur l'état de notre pays.

En Seine-Saint-Denis il y a plusieurs semaines, comme à Paris aujourd'hui (Le Parisien), des ascenseurs demeurent en panne dans des immeubles délaissés, de sorte que des personnes âgées vivant dans les plus hauts étages sont condamnées à ne plus pouvoir quitter leur modeste logement. Rien n'y fait. Faute de moyens, il y a des lieux abandonnés. Les appels au secours ne servent à rien, les protestations encore moins. S'accomplissent ainsi dans le silence et l'indifférence des désastres quotidiens. L'Etat, les communes, les instances sociales ne sont pas ignorants de ces délitements mais il y a vraisemblablement un moment où il est plus difficile de restaurer l'ordre et le bon fonctionnement des choses qu'insupportable de devoir considérer leur dégradation. Mais ces gens, ces pauvres femmes, qui n'ont que leur résignation ou leur dénuement pour convaincre, on en fait quoi ?

Trois malfaiteurs à la porte d'établissements de soins surveillaient les personnes âgées qui en sortaient afin éventuellement de les dépouiller. Des fonctionnaires de police avaient remarqué leur manège dans le quartier de Belleville. Le trio suivait ainsi un couple de retraités et sur le quai du métro Couronnes il arrachait le collier en or de la femme âgée de 74 ans. Les policiers se lançaient à la poursuite des voleurs. Ils parvenaient à interpeller deux Tunisiens et un Palestinien en situation irrégulière.

Cette anecdote ne constituerait qu'un épisode de plus dans la série des transgressions commises chaque jour à Paris si honteusement quelques voyageurs hostiles aux forces de l'ordre n'étaient pas intervenus pour soutenir ces tristes sires déférés depuis en comparution immédiate (Le Parisien).

Dans quelle société vit-on où personne ne s'indigne plus de rien ? Où des détrousseurs de victimes particulièrement vulnérables, au lieu de susciter la révolte morale et l'assistance civique, ne sont pas loin de trouver un soutien auprès de quelques individus dévoyés ? Où la police, au lieu d'être aidée et encouragée, est entravée ? Où on regarde sans s'émouvoir, ici ou là, le lent et terrible délabrement d'un mode de vie quotidien qui affecte les plus faibles et les plus misérables ?

Si la gauche gagne l'élection présidentielle le 6 mai, qu'elle n'oublie pas les ascenseurs qui manquent et l'insécurité que la police devrait pouvoir combattre au nom d'une société, je l'espère réconciliée et solidaire.


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