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Christiane Taubira en démonstration

Justice au singulier - philippe.bilger, 6/09/2013

Quel talent, quel verbe, quel culot mais que d'encens déversé sur soi ! On aurait dit, tout au long de la soirée, un Mélenchon gracieux.

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Je sais, je parle trop d'elle et mes billets ne l'oublient pas assez souvent. Mais elle est au coeur de l'actualité nationale et, à mon sens, le vecteur d'un grave péril judiciaire pour notre pays.

Je n'ai pas été rassuré par la prestation de la ministre à Des paroles et Des actes sur France 2, avec une audience réduite.

Quelques impressions d'un citoyen et téléspectateur attentif.

Un magnifique sourire qui surgissait parfois comme une offrande ou une excuse.

Un incomparable talent pour l'oralité, d'autant plus remarqué qu'il s'exerce au sein d'une classe politique et face à un monde médiatique qui ne brillent pas, droite et gauche confondues, la plupart des animateurs compris, par une parole de liberté, d'improvisation et de qualité à la fois.

Non pas seulement de l'orgueil mais une étonnante vanité, presque constante dans l'affirmation de soi, extériorisée avec une sorte d'ingénuité, d'évidence comme s'il était inconcevable qu'elle n'accompagnât pas le personnage. Christiane Taubira est démesurément Taubira et sans cesse elle nous le fait savoir.

Faible sur le plan technique comme si elle avait du mal à justifier son propre projet et que son embarras verbal si rare dans la clarté et l'exposition était le signe manifeste de la faiblesse du fond et du peu de pertinence de la substance.

Décente et digne, avec une tactique de fuite, après avoir entendu l'implacable et émouvant réquisitoire d'une mère de victime.

Désinvolte, autoritaire, séductrice, dominatrice, impériale et impérieuse à l'égard des quelques journalistes qui s'imaginaient avoir droit à des réponses, elle les a, sur tous les modes et avec tous les registres, renvoyés dans une insignifiance et une médiocrité dont dignes de ce nom, ils n'auraient jamais dû tolérer l'accusation.

En face de Christian Estrosi qui a été bien meilleur que les condescendants de partout l'imaginaient, elle ne s'est pas fatiguée, se contentant de quelques piques indélicates sur son contradicteur et noyant dans des généralités plus poétiques qu'argumentées le propos structuré et convaincant qu'on attendait d'elle. Sans doute impossible à communiquer, tant son actif et son action sont étiques.

Toujours en démonstration, facilement, à chaque instant, en position de force, tant on ne l'a jamais contrainte à entrer dans les détails et à répliquer plus profondément à ceux qui la taxent de noble et d'honorable laxiste, de dogmatique du coeur et d'illusionniste lançant sa poudre à l'esprit, elle a crevé l'écran mais cette victoire n'est pas de celles qui comptent parce qu'elle "a vaincu sans péril et donc triomphé sans gloire".

On a permis à Christiane Taubira d'opérer en roue libre et de se promouvoir mais le garde des Sceaux a été laissé tranquille. Son art s'est substitué à son bilan au demeurant infiniment mince.

Quel talent, quel verbe, quel culot mais que d'encens déversé sur soi !

On aurait dit, tout au long de la soirée, un Mélenchon gracieux.


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