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Je voudrais être le 142ème !

Justice au singulier - philippe.bilger, 11/10/2014

On va voir alors concrètement ce que valent les déclarations constantes de Claude Bartolone sur son courage intellectuel, son parler libre et son goût de vérité. On va voir si elles ne concernent que son propre camp, assez confortables donc au sein d'une mouvance peu ou prou acquise, ou si elles osent également porter le fer, stigmatiser l'absurdité et restaurer la justice au bénéfice de ceux qui le méritent même s'ils sont des adversaires politiques.

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Le ridicule ne tue plus en politique. Il déborde. Il se fait gloire.

Lors d'un débat sur la transition énergétique à l'Assemblée nationale, le 6 octobre, Sandrine Mazetier, vice-président présidant la séance, a infligé à Julien Aubert, député UMP du Vaucluse, une sanction le privant d'un quart de son indemnité parlementaire pour s'être adressé à elle en lui donnant le titre de "Madame le président" au lieu de "Madame la présidente".

Cette querelle aurait pu sembler seulement dérisoire si elle ne révélait pas la profonde dégradation de notre belle langue, ciment et unité d'un pays, sous l'effet d'une féminisation prétendument progressiste mais surtout grotesque.

Comme l'a rappelé ce député puni pour correction grammaticale et précision du vocabulaire, la "présidente" désigne l'épouse du président.

Surtout, dans un temps comme le nôtre, il n'est pas inutile de remettre en mémoire pour ceux qui auraient pu l'oublier et d'apprendre aux quelques-uns l'ayant toujours ignoré, que "le président" comme le "procureur" ou "le professeur" ne représente pas un hommage abusif à la masculinité mais "la neutralité par rapport au genre".

La mise à l'amende d'un élu du peuple pour un tel motif, alors que la France est plus qu'en crise et que l'Assemblée nationale se montre assez souvent sous un jour déplorable tant pour ce qui concerne ses aptitudes à l'écoute et au respect que pour la mesure et la dignité de ses joutes, constitue une véritable provocation qui va aggraver l'antiparlementarisme démagogique de beaucoup.

Ce totalitarisme bête est d'autant plus à dénoncer qu'il condamne dans un univers où la classe politique globalement entendue est loin de briller par sa parole et la qualité de son style. Il confirme ce délitement au lieu de s'y opposer.

Par ailleurs,le pouvoir de police de la présidence de l'Assemblée nationale s'exerce légitimement dès lors qu'est violée l'interdiction "de toute manifestation ou interruption troublant l'ordre". Dans ce cas, "est rappelé à l'ordre tout orateur qui trouble cet ordre".

En quoi l'interpellation du député Aubert peut-elle être assimilée à "un trouble de l'ordre" alors que tout au contraire, elle aspire à faire fond sur l'ordre du langage et que la mesure qui l'a frappé financièrement s'avère, elle, profondément, une cause de désordre ?

Le fait que les inspirateurs lointains de cette orthodoxie à rebours, de cette pantalonnade parlementaire aient été Laurent Fabius et Lionel Jospin explique peut-être le coup de force à la fois puéril mais signifiant de Sandrine Mazetier. Où va se nicher l'idéologie ?

A l'initiative de deux députés, François Fillon et Henri Guaino, auxquels la langue française, dans sa beauté et sa correction, n'est pas étrangère, 141 parlementaires ont adressé un appel au président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, pour qu'il annule la sanction prononcée et désavoue sa collègue socialiste Sandrine Mazetier (Le Figaro).

On va voir alors concrètement ce que valent les déclarations constantes de Claude Bartolone sur son courage intellectuel, son parler libre et son goût de vérité.

On va voir si elles ne concernent que son propre camp, assez confortables donc au sein d'une mouvance peu ou prou acquise, ou si elles osent également porter le fer, stigmatiser l'absurdité et restaurer la justice au bénéfice de ceux qui le méritent même s'ils sont des adversaires politiques.

Il a droit à une seconde chance après, sur ce plan, sa récente et décevante prestation médiatique où platement il a justifié et suivi l'injustifiable (France Inter). D'autant plus qu'il a écrit un livre ayant pour titre : "Je ne me tairai plus". On lui propose de le démontrer.

Je voudrais être le 142ème.


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