Actions sur le document

Tel père, telle fille ?

Justice au singulier - philippe.bilger, 1/02/2012

Si elle n'est pas au second tour, ce ne sera pas à cause du bal de Vienne ni des différends politiques avec son père, comme pour les retraites (Le Figaro). Parce qu'elle est encore trop encombrée de Jean-Marie en n'affirmant être que Marine.

Lire l'article...

Contrairement à BHL, je ne crois pas que Marine Le Pen ait ruiné toutes ses chances de pouvoir figurer au second tour de l'élection présidentielle. Parce qu'elle a participé au bal de l'extrême droite européenne à Vienne où elle était invitée. A cette "saloperie" pour BHL (lepoint.fr).

Daniel Cohn-Bendit, avec son bon sens brutal et sans fard, a dit qu'elle avait bien le droit de rejoindre "ses déglingués fascistes" qui lui étaient évidemment plus familiers que les Verts.

Pourquoi tout de même est-elle allée là-bas, non pas au risque de briser net l'élan du FN mais de dégrader l'image nouvelle qu'elle cherchait à lui donner, pour ceux qui croyaient du moins sur ce plan à sa sincérité ?

Alors qu'elle avait qualifié l'Holocauste de "summum de la barbarie et d'abomination", qu'elle semblait être sortie des obsessions paternelles, elle n'hésite pas à participer à un bal dont la tonalité dominante est nauséabonde et antisémite. Le jour où on commémore les 67 ans de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz.

Jean-Luc Mélenchon déclare qu'elle est "une imbécile" et qu'elle est incompétente. C'est sans doute un peu court.

Jean-Marie Le Pen, faisant référence au compositeur Strauss, éprouve le besoin parfaitement stupide d'ajouter : "Strauss sans Kahn". Cette saillie, tout en étant dérisoire, est peut-être beaucoup plus signifiante que quelques autres qui lui ont été reprochées. Il ne peut pas s'empêcher de mettre "le juif" partout par une sorte de radotage qui lui vient naturellement à la bouche, un réflexe, un tic. Le fait que cette dernière année on ait beaucoup parlé de DSK n'est pas de nature à justifier, en l'occurrence, ce besoin de jouer sur les noms, sur les mots, toujours dans le même sens monomaniaque.

Le père éprouve le désir profond d'entraver sa fille et celle-ci, écartelée entre la fidélité au père et son réalisme politique, succombe encore à cause de la première au lieu de privilégier le second. Elle tombe du côté du passé quand la modernité lui serait plus naturelle. C'est Vienne alors qu'à cause d'Auschwitz elle aurait dû s'en dispenser et ainsi donner du prix à sa condamnation de l'Holocauste. C'est comme si elle ne parvenait jamais à aller au bout de la morale qu'elle exprime parce que le père est présent et pèse sur elle. Elle veut garder un peu de Le Pen dans le FN au lieu de n'en faire qu'à sa tête à elle dont la stratégie n'est pas si calamiteuse apparemment pour son parti. Profitant de tout, elle engrange partout.

Si elle n'est pas au second tour, ce ne sera pas à cause du bal de Vienne ni des différends politiques avec son père, comme pour les retraites (Le Figaro).

Parce qu'elle est encore trop encombrée de Jean-Marie en n'affirmant être que Marine.


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...