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Vive les femmes malgré les féministes !

Justice au singulier - philippe.bilger, 4/11/2014

J'ai en horreur ces conseils, ces injonctions, ces avertissements, ces intimidations, ces procès en archaïsme, ces pétitions qui substituent à la formidable inventivité humaine dans les rapports entre les sexes, au bonheur et à la surprise des métamorphoses réciproques l'implacable rouleau compresseur d'un affrontement sans grâce et sans effet.

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Il y a des choses à ne pas penser, à ne pas dire, à ne pas écrire.

L'égalité des sexes, aspiration vers laquelle il faut tendre, devient un pensum, presque une contre indication quand elle nous est assénée avec le dogmatisme et le terrible sérieux des féministes patentées.

Elles n'ont pas peur du ridicule et elles tiennent de plus en plus le haut du pavé, qu'il s'agisse du féminisme basique, autoritaire et quotidien ou du féminisme savant, précieux et ennuyeux. Comme si on avait sans cesse besoin de nous apprendre ce qu'on sait déjà mais que peut-être on n'applique pas encore assez.

Elles risquent de dissuader les hommes de bonne volonté et d'exaspérer encore davantage les obtus et les crispés sur leur virilité à sauvegarder.

Parce que 142 députés UMP ont à juste titre écrit au président Bartolone plus courageux par le verbe qu'en pratique pour dénoncer, au nom de la pureté du langage et de la grammaire, la sanction scandaleuse prise à l'encontre de leur collègue Julien Aubert par Sandrine Mazetier, 142 universitaires femmes, auxquelles se sont ajoutés 15 universitaires hommes qui n'ont pas eu peur de ce combat douteux, ont pourfendu le sexisme sévissant, selon eux, à l'Assemblée nationale en choisissant trois exemples dont celui faisant l'objet de l'ire parlementaire UMP (Le Monde).

J'admets que les gloussements ironiques devant une robe que portait Cécile Duflot étaient déplacés.

Je ne discute pas le caractère insultant des caquètements à l'occasion de l'intervention de la députée Véronique Massonneau.

C'est bien moins un effet du sexisme qu'un manque regrettable de tenue et de politesse. Il n'est pas nécessaire d'être progressiste, comme ces militantes féministes, pour savoir se comporter avec délicatesse et urbanité à l'égard du sexe féminin, plus du tout faible s'il l'a jamais été.

En même temps, pour être vulgaires, ces réactions ne portent pas atteinte à la démocratie et les monter en épingle, comme certaines se plaisent à le faire, donne à une récréation de potaches une tournure idéologique et réfléchie qui paradoxalement ennoblit au lieu de tourner en dérision.

Comment oser qualifier de sexiste l'attitude des 142 députés alors qu'elle ne caractérise en rien le mépris ou la désinvolture à l'encontre d'une femme présidant une séance à l'Assemblée nationale mais seulement la solidarité avec un collègue puni pour avoir parlé français et ayant refusé de se plier à un diktat féminin plus soucieux de démagogie que de bon sens ?

Si le contraire du sexisme est d'accepter les foucades autoritaires d'une femme sans avoir le droit de les contester, vive le sexisme !

Il est navrant que le manifeste de ces 142 universitaires ne fasse pas avancer d'un pouce le féminisme, laisse croire qu'il convient de rajouter aux multiples guerres trop réelles une guerre des sexes avec un trouble et regrettable parfum de masculinité pour ces combattantes et fasse tomber dans le grotesque, même si elle se pare de gravité solennelle, une cause qui mérite mieux.

J'ai en horreur ces conseils, ces injonctions, ces avertissements, ces intimidations, ces procès en archaïsme, ces pétitions qui substituent à la formidable inventivité humaine dans les rapports entre les sexes, au bonheur et à la surprise des métamorphoses réciproques l'implacable rouleau compresseur d'un affrontement sans grâce et sans effet.

Les femmes résisteront aux féministes.


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