Actions sur le document

Nicolas Sarkozy inspiré

Justice au singulier - philippe.bilger, 20/12/2012

Qui lui a écrit ce discours qui tombait comme une réponse anticipée et intelligente à l'humanisme équivoque du lendemain ?

Lire l'article...

L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy était présent au Sénat, le 17 décembre, lors de la remise des insignes de chevalier de la Légion d'honneur au Docteur Olivier de Ladoucette, spécialiste du vieillissement (Le Figaro).

A cette occasion, on ne l'a pas entendu, comme lors de certaine cérémonie identique concernant un banquier lors de son quinquennat, exprimer sa certitude de faire autant d'argent que celui qu'il décorait !

Au contraire.

Nicolas Sarkozy a prononcé un discours dont un extrait mérite d'être cité intégralement, tant il est remarquable.

"Un jour vient où l'on considère que, faute de les avoir prévenues puis de les avoir soulagées, il faut abréger les souffrances et que mettre un terme à ce que l'on appelle l'agonie devient une nécessité sociale. Une nécessité si évidente que toute la société, heureuse de se débarrasser du problème, exige des lois et que celui-là même qui est en train de mourir devient complice de sa propre mort, en implorant la fin, croyant accomplir un dernier geste de liberté alors qu'il ne fait que se soumettre à une nouvelle contrainte sociale. Le risque est grand alors de voir une société supprimer des vieillards, avec leur consentement, pour supprimer la vieillesse et la peur qu'elle nous inspire".

C'est long mais il valait la peine, à mon sens, de faire ce détour alors que le 18 décembre, le Professeur Sicard remettait au président de la République son rapport sur la fin de vie. Au mois de juin prochain, selon le désir de François Hollande, une loi sur le suicide assisté sera votée.

Mon intention n'est pas, en l'état, d'analyser ce que le Parlement validera mais d'attirer l'attention sur une démarche infiniment dangereuse de la part des socialistes et de François Hollande.

Au lieu de toucher d'une main tremblante aux équilibres de la société et aux fragilités émouvantes et tragiques de certains univers familiaux, au lieu de respecter ce que de multiples compromis savent infiniment mieux gérer que la brutalité de la loi, le Pouvoir n'a pour obsession que d'accomplir l'inverse. Comme s'il devait avoir pour vocation de déstabiliser par l'injonction et de troubler par l'obligation. Ou de faire régresser par la permission. L'humain à ce point délicat et sensible est-il vraiment l'affaire de l'Etat ? Les gros sabots de la réglementation doivent-ils fouler le terrain complexe, friable et chaque jour assumé, rejeté ou accepté, de la souffrance, du courage, de la solidarité et de la douleur ?

J'entends bien que la finance, l'économie et le chômage plaçant le gouvernement dans un impitoyable étau, il est tenté de retrouver du jeu, de la liberté et de la respiration grâce à des échappées sociétales dont il ne semble pas mesurer le risque qu'elles représentent pour notre être collectif.

Je crains que par ailleurs il agisse trop "à la demande", plus soucieux de satisfaire des revendications compassionnelles minoritaires que de sauvegarder le consensus sur quelques principes dont le prioritaire devrait être le respect absolu de la vie et le refus de participer si peu que ce soit à une mort même désirée. Renier cette double exigence est gros de menaces pour notre monde humain et une France se piquant d'être un modèle.

Pourquoi ce gouvernement, par ailleurs si frileux, si modéré - qu'on songe à sa réforme bancaire - alors que l'audace devrait être sa règle pour ce que la survie nationale et internationale impose, ne se montre-t-il vraiment déterminé qu'à l'égard des domaines où son abstention aurait été bienfaisante ou au moins son infinie prudence (Le Monde) ?

Il s'implique sans nécessité ou ne s'implique pas assez quand le besoin s'en fait sentir. Il va bouleverser la société mais répugne à la réformer, ce qui, de fait, est beaucoup plus difficile.

Nicolas Sarkozy était très inspiré ce soir-là.

Qui lui a écrit ce discours qui tombait comme une réponse anticipée et intelligente à l'humanisme équivoque du lendemain ?


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...