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Ivre au volant, il tue son fils : deux ans de prison ferme

Actualités du droit - Gilles Devers, 6/11/2013

L’alcool au volant est un massacre. Vous voulez picoler ? C’est votre...

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L’alcool au volant est un massacre. Vous voulez picoler ? C’est votre vie, peut-être votre problème, mais ne le faites pas payer aux autres. Ce n’est pas plus compliqué.  

Hier, le tribunal de grande instance de Bourgoin-Jallieu (Isère) a jugé une de ces affaires dramatiques, liées à l’alcool. Une horreur, survenue le 4 octobre 2013 à Saint-Victor-de-Cessieu.

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Charles Degroux, Scène de cabaret, 1885-1887, Musée d'Orsay, Paris 

Il pleut, et on roule sur une ligne droite. Le conducteur, 37 ans, employé de mairie, explique avoir été gêné par les phares d’un véhicule venant en sens inverse. Il perd le contrôle de son véhicule, quitte la route, et percute un pylône. Il est choqué mais indemne. Son fils, 10 ans, est grièvement blessé. Il décédera cinq jours plus tard.

Les gendarmes enquêtent, et la cause est vite établie. Le père était bourré comme un âne : 2,79 grammes, cinq fois la limite autorisée. L’ivrogne a tué son fils.

Echanges entre le président du tribunal et le prévenu, rapportés par la presse :

- À quoi attribuez-vous cet accident ?

- Il pleuvait beaucoup, j'ai été ébloui par les phares d'une voiture 

- Et l'alcool ?

Le procureur intervient :  

- La route était droite, sans danger, sans obstacle et vous n'avez même pas freiné avant de percuter le pylône…

Au final, 4 ans de prison, dont 2 fermes, avec mandat de dépôt, et donc incarcération immédiate. Le permis de conduire est annulé, avec une interdiction de le repasser pendant cinq ans. Est en outre prononcée une obligation de soins et le versement de dommages et intérêts à la mère et aux membres de la famille de l’enfant.

Un massacre. Oui, un massacre.

Le père avait fait exploser toutes les limites : 2.79 grammes, c’est une cause d’hospitalisation pour ceux qui ne sont pas des alcooliques d’habitude.

Mais on ne peut ne satisfaire de cet accablement d’un homme, aussi grave que soit sa faute. L’alcoolisme au volant est une catastrophe, et je ne comprends pas pourquoi la loi ne retient pas  l’interdit pur et simple.

Depuis 1995, la limite est 0,5 gramme d’alcool par litre de sang. Entre 0,5 et 0,8 g/l, c’est une infraction sanctionnée par une peine d’amende forfaitaire et le retrait de 6 points. Au delà de 0,8 g/l, c’est un délit et on ajoute amende, peine de prison, ferme ou avec sursis, et suspension ou annulation de permis de conduire.

Je ne suis pas un adepte des théories hygiénistes, et boire un bon coup, même de bons coups, fait partie de la vie. Mais, ce choix perso ne doit pas rejaillir sur les autres, et il faut interdire toute consommation d’alcool quand on prend le volant.

La règle est que le conducteur doit assurer toute sa vigilance à la conduite. Or, toute consommation d’alcool crée une relâche.

De plus, et l’affaire de Bourgoin-Jallieu le montre, le risque est trop grand et seul l’interdit absolu peut éviter ce genre de drame. Il doit entrer dans la conscience commune qu’à partir du moment où on a bu une goutte d’alcool, il est interdit de prendre le volant, sous peine de prison.

Vive le bon vin, et vive la marche à pied, mais halte aux tueurs.

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Eugène Laermans, L'ivrogne, 1898, Musées Royaux des Beaux Arts de Belgique, Bruxelles


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