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La médiocrité, c’est maintenant ?

Actualités du droit - Gilles Devers, 15/06/2012

Quand on cherche Merkel, on la trouve. Hollande, accusé de médiocrité,...

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felicitations-mediocrite_imagemoyenne.jpgQuand on cherche Merkel, on la trouve. Hollande, accusé de médiocrité, vient de se prendre une chasse peu banale. Ambiance…

La petite musique de Hollande sur la croissance a toujours bien agacé Merkel qui rappelle, sans risque d’être démentie, que l’Allemagne est, avec la Suède, le seul pays à connaître une économie en croissance. Donc, « faites comme nous au lieu de nous faire la leçon… »

Mais Merkel sait très bien ce que sont les nécessités de la campagne électorale pour Hollande, comme elle sait très bien que le gouvernement attend l’audit de la Cour de Comptes pour  la fin juin, audit qui permettra de nourrir un discours du genre : « La situation économique est plus dégradée que nous ne le pensions, et il faut revoir notre action dans le sens de la rigueur pour faire face à cet héritage ». On remballera le programme de la campagne, et on commencera à travailler sérieusement.  

Alors pourquoi cette sortie d’Angela Merkel, d’abord au Bundestag, puis hier lors du congrès de la fédération des entreprises familiales, où elle a cartonné les propositions françaises, avant d’être saluée par une standing ovation ? 600_____couv%20eloge%20medsite_829.jpg

D’abord, voici les points forts de son discours. Appréciez le ton,… loin des usages diplomatiques.

« Il faut s'attaquer aux racines de la crise, à savoir l'endettement et les écarts de compétitivité. Il y a un faux débat qui est apparu, opposant la croissance et la rigueur budgétaire. C'est n'importe quoi d'opposer ces concepts »

« L’Allemagne ne se laissera pas convaincre par des solutions rapides comme les euro-obligations ou l'introduction d'un fonds commun de garanties bancaires en Europe.

« Le danger des propositions précipitées de mutualisation de la dette est d'occulter les divergences de puissance économique en nivellant les taux d'emprunt des États. Celui qui occulte cela finit dans la médiocrité. Et la médiocrité ne doit pas devenir l'étalon en zone euro »

« Il n'y aura pas de bonne union économique et monétaire sans union politique. Je ne peux pas vouloir des euro-obligations et refuser tout contrôle sur les budgets nationaux ».

Avant d’appeler tous les pays « à faire des efforts et à ne pas céder à la facilité et à la médiocrité », elle a glissé une piste de travail pour Hollande à la recherche de la croissance, rappelant « l’évolution du coût du travial » entre l’Allemagne et la France.

Petite remarque au passage : en France, l'UMP est autocentrée sur la recherche de ses valeurs, à côté de celles du FN, et inversement, dans un post-adolescent je t'aime moi non plus, et c'est d'Allemagne que viennent les critiques les plus acérées de la politique de Hollande. Fin de la parenthèse.

Alors pourquoi cette sortie ?

Merkel pouvait avoir en tête les critiques de Ayrault, dénonçant des « formules simplistes », ou de Montebourg  stigmatisant « l'aveuglement idéologique » de la chancelière. Pas malin, mais ça ne suffit pas. mediocre03.jpg

C’est surtout le peu jeu d’Hollande consistant à chercher des alliés pour la contrer qui lui a fait siffler la fin de la récréation.

Il y a eu hier la visite d’Hollande à Monti, entretien tout orienté vers la nécessité d’apporter une plus grande attention à la croissance, avec « l’émission commune de titres », allusion aux euro-obligations. Hollande peut bien rencontrer les chefs d’Etat qu’il veut, mais il n’est pas compliqué pour Merkel de décrypter cette manœuvre de contournement, et de dénoncer un manque de confiance.

Mais l’étincelle a été la réception donnée à L’Elysée aux principaux dirigeants du SPD - Sigmar Gabriel, président du SPD, Frank-Walter Steinmeier, patron du groupe parlementaire SPD au Bundestag, et Peer Steinbrück, ancien ministre SPD des Finances de l'actuelle chancelière au sein de la grande coalition. Recevoir l’opposition allemande à l’Elysée, c’est un sacré problème, car chacun comprend qu’Hollande mise sur la défaite de Merkel lors des élections de 2013. D'où le coup de bâton de Mamy Merkel.

Hollande s’était engagé à renégocier le Pacte européen de stabilité pour y inclure une politique de relance économique. Alors, aujourd’hui, après la sortie de Merkel, on peut faire les paris.  

Pour ma part, je ne vois aucune renégociation, des plans de rigueur qui vont se succéder et au mieux une belle déclaration d’intention qui ne vaudra pas un rond.

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