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Urgent :  » Echange enfant adopté …. «

Droits des enfants - jprosen, 14/09/2013

C'est la rentrée. On repart après quelques hésitations et un sentiment parfois amer redite. Mais le combat pour les droits de l'homme est sans fin. A  fortiori celui pour la promotion  des droits de l'enfant. Les enfants roms ballottés de … Continuer la lecture

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C'est la rentrée. On repart après quelques hésitations et un sentiment parfois amer redite. Mais le combat pour les droits de l'homme est sans fin. A  fortiori celui pour la promotion  des droits de l'enfant. Les enfants roms ballottés de cabanes en bordures d'autoroute en cabanes en bordure de voies ferrée et déscolarisés pour nombre d'eux  - une  honte pour  la France! - , les enfants rendus responsables de l'insécurité - et si la délinquance juvénile baissait ?-, une loi famille en perspective mais une mise à jour de l'ordonnance de 1945 pour revenir sur une orientation dénoncée le temps d'une campagne, la revendication d'un droit à l'enfant à tout prix,etc. les prétextes ne manquent pas pour reprendre le bâton de pèlerin : appeler l'attention, interpeller, décortiquer, expliquer, visiter l'histoire et la géographie, avancer des postes, et faire débat pour nous échappe . C'est parti pour 2013-2014.

« L’agence Reuters a révélé le 11 septembre l'existence d'un réseau de groupes Yahoo! et Facebook qui permettent à des familles américaines connaissant des difficultés avec leur enfant adopté de s’en séparer quiet à accueillir un autre enfant grâce à internet. En premier réflexe on resterait de marbre. Quoi de surprenant venant pays où notamment des enfants adoptables peuvent défiler sur des podiums dans des supermarchés pour être proposés aux clients sasn que quiconque s’en émeuve. Liberté, liberté !

Cette pratique du "private rehoming" (changement de foyer privé) serait, dixit les journalistes, directement inspirée du marché des animaux de compagnie. Reuters a passé en revue 5.029 annonces postées sur un groupe Yahoo! sur une période de cinq ans. En moyenne, une offre de "rehoming" était postée par semaine. La plupart des enfants sont âgés de 6 à 14 ans et ont été adoptés à l'étranger (Chine, Russie, Ethiopie, Ukraine). Le plus jeune enfant avait 10 mois.

Elle est, bien sûr, illégale, même aux USA. Elle doit surement relever de poursuites pénales. On conçoit certes qu’un « contrat » puisse être passé devant un avocat, mais comment les autorités pourraient-elles accepter les changements de filiation et d’identité qui résultent de ces trocs ? Argument avancé pour justifier ces pratiques : l’adoption se passe mal, les rapports adoptants –adoptés sont difficiles. Il faut trouver une issue. Lemieux est de se débarrasser de l’objet de déplaisir.. On n’a pas eu de mal à découvrir les dessous de ces pratiques. Ainsi des personnes pénalement condamnées pour pédophilie auxquelles leurs enfants avaient été retirés se procuraient ainsi d’autres enfants et les violentaient.

En tout état de cause on voit bien que les précautions prises dans nos pays pour rapprocher un enfant sans famille de personnes sans enfant sous l’autorité de la puissance publique - Etat et conseil général – n’est pas si aberrante que cela quand régulièrement on dénonce le parcours de combattant infligé à celui qui adopte.

L’adoption reste bien la rencontre de personnes – l’enfant et le adoptants – ayant eu des parcours difficiles sachant que la rencontre elle–même peut être source de difficultés.

Déjà les enfants sans famille ont une équation délicate ne fut-ce que parce qu’ils n’ont pas toujours été conçus et accueillis comme il aurait été souhaitable par leurs géniteurs. Ils ont pu être abandonnés dans des conditions épiques, parfois violentés, souvent faire l’objet de décisions administratives ou judiciaires plus ou moins chaotiques. Selon leur âge ou leur développement ils peuvent avoir une mémoire de ces premières séquences de leur vie, un attachement avec tel – parent ou accueillant – et ils vont souvent subir l’orientation qui va être décidée parfois au prix d’une nouvelle séparation. Certes, en France du moins, leur avis est recueilli jusqu’à 13 ans et ensuite il faut leur accord, mais c’est- bien une révolution qui va leur être proposée. Parfois, « dans leur intérêt », ils quittent leur pays, leur culture, leur langue première pour déboucher dans un univers totalement différent où déjà leur nom sera modifié. La rupture peut être brutale.

Les adoptants aussi ont pu avoir des parcours plus ou moins fracassés. Bien évidemment la stérilité, souvent à l’origine de la démarche d’adoption, n’est pas une tare, mais elle peut avoir été plus ou moins bien vécue avec les traitements qui lui sont liés. Désormais le célibat subit ou recherché qui explique l’absence d’enfant et la quête d’une adoption. Malgré toutes les précautions prises il peut aussi se trouver dans le lot des personnes soucieuses d’accueillir des gens sérieusement perturbés sur le plan psychologique. Si on peut difficilement empêcher une personne perturbée de concevoir un enfant, la puissance publique au nom de ses responsabilités à l’égard des plus faibles se doit d’être particulièrement vigilante quand il s’agit de lui en confier un qui de surcroît à déjà été lui-même victime d’accidents de la vie.

La rencontre entre l’adopté et celui, celle ou ceux qui l’accueillent doit faire l’objet d’une particulière vigilance, ne fut-ce que pour ramener la réalité au regard des représentations que chacun à pu se faire. Il peut y avoir un fossé entre l’enfant accueilli et celui qu’on s‘imaginait accueillir ou plus encore celui que l’on désirait avoir naturellement. C’est un enfant bien réel qui est adopté, pas l’enfant idéalisé ! Contrairement à une idée reçue adossée au mystère de l’adoption – comment peut on faire sien un enfant qu’on n’a pas conçu ou porté ? – la plupart des adoptions se déroulent bien. On a pris des précautions et du temps pour faciliter les rencontres; avec l’accompagnement de psychologues et de travailleurs sociaux on a parlé la démarche. Un accompagnement se fait ensuite pour dédramatiser cette nouvelle donne. Malgré cela il se peut, rarement somme toute, que l’échec soit à la clé. Désormais, en s’en donnant les moyens, on peut rompre de lien et en rechercher un autre.

L‘adoption transnationale – que beaucoup nomment adoption internationale – appelle à la plus grande vigilance dans la mesure où peuvent intervenir des intermédiaires ayant peu de connaissances de l’enfant adopté ou des « candidats à l’adoption ». Et puis disons le tout net, en arrière-fond – et pas si profondément – on entre dans des considérations financières. Par-delà les dédommagements pour les soins prodigués et l’entretien, il y a parfois les termes d’un marché de l’enfance.

Plus que jamais les révélations de Reuters doivent légitimer un accompagnement public à travers l’aide sociale à l‘enfance, service départementalisé, et la justice des enfants qui bénéficient d’une adoption. La procédure de sélection des personnes qui souhaitent adopter en France ou à l’étranger est indispensable. Cet agrément est déjà de nature à rassurer les autorités étrangères. Un contrôle judicaire à travers le parquet et le tribunal est nécessaire pour éviter les trafics et manipulations ; un soutien social sinon psychologique peut s’imposer dans les temps qui suivent l’accueil de l’enfant.

Tout simplement, en priorité l’adoption doit être réfléchie comme la réponse apportée à un enfant; subsidiairement on prendra en compte l’intérêt des adultes. Il n’y a pas de droit à adopter et il n’y en aura jamais ; en revanche tout enfant sans famille à la droit que la puissance publique se préoccupe de lui en rechercher une. Ces données de bon sens doivent être réaffirmées haut et fort quand certains voudraient voir consacré un droit à l’enfant et que trop pensent que les services de l’aide sociale à l’enfance ou les pays en développement recèlent d’innombrables enfants adoptables.

L’adoption d’un enfant doit se faire d’abord pour lui. Tant mieux si au passage elle répond au désir d’enfant de celui qui adopte. On ne doit pas changer systématiquement le nom de cet enfant et surtout nier son histoire. A l’adoption plénière qui substitue une filiation à une autre, Il faut préférer l’adoption simple qui ajoute un lien avec l’adoptant à la filiation première. Il faudra sûrement dans les temps à venir inventer un dispositif juridique qui offre la stabilité du lien créé et le respect du passé de l’enfant.

Il faudra aussi tenir un langage de vérité, donc une parole difficile à entendre : tous ceux qui aspirent à être parents n’y parviendront pas. Il ne faut pas leur donner de faux espoirs à travers une pseudo-réforme de l’adoption ni même un discours sur le recours tout azimut aux sciences de la vie. Les politiques d’aujourd’hui ne doivent pas renouveler les erreurs de ceux d’hier. Des frontières s’imposeront quand tout simplement elles n’existent pas du fait des ré alités de la vie. A défaut on fera à nouveau souffrir des personnes en manque d’enfants.

Alerté par l’enquête de Reuters, Yahoo! a immédiatement fermé le groupe en question. Facebook s’y est a refusé. Pour une porte-parole du réseau social, "Internet est un reflet de la société et les gens l'utilisent pour toutes sortes de communications, et régler tous types de problèmes, dont des soucis très compliqués comme celui-ci." C’est un autre débat que celui du rapport des réseaux sociaux avec la morale et l’éthique. Ici comme ailleurs avec la presse écrite, parlé ou audiovisuelle – il faudra bien que les pouvoirs publics nationaux et internationaux imposent des lignes rouges à ne pas franchir avec des sanctions à la clé comme l’attaque au porte-monnaie ou la mort civile.


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