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Orsoni: quand Me Herzog demande conseil sur… les écoutes téléphoniques

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 29/05/2015

Cela fait déjà quelques heures que le commissaire de police Pirard détaille devant la cour et les jurés d’Aix-en-Provence les résultats de son enquête sur la téléphonie dans l’un des deux assassinats en bande organisée reprochés aux accusés du procès … Continuer la lecture

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Cela fait déjà quelques heures que le commissaire de police Pirard détaille devant la cour et les jurés d’Aix-en-Provence les résultats de son enquête sur la téléphonie dans l’un des deux assassinats en bande organisée reprochés aux accusés du procès Orsoni. Comme dans la plupart des dossiers de règlements de comptes, les investigations pour identifier les lignes téléphoniques utilisées par les accusés, puis pour repérer les bornes qu'elles ont déclenchées le jour de l’assassinat, ont été longues et fouillées. Elles constituent l’un des principaux éléments sur lesquels s’appuie l’accusation pour accréditer la thèse de la bande organisée. Pour les avocats de la défense, le moment est donc stratégique.

Il y a là tout ce que les barreaux de Paris, de Lille, de Marseille et d’Ajaccio comptent de pénalistes chevronnés. Me Hervé Temime, qui défend Guy Orsoni, a notamment retrouvé dans la salle des assises du palais de justice d’Aix-en-Provence ses confrères Eric Dupond-Moretti, Philippe Dehapiot et Thierry Herzog.

Me Herzog a un peu hésité à rester dans ce dossier. Mis en examen depuis 2014 pour "corruption active"," trafic d’influence" et "recel de violation du secret de l’instruction" sur la base d'écoutes des conversations téléphoniques qu'il a eues avec Nicolas Sarkozy, il n’entend plus de la même manière les expressions de « lignes officielles », « lignes occultes » - les désormais fameux « TOC » auxquels l’ancien président de la République, alias Paul Bismuth, et son avocat avaient eu recours. Et il sait bien, Thierry Herzog, que parmi les confrères qui l’entourent, ils sont plusieurs à se demander s’il va oser intervenir sur ce sujet devenu particulièrement sensible pour lui.

Presque tous les avocats de la défense ont pris la parole, il est déjà tard, ce jeudi 28 mai, quand Me Herzog se lève. Il commence par poser quelques questions au policier puis il lit devant la cour et les jurés la retranscription d’une conversation téléphonique intéressante pour la défense de son client.

L’enquêteur se retourne et lui lance :

- Maître, vous savez bien que cette conversation a été interceptée !

- Oui, et alors ? Il s'agit d'une ligne officielle. 

- Justement. Ceux qui parlent peuvent se douter qu’ils sont sur écoutes.

- Oui. Je connais le problème... dit Me Herzog, sans se départir de son sérieux. De la même voix ferme, il poursuit :

- Mais alors quelle ligne utiliser ? Celle du TOC, la ligne officielle ? Si vous avez un conseil, je suis preneur…

Sur les bancs de la défense où l’on retenait son souffle, un premier fou rire éclate, qui entraîne celui de l’avocat général Pierre Cortès, du président de la cour d’assises Patrick Vogt, gagne les jurés, les accusés, leur escorte dans le box et les policiers assis au fond de la salle. Me Herzog se rassoit parmi ses confrères, heureux et soulagé d’être redevenu ce pénaliste ordinaire capable de se moquer de l’avocat de Nicolas Sarkozy.


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