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Guerre civile à ONPC

Justice au singulier - philippe.bilger, 27/10/2013

Ou faut-il aspirer à ce que la guerre civile permette de repartir à zéro ? La politique de la télévision brûlée !

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Eblouissante intervention, réponses profondes et argumentées d'Alain Finkielkraut (AF) à l'émission animée (?) par Laurent Ruquier "On n'est pas couché !" Parfois on se demande bien pourquoi.

Convié à s'exprimer sur son livre "L'identité malheureuse", AF a, avec un infini courage intellectuel, une qualité de langage indépassable et un art de la dialectique remarquable parce que fondé sur la conviction et la lucidité, magnifiquement porté haut le combat contre les "vigiles de la bien-pensance".

Et quel mérite il a eu !

Un Laurent Ruquier estimant nécessaire de se mêler au débat, de poser les questions "qui le dérangent" - il l'a répété -, mais en définitive inutile. Trop présent pour le peu qu'il offre. Il y a des silences aussi méritoires que la volubilité.

Un Aymeric Caron affligeant. Après l'avoir écouté, j'ai envie de copier Roger Nimier publiant en Une du magazine Opéra ce gros titre : "Surprise hier soir à l'Odéon : Barrault encore plus mauvais que d'habitude". Aymeric Caron, en effet, se surpassant dans la médiocrité, la condescendance - et celle-ci est forcément bête - et se permettant de s'adresser à un grand esprit comme s'il se parlait à lui-même. Lamentable prestation suffisante et étrangère à la richesse des problématiques abordées par le philosophe. Tous les téléspectateurs avaient compris - et même Ruquier - qu'il était peu pertinent de dénoncer l'islamophobie en France quand le nombre des mosquées et des salles de prière a considérablement augmenté, et pas seulement en Seine-Saint-Denis.

De plus, dans l'arc arabo-musulman, on ne peut pas soutenir que la réciprocité existe, bien au contraire, puisque des chrétiens sont persécutés et leurs lieux de culte parfois dévastés.

Je ne m'attarderai pas sur Aymeric Caron puisque par mégarde il nous a fait un aveu qui dit tout : il ne sait pas lire puisqu'il ne sait que lire entre les lignes où il n'y a rien. Et, en dépit de la coalition opportune contre Natacha Polony, sur ce plan comme sur d'autres, elle avait raison. La parfaite maîtrise du langage rend l'implicite moins évident puisque l'explicite est détaillé dans toutes ses finesses et complexités.

Natacha Polony - ce n'est pas une surprise - intelligente et au niveau. Interlocutrice capable d'analyser ou de répliquer. Elle n'avait pas lu entre les lignes mais les lignes, elle avait lu le livre. Quand l'invité est brillant, elle est trop seule en face de lui. Le clash devait survenir.

Ce qui a été extraordinaire - j'attendais ce moment depuis si longtemps - s'est produit quand la différence éclatante de classe et de pertinence entre elle et Aymeric Caron s'est enfin manifestée dans une querelle entre eux, dans une guerre civile qui a fait exploser la configuration convenue de cette émission qui, de chèvre et de chou, n'est pas drôle pour le divertissement et pas décisive sur le plan de la pensée sauf quand un Finkielkraut ou un BHL vient en relever la saveur et l'intérêt.

Les masques sont tombés et le verdict a été rendu.

Il ne s'agit même plus de nourrir des sentiments nostalgiques mais de souhaiter que ces empoignades continuent, s'aggravent, fassent exploser ce ONPC : le contraste entre deux contradicteurs n'a de sens que si l'un et l'autre proposent une valeur ajoutée, disposent d'un potentiel indéniable.

Je cherche ce qu'apporte Aymeric Caron. On ne peut pas déboulonner Ruquier. Mais lui est tout de même capable de se rendre compte qu'à force de ménager l'homme, il va détruire le couple.

Ou faut-il aspirer à ce que la guerre civile permette de repartir à zéro ?

La politique de la télévision brûlée !


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