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Quelle fin de semaine pour François Hollande !

Justice au singulier - philippe.bilger, 13/01/2013

Quelle fin de semaine pour le président de la République, entre l'accord sur l'emploi, le Mali, la Somalie et le mariage gay !

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Dans quelques mois, dans quelques années, le président de la République se souviendra de cette fin de semaine, du 11 au 13 janvier 2013.

Et les Français aussi.

Il y a des moments dans la vie d'un pays où le hasard qui sait mêler comme un génial stratège les desseins de la politique à l'imprévisibilité terrible de la guerre met à l'épreuve celui qui le dirige. Comme pour tester sa solidité, la force de ses résolutions et sa résistance aux oppositions.

Il me semble clair en tout cas que les citoyens - et je regrette de devoir compter parmi ceux-ci Nicolas Sarkozy qui paraît-il en privé ne cesse de répéter que François Hollande est nul - s'obstinant à mettre en cause la personnalité du président, à douter de sa détermination et de son aptitude à trancher seront sinon rassurés du moins plus mesurés et objectifs dans leurs appréciations au regard de ces derniers événements en France, au Mali et au Somalie.

L'accord sur l'emploi entre les partenaires sociaux, certes inférieur aux espérances et non validé par la CGT et FO, représente cependant une remarquable réussite autant due au souci de concertation du président qu'à la peur inspirée par le groupe PS au Medef craignant de voir l'Assemblée nationale voter un projet de loi d'un insupportable gauchisme.

François Hollande a décidé d'engager les forces françaises au Mali pour empêcher les islamistes forcenés du Nord de conquérir le Sud et Bamako. Je ne suis pas un spécialiste de la politique internationale mais l'adhésion à cette démarche de l'ensemble de la classe politique à l'exception de Jean-Luc Mélenchon et de quelques écologistes de guingois consacre le fait qu'il n'y avait pas d'autre choix honorable sauf à considérer que la France, par frilosité autarcique, doive se condamner à ne plus intervenir nulle part.

Certes un officier français a déjà été tué, il y a pour l'instant onze morts dans l'armée malienne et malheureusement une dizaine de civils ont été victimes des affrontements à Kona (lemonde.fr).

Mais il serait hypocrite de se réfugier, en un tel contexte, derrière ces inévitables tragédies et souffrances, pour dénier la légitimité de cette action militaire qui vise seulement à mettre un frein à l'expansion du terrorisme djihadiste. Les menaces de celui-ci qui ont entraîné un renforcement du Plan Vigipirate ne sont pas non plus, pour un Etat digne de ce nom, un obstacle décisif dès lors qu'il y va, au-delà de la France, de l'équilibre, des libertés et de l'humanisme africains.

Je regrette que Dominique de Villepin qui a fait récemment l'objet d'un portrait fouillé dans le magazine du Monde - entre clair et obscur, entre secrets, trafics et apparences - ait éprouvé le besoin de se distinguer à nouveau en refusant une solidarité au nom de son obsession de demeurer l'homme du Non, quelles que soient les circonstances internationales (Journal du Dimanche).

La France a tenté de libérer l'un de ses ressortissants, Denis Allex, détenu depuis trois ans et demi en Somalie par des islamistes "shebab" dans des conditions épouvantables. Il semble qu'il ait été exécuté par ses geôliers alors que, durant l'opération menée par la DGSE, deux de nos soldats ont été tués.

On devine ce qu'un esprit partisan absurde pourrait susciter comme polémiques à la suite de ces drames dus indirectement à la volonté présidentielle de ne pas céder d'un pouce face à la barbarie, où qu'elle se manifeste et dès lors que nous avons toute légitimité pour intervenir. On peut espérer que le consensus national, aussi fragile qu'il soit, demeurera et qu'on ne fera pas l'affront d'opposer, à ceux qui se battent pour l'essentiel là-bas et en notre nom, de misérables joutes politiciennes.

Ce n'est pas fini.

Dimanche, contre le mariage homosexuel - le mariage pour tous laisse croire, et c'est de bonne guerre, que cette institution peut s'appliquer indifféremment, artificiellement, à n'importe quelle structure familiale et sociale -, à l'évidence, d'énormes et massifs rassemblements dans la France entière, surtout à Paris. Je n'y serai pas, je n'en serai pas mais je suis persuadé que nulle hostilité, encore moins de haine, ne s'exprimera à l'encontre des homosexuels, nos frères humains, mais seulement pour dénoncer un décalque arbitraire et dangereux que certains dans la communauté homosexuelle aspirent à voir imposer par la loi.

Qu'on ne se leurre pas : le mariage homosexuel est la source de tout et si ce verrou venait à sauter, je ne vois pas au nom de quoi on refuserait de faire bénéficier les couples législativement et amoureusement consacrés, des conséquences inévitables et obligatoires de tout mariage : l'adoption et la procréation médicalement assistée. L'opinion ne semble pas le percevoir qui est majoritairement favorable au mariage gay mais de plus en plus réservée face à l'adoption et à la PMA (nouvelobs.com).

Le président de la République va être évidemment attentif à ce déferlement et à cette immense protestation collective qui, angoissés par un bouleversement radical, prétendent tout de même transmettre un message digne d'être écouté sinon compris. Que fera François Hollande ? Pour être pacifique, ce débat - dont les Français commencent à se lasser - va mettre à l'épreuve la finesse, l'intuition, l'intelligence et la tolérance du président sur un autre registre que les expéditions guerrières.

Cent quinze parlementaires de l'opposition souhaitent une consultation des Français par référendum. A l'initiative d'Henri Guaino qui fait valoir à juste titre que seul le président est habilité à se prononcer ou non sur la validité d'un tel processus (lepoint.fr).

François Hollande ne va évidemment pas "caler" sur le mariage homo en dépit d'une question racoleuse cherchant à laisser croire que le contraire est envisageable (L'Express). Le mariage homosexuel aura à la fin du mois de janvier la bénédiction politique de la représentation nationale.

Reste, pour le président, à réaliser un engagement et à tenir une promesse de campagne sans donner l'impression de mépriser ou de tenir pour rien l'impressionnante sollicitation humaine et démocratique qui lui est adressée. Faire voter mais avec scrupule et délicatesse : y parviendra-t-il ?

Quelle fin de semaine pour le président de la République !


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