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Rixe mortelle sur l’A13 : « Un crime de groupe »

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 17/04/2013

Actualisation 15h38 Des peines de 14 à 30 ans de réclusion criminelle ont été requises mercredi 17 avril contre 8 des 10 accusés. Me Francis Szpiner se lève et, tout en prononçant ses premiers mots, vient se placer face à … Continuer la lecture

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Actualisation 15h38 Des peines de 14 à 30 ans de réclusion criminelle ont été requises mercredi 17 avril contre 8 des 10 accusés.

Me Francis Szpiner se lève et, tout en prononçant ses premiers mots, vient se placer face à la cour et aux jurés. C'est surtout à ces derniers que ses mots s'adressent. A ces six hommes et femmes qui, vendredi 19 avril, après avoir décidé de la culpabilité et des peines des dix accusés, retrouveront leur vie ordinaire de citoyen.

C'est sur eux que l'avocat de la famille de Mohamed Laidouni compte. Pour que la violence et la brutalité de ce dossier – la mort d'un homme en quarante secondes sous les coups d'une "bande" en bordure d'autoroute – l'emportent dans leur intime conviction sur la complexité juridique.

"Pourquoi une affaire, brusquement, vous émeut-elle plus qu'une autre ? Pourquoi cette affaire a-t-elle eu un tel retentissement ?", lance Me Szpiner en commençant sa plaidoirie. "La réponse, c'est que chacun se dit qu'il peut être victime. Nous prenons tous l'autoroute, nous partons en vacances, nous roulons tranquillement, nous sommes détendus et soudain, le drame."

Les yeux toujours plantés dans ceux des jurés, il poursuit : "L'autre question qui se pose est aussi : comment faire preuve d'une telle barbarie ? Comment continuer à frapper un homme à terre, alors que sa mère est là et qu'elle supplie d'arrêter ? Voilà pourquoi cette histoire nous touche. Elle renvoie une image de violence insupportable."

Me Szpiner sait que, dans cette affaire, les responsabilités individuelles sont difficiles à déterminer, à hiérarchiser. Il sait surtout que l'enjeu majeur de la décision de la cour et des jurés porte sur la qualification de meurtre, c'est-à-dire d'un déchaînement de violence avec volonté de tuer. Alors il anticipe, pour tenter de les disqualifier, les arguments de la défense, qui va plaider les "coups mortels". Dans le premier cas, le maximum encouru est de trente ans, il est de vingt ans pour les coups mortels avec la circonstance aggravante qu'ils ont été commis "en réunion".

"On va vous dire que Mohamed Laidouni serait mort à cause d'une bagarre qui aurait mal tourné. On va vous plaider que lorsqu'un accusé crie : 'Je vais te crever devant ta mère', c'est une façon de dire bonjour. La réalité, c'est qu'ils ont fait ce qu'ils ont dit", lance Me Szpiner.

L'avocat de la partie civile dresse alors un terrible réquisitoire contre le comportement des accusés, auquel il oppose celui de la famille Laidouni. Elle propose un constat amiable, ils le refusent. Elle appelle la police, ils préviennent leurs copains de la cité.

L'après est tout aussi accablant, plaide Me Szpiner, qui rappelle les premières déclarations des accusés lorsqu'ils mettaient en cause la famille Laidouni, se présentaient comme des victimes, menaçaient dans des conversations téléphoniques un témoin trop bavard et surtout ne reconnaissaient que partiellement leurs responsabilités.

"Les hommes qui sont là n'ont rien appris, rien compris, dit-il. Ce crime est à la fois un crime individuel et un crime de groupe. Il y a le noyau dur qui frappe et il y a ceux qui empêchent de porter secours et qui permettent en cela le crime. Vous devez les juger pour ce qu'ils ont fait. Pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire qu'ils doivent être considérés comme des meurtriers. Vous devez dire que la mort de Mohamed Laidouni n'est pas un accident, ni une mort involontaire."

Réquisitions mercredi après-midi.


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