Actions sur le document

Le président Macron a tout appris et n'a rien oublié...

Justice au Singulier - philippe.bilger, 8/05/2017

Les élections législatives à venir seront passionnantes. Encore six semaines et on saura si ce président brillant, si intelligent et volontaire disposera pour son action d'une majorité cohérente et structurée ou s'il devra composer. Mais pour la politique aussi je suis persuadé qu'il a tout appris et rien oublié.

Lire l'article...

Les choses ont à peine commencé et pourtant déjà tout est dit.

Par la suite, bien sûr, notre nouveau président n'aura qu'une double obligation : gagner les élections législatives après avoir choisi un Premier ministre capable de mobiliser son camp et, surtout, tenir ses promesses. Il ajouterait ainsi une nouvelle corde à un arc clairement inédit.

Mais, avant d'aborder la prose politique, je voudrais évoquer la poésie de la soirée du 7 mai, l'esthétique quasiment parfaite de cette séquence si souvent décevante.

Loin de la Bastille et de la place de la Concorde. Au Carrousel du Louvre, une multitude de drapeaux tricolores, une foule enthousiaste mais sans excitation ni haine. L'hymne européen.

France-emmanuelmacron-louvre

Les députés socialistes le soutenant sans triomphalisme ni arrogance dans les débats.

Ce qui m'a frappé tient à cette évidence qu'Emmanuel Macron président de la République a tiré toutes les leçons et rien oublié des péripéties concernant ses prédécesseurs. Il a même intégré tout ce qui lui avait été reproché au soir du premier tour, aussi bien pour la Rotonde que pour la présence de son épouse sur la scène avec lui.

Qu'on ait voté pour Emmanuel Macron ou non, on ne peut que constater l'absence de toute faute de goût, de toute vulgarité, la constance d'une élégance dans le fond et la forme, en particulier avec son remarquable et exemplaire premier discours tout imprégné d'esprit républicain et de la volonté de ne laisser aucune fraction ou faction de la communauté nationale sur le bord du chemin. Je sais bien que chaque président élu exprime qu'il est le président de tous mais avec Emmanuel Macron ce n'était plus une banalité qui était proférée mais une authenticité parce qu'elle correspondait à sa vision politique et sociale, à son exigence sincère de rassemblement et à sa personne même.

Cette soirée du 7 mai, en ce sens, n'a ressemblé à aucune autre et, par exemple, comparer la marche d'Emmanuel Macron seul avec celle de François Mitterrand au Panthéon avec sa rose est absurde sauf à considérer que la componction, l'absence de naturel, le pompeux enflé et le narcissisme avaient quoi que ce soit à voir avec la démarche de classe sobre et sans affectation du 7 mai.

18341654_2277311655826642_2358962143511286419_n

Son second discours destiné à ses partisans, à visée moins universelle, a montré les forces et les faiblesses, mais si peu critiquables, du nouveau président quand il s'abandonne à un propos à la fois préparé et spontané et que l'émotion domine. Il nous a répété cinq à six fois que la tâche allait être "immense". Rien de plus exact mais comme ce n'était pas un effet de style, c'était trop !

Quand il a rassemblé autour de lui son épouse belle et émue, leur famille et leurs proches et que tous ont chanté notre hymne national, pas l'ombre d'une indécence ni d'une appropriation choquante. On éprouvait presque une tendresse civique, en lui recommandant toutefois d'arrêter ces clins d'oeil qu'il affectionne !

Brigitte-macron-vuitton

La cérémonie du 8 mai, grâce au président Hollande, a été une superbe illustration de ce que la France sait faire de mieux quand le rituel démocratique la gouverne et qu'en plus une forme d'affection le régit (France 2)

XVM3175bdbc-33d1-11e7-9d3a-591a0cf12696-805x453

Le 11 et le 18 juin, les élections législatives se dérouleront et j'espère que le pays ne sera pas accablé par une saturation politique mais qu'il votera en masse alors que l'élection présidentielle, avec l'abstention, les votes blancs et nuls, a permis à quelque 16 millions d'électeurs de demeurer sur la touche ou de contester le jeu.

Confirmeront-elles la victoire du 7 mai si on a raison de prêter de la cohérence au peuple français qui a démontré pourtant qu'il raffolait de la cohabitation et qu'un sondage montre une très forte opposition à ce que le parti présidentiel ait une majorité absolue ? Les Français ne détestent pas brûler ce qu'ils ont adoré. Seront-ils tentés de se contredire face à l'effarement d'avoir donné jour à un président aussi jeune et d'avoir procédé à une telle rupture par rapport à l'ordre traditionnel ?

Pour LR, sera-t-il facile, après avoir voté pour Emmanuel Macron pour faire battre Marine Le Pen, d'endosser avec détermination et d'assumer sans état d'âme l'alternative d'une opposition modérée au projet présidentiel par rapport à celle extrémiste du FN ?

Pour les socialistes, choisiront-ils de demeurer dans leur pré carré réduit ou accepteront-ils de faire partie de la majorité présidentielle pour sauver ce à quoi ils croient, avec la part de gauche irriguant son programme ? En tout cas on n'a pas été déçu d'apprendre que Najat Vallaud-Belkacem s'en tiendrait exclusivement au PS !

Le FN, paraît-il, changera profondément, pas seulement de nom. C'est ce qu'a annoncé Marine Le Pen mais les effets de sa victoire très amère ou de sa défaite cinglante - selon que l'on s'attache à l'augmentation de ses voix au second tour ou à ses espérances déçues - lui laisseront-ils encore un pouvoir prépondérant? L'alliance avec Nicolas Dupont-Aignan va-t-elle ouvrir la voie, il aurait été alors une sorte d'éclaireur à l'union des droites, ou ne sera-t-elle qu'un feu de paille laissant l'extrémisme dans sa solitude et son opposition jusqu'au boutistes ?

Les élections législatives à venir seront passionnantes. Encore six semaines et on saura si ce président brillant, si intelligent et volontaire, disposera pour son action d'une majorité cohérente et structurée ou s'il devra composer.

Mais pour la politique aussi je suis persuadé qu'il a tout appris et rien oublié.


Retrouvez l'article original ici...

Vous pouvez aussi voir...