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Brésil : L’opposition est une baudruche, le péril est financier

Actualités du droit - Gilles Devers, 16/08/2015

Malgré tous les efforts des Etats-Unis, le Brésil est une démocratie...

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Malgré tous les efforts des Etats-Unis, le Brésil est une démocratie indépendante et forte, et ça, ça coince. Après deux mandats de Lula, ma petite chérie Dilma a été réélue en fin d’année 2014 jusqu’en 2018: seize ans de Parti des Travailleurs,... il faut raisonner avec réalisme.

Donc, on ne part pas de rien : la réalité politique, c’est Dilma brillamment réélue alors que toutes les difficultés étaient bien connues, et une Droite perdante depuis douze ans, avec un leader grand’ gueule, Aecio Neves, du Parti de la sociale démocratie brésilienne (PSDB), sauvé du ridicule électoral par des écolos sans boussole.  

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Depuis qu’elle est élue, c’est la soupe à la grimace pour Dilma, avec une économie rongée par l’inflation (9%), au seuil de la récession, et le climat lourd de l’affaire Petrobras. Affaire grave, mais ne me dites pas que la corruption politique au Brésil a commencé avec Petrobras…

Il faut s’occuper des deux, et Dilma le sait, mais le Parti des Travailleurs a besoin d’alliés, et il souffre pour avoir trop longtemps fait sa vie avec le Parti du mouvement démocratique brésilien (PMDB), genre Bayrou en plus marécageux, lui aussi embarqué dans l’affaire Petrobras, et qui le lache.  Aux dernières élections, les écolos avaient appelé à voter pour le candidat de droite pro-US, et c’est donc, c’est mort aussi de ce côté, tant que les écolos n’auront pas renversé leur majorité lors d’un congrès. Donc, basiquement, la priorité est d’établir une majorité politique, soit des tractations ni visibles, ni glorieuses.

Le looser Aecio Neves essaie de sauvegarder son boulot de leader de l’opposition, et comme il est très faible, il fait monter la mousse des réseaux « sociaux ». On retrouve les indécrottables Facebook, Tweeter et autres farces, comme « réseau social ». C’est à mourir de rire : de la branlette merdiatique, rien de plus.

Le problème, c’est qu’il est plus facile de retweeter comme un malade du bord de la piscine, que de se rendre dans la rue, et surtout, d’élaborer un programme économique alternatif.   

Le résultat est que les manifs d’hier ont été un flop magistral.

Toute écœurée de sa défaite, la Droite avait réussi à mettre dans la rue en mars environ un million de cocus politiques, essentiellement dans son fief, Sao Paulo. Là, les « réseaux sociaux » annonçaient une déferlante avec des manifs dans 200 villes du pays. Résultat ? Du bidon, et bien creux. Tout cumulé, on était hier, pour tout le pays, à 137.000 d’après la police et 225.000 d’après organisateurs. Plus de tweets que de manifestants, la bonne blague !

Pour situer, je rappelle que Sao Paulo, c’est 11 millions d'habitants, et le Brésil 204 millions. Donc 150.000 manifestants, c’est moins de 0,1%... Oki ? Ca n’empêche pas toute la presse de faire sa une sur Dilma menacée par les manifestants… Ecrire d’abord, réfléchir ensuite.   

Parmi les très inspirés slogans, je note celui-ci : « Dehors Dilma ! Ici c'est le Brésil, pas le Venezuela. Olé, Olé, Olé, nous ne sommes pas communistes, nous sommes patriotes, nous allons déloger ces merdes du pouvoir ! ». Sans compter ceux qui appellent au retour au pouvoir des militaires, ben voyons…

Bref, ma petite chérie Dilma sait maintenant qu’elle est tranquille jusqu’à 2018, mais il lui reste de sérieux défis.

Si l’économie brésilienne souffre, c’est en grande partie car elle a beaucoup misé sur l’économie chinoise, en difficulté. Le salut passe largement par les décisions des dirigeants chinois,… pas facile. Paradoxalement, cette faiblesse de l’économie n’encourage pas le grand patronat à jouer le jeu d’une crise politique, qui serait une catastrophe économique. La carrière de ce guignol de Neves, ce n’est pas leur problème. Dans les faits, ils doivent trouver un accord avec Dilma, et là, la pression est forte.

Ce qui fait flipper ces encravatés, c’est un retour de Lula en 2018, car le mec qui a sorti 40 millions de Brésiliens de la pauvreté reste très populaire. Le grand truc, c’est de barrer Lula, et ce de deux manières : en excitant les affaires de corruption, et en cherchant à creuser un fossé entre Dilma et Lula. Genre, pour que tu aies la paix, tu renonces à l’héritage Lula, et tu acceptes une gentille orthodoxie financière, car rappelle-toi que les banques savent faire beaucoup de mal.

- Comme Tsipras, alors ?

- Oui. 

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