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Procès de la fusillade de Sartène: la détresse de l’ami qui a trop parlé

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 17/05/2014

Il fait peine, Jean-Pierre Tomasi. Seul des trois accusés à comparaitre libre au procès de la fusillade de la place Porta à Sartène, il est poursuivi pour avoir accueilli chez lui François Ettori alors que celui-ci, soupçonné d'être le second … Continuer la lecture

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Il fait peine, Jean-Pierre Tomasi. Seul des trois accusés à comparaitre libre au procès de la fusillade de la place Porta à Sartène, il est poursuivi pour avoir accueilli chez lui François Ettori alors que celui-ci, soupçonné d'être le second tireur de la tentative d'assassinat contre Pierre Balenci, était en fuite juste après les faits du 4 septembre 2010. « Recel de malfaiteur » traduit le code pénal. Mais ce que la justice lui reproche n'est rien à côté de ce qu'il se reproche à lui-même.

Ce père de cinq enfants, artisan maçon, est un ami de Jacques et François Ettori. Il a aussi un chien, un dalmatien, qui est la cause de bien des malheurs. Lors de l'interpellation de François Ettori, dans l'après-midi du 4 septembre, les enquêteurs avaient saisi tous les vêtements qu'il portait, dont une paire de chaussettes. Et sur ces chaussettes, ils avaient trouvé des poils d'origine canine, alors que la famille Ettori ne possède pas de chien. Peu de temps après, un renseignement anonyme indiquait aux gendarmes que François Ettori s'était arrêté chez Jean-Pierre Tomasi. Prélèvement de quelques poils du dalmatien, expertise génétique en urgence, bingo! Les poils du chien ont la même empreinte génétique que ceux retrouvés sur les chaussettes. En garde à vue, Jean-Pierre Tomasi reconnaît que son ami est bien passé ce matin là. "Il m'a demandé s'il pouvait se changer, il est allé dans la salle de bains, il est resté deux à trois minutes et il est reparti". Surtout, raconte-t-il, François Ettori lui a dit en arrivant "Jacques est mort sur la place"  et il a ajouté: "J'étais avec lui."

Des mots de trop. Des mots qu'il ne se pardonne pas d'avoir prononcé car ils constituent le principal obstacle dans la défense de François Ettori. En effet, à l'heure de sa visite, personne ne connaît encore l'identité de l'homme mort sur la place Porta. Personne, sauf un complice. La scène de crime a été gelée dans les minutes qui ont suivi la fusillade et le masque en latex qui recouvrait le visage de la victime n'a été retiré qu'à 11H30. François Ettori est coincé. Il finit par reconnaître être passé chez Jean-Pierre Tomasi "pour aller aux toilettes" et après des déclarations évolutives, annonce à l'audience avoir appris la mort de son frère par une "personne" rencontrée sur le chemin. "Je pense que cette personne était celle qui était avec mon frère", dit-il. Au président, puis aux deux représentants de l'accusation, Nicolas Hennebelle et Julie Colin, qui le harcèlent de questions sur l'identité de cet informateur, il fait cette réponse d'anthologie: "Je ne veux pas dire le nom de la personne pour qu'elle ne subisse pas des représailles de la part de personnes."

Jean-Pierre Tomasi, tête rentrée dans les épaules, voit son ami se noyer. Au psychiatre qui l'a examiné pendant l'enquête, il avait confié: "J'aurais pas dû parler. Toute la famille Ettori m'en veut". Le président lui demande : "Comment savez-vous que la famille Ettori vous en veut? " Il hausse les épaules : "C'est la logique, chez nous." 

 

 

 


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