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Constance humoriste, vraiment ?

Justice au Singulier - philippe.bilger, 29/08/2018

s'étonner que bêtes ou pervers se sentent presque justifiés ? La cause des femmes, c'est tout le temps et par toutes.

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Il y a des hasards agaçants.

Je viens de participer à L'heure des pros sur CNews et cette émission de libre expression n'a rien perdu en s'étant reposée durant quelques semaines.

France Inter est mis à l'honneur non pas pour avoir accueilli la démission en direct, et dans une totale surprise, de Nicolas Hulot mais à cause d'une humoriste, Constance, qui a terminé sa séquence (drôle ?) les seins nus. Moment sobrement appelé : Parlons balcon, parlons nichons...

Je sais que je suis allergique à un certain humour. Je suis conscient de ma lourdeur et de ma gravité tombant parfois dans l'ennuyeux. Je ne suis pas prude mais je déteste la salacité obligatoire et mécanique. J'adore les audaces de l'intimité, pas les postures ostensibles et indiscrètes de soi. Je cultive une nostalgie réactionnaire pour les spirituels d'antan qui jouaient avec le langage et dont les traits ne clivaient pas entre gauche et droite mais rassemblaient dans un consensus d'humanité et d'intelligence qui n'excluait pas la charge. Je ne nie pas mon côté ronchon qui n'est pas en permanence emballé par l'époque et ses déjections. Je pourrais évidemment trouver un autre sujet et ne pas faire un sort à cette malheureuse Constance qui vient de se faire une réputation parce qu'elle a dévoilé sa poitrine dans une émission. Je suis persuadé qu'une majorité éprise d'incongruités va applaudir cette audace et se réjouir que l'ADN de France Inter soit décidément toujours aussi délicieusement provocateur.

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je n'aurais pas eu envie d'écrire ce post, à vrai dire, si dans cette séquence nous n'avions pas été confrontés, au prétexte de l'humour (j'y suis, je le répète, demeuré insensible mais d'autres ont pu rire), aux deux mamelles - aucune raison de ne pas poursuivre la métaphore ! - du rire français actuel. Le catholicisme et Jésus-Christ d'un côté et le sexe gras de l'autre.

A écouter, il n'y a que cela. L'inspiration est terriblement pauvre. Marine Le Pen est en déclin, Trump sert beaucoup mais il s'en fiche et le pape finit par lasser à force de se prendre pour un homme politique.

Si le catholicisme ne tendait pas l'autre joue à ces histrions et si les femmes, pour soutenir leur combat, ne visaient pas que les hommes, l'humour médiatique serait en chute libre.

En effet, dans les propos et la gestuelle de l'humoriste Constance, sont réunies la dérision grossière et rigolarde sur les martyrs chrétiens et Jésus-Christ et la vulgarité d'une exhibition totalement inopportune. Et dire qu'elle s'imagine dénoncer ainsi "les puritains moralisateurs" ! Le sein porte-drapeau en quelque sorte !

Et c'est cela qui ferait le progressisme de l'esprit, la vigueur du langage, la saillie percutante et la reconnaissance incontestable du talent ? La qualité d'une prestation ?

De quoi au contraire à nous faire adorer le puritanisme qui est trop souvent la manière dont le laxisme et les facilités d'aujourd'hui qualifient la belle tenue d'hier.

Il faut croire que je suis décalé, dépassé.

Dois-je à tout prix me mettre au goût du jour et me sentir fier d'appartenir, quoi que j'en aie, à une modernité aussi pétillante et reluisante qui a besoin d'exhiber ses seins nus pour faire oublier qu'elle n'a plus grand-chose à murmurer dans l'oreille des citoyens et des auditeurs ?

Sans tomber artificiellement dans le tragique, il y a plus grave que ma petite indignation. Je me demande - ce n'est qu'une interrogation, rien de certain ni de péremptoire - si cette manière d'appréhender le réel, avec toujours les mêmes cibles et les mêmes sarcasmes, et de banaliser la nudité sur un mode grotesque n'est pas au fond une incitation à des transgressions dont les femmes se plaignent légitimement.

Quand une femme humoriste ne se met pas à l'honneur, vulgarise sa poitrine, faut-il s'étonner que bêtes ou vicieux se sentent presque justifiés ?

La cause des femmes, c'est tout le temps et par toutes.


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