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Lois relatives à l'élection des conseillers départementaux, des conseillers municipaux et des conseillers communautaires

droit des collectivités territoriales - actualités et miscellane - Luc BARTMANN, 28/05/2013

Deux lois, l'une organique et l'autre ordinaire, ont été promulguées le 17 mai 2013 ; elles sont relatives à l'élection des conseillers départementaux, des conseillers municipaux et des conseillers communautaires, et modifient accessoirement le calendrier électoral.

I. Les départements :

Ces lois procèdent à une retouche profonde du régime électoral des élus départementaux corrélativement à la suppression du conseiller territorial qui avait été créé par la loi du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales..

1°) On note tout d'abord une mesure symbolique, déjà préconisée par le passé, notamment par le rapport Mauroy : le changement de dénomination de l’organe délibérant qui de "conseil général" depuis 1871, devient "conseil départemental" les "conseillers généraux" devenant des "conseillers départementaux". Cette mesure n'est pas fondamentale, mais va induire des changements d’habitudes en pratique puisque la plupart des départements se dénomment en fonction de leur organe délibérant : non pas "département du Bas-Rhin" mais "Conseil général du Bas-Rhin" par exemple.

2°) La loi instaure en second lieu un nouveau mode de scrutin, répondant au souci d'introduire dans les départements la parité hommes-femmes : le scrutin binominal paritaire majoritaire à deux tours.

a) Binominal et paritaire car dorénavant : "Les électeurs de chaque canton du département élisent au conseil départemental deux membres de sexe différent, qui se présentent en binôme de candidats dont les noms sont ordonnés dans l'ordre alphabétique sur tout bulletin de vote imprimé à l'occasion de l'élection". Pour garantir le respect de la parité il est prévu également que le candidat et son remplaçant sont de même sexe.

b) Majoritaire à deux tours car nul binôme de candidats n'est élu au conseil départemental au premier tour de scrutin s'il n'a réuni la majorité absolue des suffrages exprimés. Au second tour de scrutin, l'élection a lieu à la majorité relative, quel que soit le nombre des votant ; si plusieurs binômes de candidats obtiennent le même nombre de suffrages, l'élection est acquise au binôme qui comporte le candidat le plus âgé.

3°) Les conseils départementaux sont à présent renouvelés intégralement tous les 6 ans au mois de mars.

4°) Le législateur a prévu également des mesures de nature à assurer le respect de la parité au sein de la commission permanente. Le scrutin reste de liste, mais les listes doivent être composée alternativement d'un candidat de chaque sexe.

5°)  L'élection des vice-présidents se fait à présent au scrutin de liste à la majorité absolue aux deux premiers tours, et relative au troisième, sans panachage ni vote préférentiel, la parité étant assurée par le fait que sur chacune des listes, l'écart entre le nombre des candidats de chaque sexe ne peut être supérieur à un.

6°) Ces réformes ont induit une réduction du nombre de cantons, pour contrebalancer le maintien du nombre de conseillers et l'introduction de la parité. Le principe de base - qui connaît toutefois quelques adaptations - est que le nombre de cantons est égal, pour chaque département, à la moitié du nombre de cantons existant au 1er janvier 2013.

II. Les conseillers municipaux et communautaires :

1°) Pour ce qui est de l'intercommunalité à fiscalité propre (communautés de communes, communautés d'agglomération,  communautés urbaines et métropoles) la loi opère également une réforme sémantique en officialisant la dénomination de "conseillers communautaires" qui avait déjà largement supplanté en pratique celle de "délégué", et qui s'imposait avec le nouveau mode d'élection de ces conseillers dès lors que ces conseillers ne sont plus désignés par les conseils municipaux mais issus du suffrage universel indirect.

2°) En effet, le mode d'élection au suffrage universel indirect, introduit pour 2014, et qui n'a donc pas eu l'occasion d'être pratiqué, par la  loi n° 2010-1563 du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales, est revu, mais confirmé par la loi. 

Pour une meilleure lisibilité pour l'électeur, la liste des candidats aux sièges de conseiller communautaire figure de manière distincte sur le même bulletin que la liste des candidats au conseil municipal bien qu'elle en soit issue. L'ordre de présentation des candidats est le même pour les deux conseils et doit respecter la parité par une présentations alternative de candidats de chaque sexe.

La loi a entendu limiter les possibilités de modulation entre les deux conseils puisque :

- Tous les candidats présentés dans le premier quart de la liste des candidats aux sièges de conseiller communautaire doivent figurer, de la même manière et dans le même ordre, en tête de la liste des candidats au conseil municipal ;

- Tous les candidats aux sièges de conseiller communautaire doivent figurer au sein des trois premiers cinquièmes de la liste des candidats au conseil municipal.

Les deux élections se déroulent simultanément.

3°) Pour l'élection des conseillers municipaux, le seuil d'application du scrutin de liste est abaissé de 3.500 habitants à 1.000 habitants, ceci dans le souci de rendre applicable à une majorité de communes le système d'élection des conseillers communautaires au suffrage universel indirect selon les nouvelles dispositions. Les conseillers communautaires représentant les communes de moins de 1.000 habitants au sein des intercommunalités à fiscalité propre sont les membres du conseil municipal désignés dans l'ordre du tableau.

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 La loi comporte de nombreuses autres dispositions, certaines très ponctuelles et/ou techniques comme celles qualifiées de "coordination". Par ailleurs le dispositif en matière d'incompatibilités et d’inéligibilités est complété.

Enfin, dans le double souci de permettre la substitution des nouveaux conseillers départementaux aux conseillers généraux membres d'un conseil précédemment élus par moitié tous les 3 ans, et celui d'alléger le calendrier électoral de l'année 2014, où se déroulent déjà les élections européennes et municipales, la loi a prévu que "le mandat des conseillers généraux élus en mars 2008 et en mars 2011 expire en mars 2015". La première élection départementale se déroulera donc en même temps que les élections régionales.




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