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Une adhésion de seulement 28 minutes et puis...?

Justice au Singulier - philippe.bilger, 15/04/2020

Des pays ont commencé à déconfiner et à tort ou à raison nous paraissons à la traîne. En tout cas il ne faudrait pas que l'ambiguïté, propre à l'art politique, infecte la sauvegarde sanitaire qui exige le contraire. C'est au pouvoir de guider, en l'occurrence, le peuple et non l'inverse. Qui est anxiogène.

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L'événement est trop rare pour ne pas être salué. Le discours du président de la République, qui a duré 28 minutes, a majoritairement convaincu, et pas seulement les journalistes de BFM.

Mais, dès le lendemain, une sorte de débandade, de flou, des incertitudes et presque des inquiétudes supplémentaires. Comme si la date donnée pour la fin du confinement et l'indétermination des modalités du déconfinement, passé le moment miraculeux de l'allocution, avaient suscité plus de questions que d'apaisement.

Je ne m'en réjouis pas mais il faut nous comprendre.

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Le 14 avril Jérôme Salomon nous annonce le plus lourd bilan qui soit.

Christophe Castaner déclare que la date du 11 mai prévue pour notre "libération" n'est pas une certitude mais un objectif.

La réouverture des écoles, collèges et lycées est très fortement contestée et étonne même des professionnels de la santé qui ne la souhaitaient pas prioritaire et la jugent dangereuse. L'argumentation du président, sur ce plan, a été très étrange, il est vrai, puisqu'il a semblé reléguer le péril sanitaire susceptible d'affecter enseignants et élèves au nom d'une aspiration estimable mais prématurée à l'égalité sociale - inégalité qui n'avait pas commencé qu'avec le coronavirus ! (C News).

Le président de la République dément avoir été inspiré par le professeur Raoult.
Mais il nous le décrit comme un "grand scientifique" dont il va falloir tester la bithérapie.

Je ne suis pas persuadé que la confiance à l'égard du président s'attachait à ses avis de spécialiste médical qu'il n'est pas. Avec apparemment des appréciations fluctuantes au fil des semaines, tant l'Elysée voit prospérer une pléthore de conseillers dont les Français, je le crains, payeront les divergences.

Le ministre Blanquer, ajoutant du trouble à un engagement déjà difficile à tenir, précise que la "rentrée" le 11 mai ne sera pas obligatoire et donc laissée à la discrétion des parents et des familles.

Dans ce domaine, comme pour les masques dont la distribution relèvera de la responsabilité des maires dont certains ont tenté seuls d'accélérer les choses, on a l'impression que le pouvoir a beaucoup de mal à dégager une ligne claire. Son apparent pragmatisme au jour le jour nous déstabilise plus qu'il ne nous rassure. En fait, ce pouvoir, dépassé ou habile, laisse à la discrétion des maires et de la société civile, la charge opératoire des difficultés à résoudre...

Le seul espoir dans cette confusion qui a suivi immédiatement la clarté superficielle et l'adhésion de 28 minutes attachées au discours présidentiel, réside dans la future intervention du Premier ministre, promise avant le 11 mai, qui devrait fournir un mode d'emploi détaillé pour le déconfinement et ses modalités diversifiées.

Des pays ont commencé à déconfiner et à tort ou à raison nous paraissons à la traîne. En tout cas il ne faudrait pas que l'ambiguïté, propre à l'art politique, infecte la sauvegarde sanitaire qui exige le contraire. C'est au pouvoir de guider, en l'occurrence, le peuple et non l'inverse.

Qui est anxiogène.


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