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Inde : La grande marche pour la Justice

Actualités du droit - Gilles Devers, 10/10/2012

Développement économique vs vie des agriculteurs. L’Inde vit, de manière...

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Développement économique vs vie des agriculteurs. L’Inde vit, de manière cruciale, cette contradiction, et la société se rebelle. Un redoutable défi pour le gouvernement… cette rébellion est pacifique.

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Cette manifestation, c’est grande marche organisée à travers l’Inde, partant de Gwalior dans le centre, pour rejoindre New Dehli, quatre semaines plus tard. Ils sont plusieurs dizaines de milliers au départ, et seront peut être plus de 100 000 à l’arrivée. L’initiative vient du mouvement Ekta Parishad, qui milite pour les droits des Indiens sans-terre, et deux mille autres organisations indiennes ont rejoint cette initiative. La grande référence, c’est la « marche du sel », conduite par Gandhi en 1930 pour l’indépendance de l’Inde. Cette marche s’appelle Jan Satyagraha, soit « la force de vérité du peuple ».

L’enjeu, c’est la terre, et les moyens de subsistance pour une société qui compte 73% d’agriculteurs. Les marcheurs défendent les grands principes de l’agriculture nourricière, qui font consensus pendant les réunions de l’ONU, mais qui deviennent des chimères sur le terrain, face aux appétits des groupes industriels et aux mirages de la croissance.

Ekta Parishad dénonce la politique du Gouvernement qui force la population rurale à quitter ses terres au nom de l’industrie minière et du développement des infrastructures. « Nous demandons que les terres agricoles soit utilisées exclusivement pour l'agriculture et nous voulons une politique de réformes agraires, qui n'existe pas actuellement », explique Aneesh Thillenkery, un porte-parole des marcheurs.  

Dans le même temps, le marché indien s’ouvre aux grands investisseurs de l’agroalimentaire, qui engagent une concurrence destructive avec les agriculteurs familiaux.

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Compliqué ? On ne sait pas comment s’y prendre ?

Alors je propose une chose simple : prendre pour référence la résolution de l’Assemblée générale de l’ONU 66/220 du 22 décembre 2011 sur le développement agricole et sécurité alimentaire. L’AG ONU valide un ensemble de références internationales, développe ses conceptions actuelles et souligne la responsabilité des entreprises pour respecter les droits fondamentaux.

Soulignant « l’importance et le rôle constructif que jouent les petits exploitants agricoles, dont les femmes, et les coopératives et communautés autochtones et locales dans les pays en développement, avec leurs savoirs et leurs pratiques, pour préserver et utiliser de façon viable les cultures traditionnelles et la biodiversité pour les générations actuelles et futures et pour contribuer grandement à la sécurité alimentaire, ainsi qu’en tant qu’instruments de réalisation des objectifs de développement dans des domaines tels que la politique de l’emploi, l’intégration sociale, le développement régional et rural, l’agriculture et la protection de l’environnement », l’Assemblée prend de bien beaux engagements.

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« 3. Réaffirme que les questions de développement agricole et de sécurité alimentaire doivent être traitées d’urgence et de façon appropriée dans le cadre des politiques nationales, régionales et internationales de développement, compte tenu de l’importance qu’il y a à renforcer les synergies entre les politiques relatives à l’agriculture durable, à la diversité biologique, à la sécurité alimentaire, à la nutrition et au développement ;

« 21. Réaffirme la nécessité de prendre des mesures de prévention et d’atténuation en faveur des pauvres et des petits exploitants agricoles, en particulier les femmes, des pays en développement, qui soient adaptées au contexte national et à la situation des intéressés et tiennent compte de leurs capacités, en particulier lorsqu’une instabilité excessive des prix des produits alimentaires fausse les marchés et l’accès à ceux-ci à court, à moyen et à long terme, et ce, dans le cadre des politiques locales, nationales, régionales et internationales de développement, compte tenu des règles et dispositions de l’Organisation mondiale du commerce ;

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« 23. Est consciente que les petits exploitants agricoles des pays en développement, y compris les femmes, et les communautés locales et autochtones, jouent un rôle important lorsqu’il s’agit de garantir la sécurité alimentaire et la nutrition, de réduire la pauvreté et de préserver les écosystèmes, et qu’il importe de les soutenir ;

25. Souligne la nécessité de renforcer la capacité des petits exploitants agricoles, y compris les femmes, dans le cadre d’une stratégie de promotion du développement de l’agriculture et de la sécurité alimentaire en favorisant un accès équitable à la terre, à l’eau, aux ressources financières et aux technologies, conformément à la législation nationale, ainsi qu’en améliorant la participation et l’accès des exploitants à des chaînes de valeurs et à des marchés agricoles viables […]. »

 

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De belles paroles ? Certes, mais un peu plus car tôt ou tard ces principes entreront dans le champ du droit, soit par la loi, soit par des procès engageant la responsabilité de l’Etat ou des firmes, qui par leurs décisions, remettent en cause les droits fondamentaux des agriculteurs et de leurs familles.

Pour le moment, pas de procès, mais une marche. Je leur souhaite le plus grand succès, car c’est un peu l’avenir de la planète qui se joue dans cette Jan Satyagraha.

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