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Anémone, une fleur amère...

Justice au Singulier - philippe.bilger, 23/12/2017

Anémone vit la moitié de l'année au Portugal. Pour des raisons fiscales ?, l'interroge le journaliste qui a du cran. Elle réagit : "Ca ne vous regarde pas ! Non, parce que j'aime le Portugal". Peut-être un zeste de normalité, une touche d'hypocrisie ? Même chez Anémone, cette fleur amère.

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Quel massacre ! Tout y passe et rien ne trouve grâce à ses yeux et pour son esprit ! Son fiel peut être étincelant mais surtout très aigre.

L'entretien qu'Anémone a donné au Parisien fait naître comme une sensation gênante chez le lecteur. Il ne devrait pas avoir à lire ça, c'est trop personnel, trop secret, ce sont des frustrations et des lucidités trop éprouvantes aussi bien pour celle qui les profère et les ressent que pour ceux qui en deviennent les voyeurs.

Il serait cependant trop facile d'écarter la vigueur de ses dégoûts et l'acrimonie de ses critiques en les mettant exclusivement sur le compte d'une carrière terminée et peut-être déçue, d'une personnalité qui a toujours tranché par son verbe atypique et sans concession dans un monde qui préfère plutôt les consensus mous et gratifiants.

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J'avoue que n'étant pas précisément un tiède, je m'attache avec bonheur à certaines de ses détestations - par exemple des autographes, ce "fétichisme à la con"... Mélenchon, c'est un vieux politicard en tout cas. La politique, c'est un concours de crétins et de menteurs..."

Et à son pessimisme qui n'est pas feint, quasiment apocalyptique : "Oui, il est trop tard et ça fait longtemps. Cela va aller de pire en pire. Il n'y a plus d'eau, les sols crèvent, on va sûrement avoir des épidémies, des famines, une guerre nucléaire", et si ancré qu'elle refuse les souhaits : "Rien, c'est bon, merci".

La nuance n'est pas son fort, on le comprend.

Pourtant, sortant avec une allégresse acide de tout ce qui nous a mobilisés ces dernières semaines et jetant une pierre brutale dans nos adorations et nos deuils récents, je ne suis pas sûr, si je prends mon exemple, qu'elle ne soit pas, au fond de chacun de nous, la part infime, iconoclaste, audacieuse, transgressive, provocatrice et sans illusion que notre passion et notre ferveur collectives ont semblé un temps étouffer. Peut-être a-t-on tous en nous quelque chose d'Anémone...

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Quand son sarcasme s'aventure jusqu'à prévoir, après Jean d'Ormesson et Johnny Hallyday, "des funérailles nationales", le moment venu, pour Marc Lévy, on rit, on juge qu'elle exagère mais cette dérision ne nous est pas absolument étrangère...

Lorsque Johnny est dans son violent collimateur et qu'elle s'interroge sur lui : "Il a fait quoi ? A part se déguiser et mentir ? Voter à droite et fuir le fisc ? Il n'a fait que se marier, divorcer, se marier. c'était un pantin médiatique", je pressens dans mon entourage et peut-être chez certains de mes commentateurs une voluptueuse approbation de cette charge que peut-être ils n'ont pas osé exprimer.

Après la lecture de cette page on est comme groggy, étouffé par un excès de sincérité.

Heureusement on revient sur terre grâce à un détail.

Anémone vit la moitié de l'année au Portugal. Pour des raisons fiscales ?, l'interroge le journaliste qui a du cran. Elle réagit : "Ca ne vous regarde pas ! Non, parce que j'aime le Portugal".

Peut-être un zeste de normalité, une touche d'hypocrisie ?

Même chez Anémone, cette fleur amère.


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