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Christiane Taubira invente l'action verbale

Justice au singulier - philippe.bilger, 20/03/2013

Touillez. Et vous obtenez Christiane Taubira.

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Odile Bertella-Geffroy est déchargée de ses fonctions et un réquisitoire contre X a enfin été ouvert dans le dossier Cahuzac par le parquet de Paris. Celui-ci comprendra peut-être un jour que l'instruction est faite pour découvrir la vérité et non pour la valider quand trois mois de polémiques politiques et médiatiques, avec une enquête diligentée tardivement, avaient déjà mis à mal la version du ministre du Budget (Mediapart, Le Monde).

La justice étant au coeur de ces troubles récents, je propose une énigme la concernant.

Imaginez une femme intelligente nommée ministre d'abord à cause de sa féminité.

Prêtez l'oreille à une parole talentueuse et apparemment spontanée qui, dans le désert politique, fait beaucoup d'effet.

Goûtez des commentaires, des explications, des pensées nobles, des banalités ornées, des bons sentiments progressistes, des dénonciations, un sectarisme élégant qui réjouissent la gauche.

Observez les socialistes qui hument avec volupté une odeur incomparable d'humanisme doctrinaire et d'idéologie, sous ses oripeaux cultivés, pure et dure.

Admirez l'aura parlementaire d'une personnalité saisie par la vanité et persuadée que le mariage pour tous sera du bonheur pour chacun et de la gloire à revendre pour elle.

Déplorez qu'en presque onze mois, aucun acte véritable n'ait été accompli à l'exception, et encore !, de la répudiation confortable mise en oeuvre ou annoncée de lois relevant de la "barbarie" sarkozyste.

Tournez en dérision un discours obsessionnel et biaisé sur la prison qui prétend tenir lieu de politique pénale et une conférence de consensus qui, pour garantir celui-ci, a soigneusement écarté les pensées contraires.

Constatez qu'un remarquable directeur de cabinet s'en est allé, que d'autres sollicités renâclent et que l'atmosphère générale dans le ministère n'est pas au beau fixe.

Craignez cette autorité qui fait le vide autour d'elle et se déguise en dialogue tronqué, fausse concertation et fréquentation des seuls inconditionnels et partisans.

Savourez la complaisance médiatique qui accompagne ce ministre dans son parcours seulement verbal et qui, paradoxalement, est d'autant plus nourrie que les intentions se satisfont d'elles-mêmes et qu'un vent philosophico-commodément contestataire met en émoi les journalistes, notamment Libération tombé en pâmoison.

Regrettez qu'un penchant irrésistible conduise cette femme à contredire à peu près systématiquement ce que l'un des rares ministres dignes de ce nom s'obstine à déclarer et à promouvoir pour que la gauche ne soit plus un songe creux et dangereux mais un humanisme efficace.

Dénoncez qu'en s'écoutant plus que le réel, en préférant les statistiques inventées par l'illusion aux données fournies par la raison, elle réduise à presque rien la grandeur de sa tâche.

Doutez qu'en consolant la gauche d'être obligée de ne plus l'être et en se lovant avec délices dans les habits de Badinter, elle donne à la France la Justice qu'elle attend et la rassure sur son avenir.

Regrettez que tant d'intelligence et de talent soit dévoyé et qu'on soit contraint sans cesse de se dire que, si le passé était médiocre, le présent n'en est pas embelli pour autant.

Touillez.

Et vous obtenez Christiane Taubira.


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