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La République et La Castellane

Actualités du droit - Gilles Devers, 20/02/2015

Matin, midi et soir, ils n’ont que ces mots à la bouche : République...

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Matin, midi et soir, ils n’ont que ces mots à la bouche : République et citoyenneté. Le problème est qu’en agitant ces mots sans leur donner le moindre contenu, à part un catéchisme obligatoire et débilitant, ils créent des problèmes les plus graves encore, car après le crash, il faudra tout réinventer.

Si on attend des choses concrètes de la République et la citoyenneté, c’est bien à La Castellane, dans les quartiers Nord de Marseille : une population jeune et nombreuse, un quartier à l’écart de la ville, pas d’emploi sur place, l’économie de la drogue, des lieux que les services publics, à commencer par la police, ont déserté. Dans ce quartier de 7.000 habitants, une petite ville, les flics estiment que le trafic de drogue, c’est environ 50.000 euros par jour.

Le 9 février, El Blancos et Bambi, les rescapés du 49.3, étaient venus à Marseille pour faire la pub de la politique gouvernementale contre la criminalité… mais au même moment, les flics essuyaient des tirs de kalachnikov à La Castellane. Grosse agitation médiatique, et après ?

Hier, un collectif, « Le Collectif des écoles de la Cité la Castellane », regroupant des citoyens travaillant et vivant à La Castellane, a tenu une conférence de presse sur situation les trois établissements scolaires du quartier : les écoles Saint-André Castellane et Saint-André Barnier qui accueillent 788 enfants, et le collège Henri Barnier, avec 600 élèves.

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Une zone de non-droit

Une enseignante : « Incendies de classes, personnels et véhicules caillassés, tirs de kalachnikov à proximité des écoles en plein jour, représailles, intimidations écrites et verbales, cambriolages, vandalisme… La situation géographique au sein de la cité où règne une zone de non-droit, génère de plus en plus un climat d'insécurité psychologique et physique important. On a l’impression d’être abandonnés de tous, on se retrouve seuls, que ce soit dans les écoles ou dans la cité ».

Une mère de famille : « Moi j’étais élève il y a plus de 30 ans dans l’école où j’emmène aujourd’hui ma fille. J’étais abasourdie en découvrant l’état de l’école, avec le même château pourri, le même sol pourri que quand j’y étais. Mais moi, ma peur principale, c’est la sécurité, une balle perdue… Il n’y a pas de stores aux fenêtres, les portes ne ferment pas ».

Une autre mère de famille : « De 22H00 à 05H00, la cité est dans le noir, ils mettent des lumières pour guider les acheteurs, il y a même un drive-in. La pression est très forte. Les jeunes marchent cagoulés et personne n'ose parler par peur de représailles.

Un fonctionnaire, à propos des opérations « d’approche globale », mises en place il y deux ans et qui mêlent répressif et social : « Quand il y a eu l’approche globale, tous les parents ont dit ‘on respire’, mais ils ont coupé une patte de la pieuvre, pas sa tête. Mois après mois, on a dit que les réseaux de trafiquants se renforçaient, qu’ils se professionnalisaient. Il n’y a même plus ce côté affectif ‘je te connais, on a grandi ensemble’. Pour moi, c’est la mafia. La réalité, c’est des mecs masqués qui mettent des barrières pour organiser les acheteurs, qui contrôlent les allées et venues ».

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Le collectif réclame des actes

A l’Etat :

- un désenclavement du quartier,

- une protection quotidienne des services de Police aux abords des quatre écoles tant que perdurera l'enclavement du quartier,

- le rétablissement des personnels du RASED (Réseau d'aides spécialisées aux élèves en difficulté) et le renforcement du dispositif « plus de maîtres que de classes »,

- le renforcement des mesures du pacte de cohésion sociale sur Marseille et leurs pérennisations,

- des effectifs bloqués à 20 élèves par classe,

- plus de médecins scolaires, d'infirmières,

- un renforcement des moyens pour instaurer une relation entre les familles et les partenaires médicaux afin d'aborder les questions d'hygiène, de santé et d'alimentation.

A la Ville de Marseille :

- l'entretien normal, régulier et réactif des locaux par un personnel formé et en nombre suffisant,

- une augmentation des effectifs des ATSEM (Agent territorial spécialisé des écoles maternelles) et des agents d'entretien,

- une ATSEM par classe de maternelle, comme cela se fait dans toutes les autres communes,

- la mise aux normes rapide des systèmes de sécurisation de nos écoles : portes, fenêtres, alarmes, portails,

- une température confortable dans les classes dès l'accueil du matin.

A l’Académie :

- le remplacement systématique des enseignants en cas d'absence,

- un soutien constant et fiable de la hiérarchie,

- une prise de responsabilités juridiques de la hiérarchie.

Tout ceci est juste et raisonnable. Pas de doute que les prêcheurs radicaux de la République et de la citoyenneté vont aussitôt faire face, pour être à la hauteur des attentes de la population, qui a le droit de faire un rêve d’intégration minimale, et des enseignants, qui sont les vrais défenseurs de la République.

Par contre, s’ils ne font rien, peut-être qu’on ne votera plus pour ces politiciens cosmétiques, va savoir…  

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