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Des félicitations publiques pour François Hollande !

Justice au Singulier - philippe.bilger, 20/04/2015

J'ai peur que celui-ci, tellement englué dans une démagogie qui lui fait supporter n'importe quoi pour l'unité même factice de son camp, soit capable, coupable d'obtempérer. Ce serait un scandale alors qu'il mérite, pour une fois, des félicitations publiques !

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Qu'on se rassure : je ne suis pas subitement pris d'une addiction me rendant totalement dépendant de notre président de la République.

D'autant plus que je ne l'ai pas trouvé à son meilleur chez Maïtena Biraben. Aimable certes - mais qui pouvait en douter ? - mais, sur le fond, gêné et même parfois creux. Il est dur de communiquer quand on n'a rien de plus à transmettre que la veille ou les semaines ou les mois précédents : attendre, attendre, espérer des résultats !

Ces félicitations publiques qui devraient lui être octroyées tiennent à autre chose.

On n'a pas toujours la chance au réveil, surtout un lundi, quand la machine humaine impose une mise en route, d'être empli d'une joie sarcastique. Qui a besoin d'un billet immédiatement rédigé pour qu'elle soit partagée avec d'autres.

Le président de la République a comparé le FN d'aujourd'hui à un tract du parti communiste français des années 70 et Pierre Laurent, sénateur, ancien directeur de L'Humanité, secrétaire général du parti communiste depuis 2010 et président du Front de gauche, s'est indigné. Comment François Hollande a-t-il osé ? (Le Figaro).

Aussi, il exige rien de moins que des excuses publiques de la part de notre président.

Il y aurait de quoi s'esclaffer si, au fond, cette injonction n'était pas révélatrice d'un monde politique sans pudeur et sans mémoire. Au lieu de se terrer, l'ignominie passée, dépassée ? - on n'en est plus si persuadé - se pavane. Ostensiblement.

D'abord, cette comparaison de François Hollande montre à quel point la métaphore du tract n'est pas si absurde que cela et je peux l'analyser, sans qu'il l'ait voulu, comme un hommage discret, implicite, involontaire à Gérald Darmanin qui le premier avait usé de cette image forte et signifiante au sujet de Christiane Taubira.

Ensuite, j'estime que le président de la République, avec une fulgurance dont il n'a pas abusé, confronté qu'il était à la délicieusement pugnace Maïtena Biraben, a ciblé une étrange mais plausible similitude entre le PCF d'alors et le FN de maintenant.

Une forme de dogmatisme et d'idéologie. Il y a plus de points communs entre les extrémismes sur le plan de la méthode et de l'approche intellectuelles et sociales qu'il n'y a entre eux d'antagonismes sur le fond.

Les ouvriers du PCF ont migré vers le FN et c'est une autre ressemblance qui, quoi qu'en aie Pierre Laurent, rapproche le premier du second. Leur électorat central est commun. L'un l'a perdu, l'autre s'en est enrichi.

Enfin, quelle honte d'entendre un Pierre Laurent exiger des excuses publiques !

Ce responsable politique ennuyeux comme la pluie, qui endort tant son début de phrase met du temps pour parvenir à sa fin, doucereux pour faire oublier, anesthésiant pour étouffer la lucidité, a l'audace, avec ce passé, avec cette tolérance pour le totalitarisme stalinien, ces dépendances internationales, cette information hémiplégique et partiale, cette orthodoxie de mauvais aloi, cette appropriation abusive et choquante des classes modestes, de prétendre à des excuses publiques ?

C'est se moquer du monde, de la démocratie et accessoirement du président de la République.

J'ai peur que celui-ci, tellement englué dans une démagogie qui lui fait supporter n'importe quoi pour l'unité même factice de son camp, soit capable, coupable d'obtempérer.

Ce serait un scandale alors qu'il mérite, pour une fois, des félicitations publiques !


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