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S.I.Lex va devenir un livre (mais on a besoin de vous !)

– S.I.Lex – - calimaq, 19/02/2018

Précision préalable : ceci n’est pas un énième appel à financement participatif destiné à vous faire mettre la main à la poche pour aider à la réalisation d’un livre. J’ai néanmoins quelque chose à proposer aux lecteurs de ce blog, mais de bien plus intéressant – à mon sens – que de participer à un …

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Précision préalable : ceci n’est pas un énième appel à financement participatif destiné à vous faire mettre la main à la poche pour aider à la réalisation d’un livre. J’ai néanmoins quelque chose à proposer aux lecteurs de ce blog, mais de bien plus intéressant – à mon sens – que de participer à un crowdfunding. Lisez la suite pour savoir de quoi il s’agit !

Image par Anastasia Zhenina. CC0. Source : Unsplash.

Avant d’aller plus loin, il faut que je rappelle que ce blog entretient des rapports assez complexes – je dirais même conflictuels – avec la forme du livre. En réalité, S.I.Lex est indirectement né d’un livre, paru il y aura 10 ans (déjà…) cette année. Lorsque je suis sorti de l’ENSSIB (l’École Nationale Supérieure des Science de l’Information et des Bibliothèques, qui forme les futurs conservateurs), l’établissement m’a proposé de transformer mon mémoire de recherche en un ouvrage. Le projet a pris corps et en 2008 est paru aux Presses de l’ENSSIB Bibliothèques numériques : le défi du droit d’auteur, livre qui a connu plusieurs tirages (et disponible aujourd’hui en Libre Accès ; merci au passage à l’éditeur pour cela !).

Avec le recul, je me rends compte que cette expérience a beaucoup compté pour moi, dans la mesure où elle m’a paradoxalement apporté à la fois une confirmation et une frustration. Confirmation d’abord, car le processus d’écriture qui a conduit à ce livre m’a convaincu à l’époque que j’avais des choses à dire sur les questions de droit et de numérique, en me donnant confiance dans ma capacité à les exprimer. Mais d’un autre côté, je me suis aussi senti affreusement contraint par l’espace même du livre, et notamment par l’obligation d’arrêter une forme à un instant T, alors que les questions juridiques sont par définition en perpétuelle évolution. Je me souviens notamment qu’il avait été difficile – presque douloureux – de donner à l’éditeur le bon à tirer, car il survenait toujours un événement, une actualité, une jurisprudence, une polémique que je voulais commenter en l’intégrant au livre…

De ce sentiment d’inachèvement est née la pulsion qui m’a conduit à ouvrir ce blog en 2009, quelques mois après la parution de l’ouvrage, car la forme du carnet en ligne est précisément celle qui rend possible une écriture toujours ouverte, à même de traiter sur la durée des thèmes récurrents en les actualisant au gré des événements. Si bien que je me sens à présent en tant qu’auteur intrinsèquement lié à ce blog , car c’est pour moi le moyen idéal de construire et de dérouler ma pensée en utilisant la dynamique même du droit comme un moteur pour l’écriture.

Mais de manière assez paradoxale, ce blog cherche aussi depuis longtemps à retrouver le chemin du livre… sans y parvenir ! Dès 2012, des éditeurs m’ont adressé des propositions pour publier sous la forme d’un ouvrage une compilation de billets. A l’origine, je voyais plutôt d’un bon oeil ce type de projets, car si le blog a ses avantages, il a aussi quelques faiblesses. Un livre permet notamment de poser une somme et de dégager par la réorganisation des contenus une cohérence, là où l’accumulation des billets dans le flux rend le schéma d’ensemble difficilement perceptible pour les lecteurs.

Il y a d’ailleurs des exemples convaincants parus récemment de migrations de blogs vers des livres. On peut penser par exemple à l’Appétit des Géants (C&F; Editions) d’Olivier Ertzscheid, une synthèse de ses billets publiés depuis des années sur Affordance.info ou encore l’ouvrage Médiation numérique des savoirs (ASTED) écrit par Silvère Mercier et Lionel Dujol à partir des notions patiemment forgées sur leurs blogs respectifs. Dans un registre un peu différent, on peut aussi citer le livre Celui qui voulait changer le monde (Editions B42), réalisé à titre posthume à partir d’une sélection des billets du blog d’Aaron Swartz.

Si la formule du retour au livre a donc réussi à d’autres, ce type de projets s’est toujours heurté en ce qui me concerne à une sorte d’impossibilité « structurelle », à cause du maillon faible de la chaîne : moi-même ! J’ai bien dû recevoir au fil des années au moins cinq propositions différentes d’éditeurs pour réaliser un livre à partir de billets, mais toutes ont échoué, et ce pour deux raisons. D’abord, on ne peut pas vraiment compiler tels quels des billets de blog, car ceux-ci sont en général écrits à partir d’un contexte donné et en réaction à une actualité, ce qui nécessite une réécriture (ou au moins une recontextualisation) pour pouvoir les intégrer dans un livre. Or tout cela prend du temps – voire même énormément de temps – et c’est précisément la chose dont je manque le plus au monde. Travailler sur un livre nécessiterait sans doute que j’arrête de publier des billets pendant quelques temps, chose que je ne peux faire sans me mettre rapidement à suffoquer… Dès lors l’équation devient insoluble, car compiler ce blog dans un livre finirait par dévorer S.I.Lex lui-même, ce à quoi je ne peux me résoudre (oui, j’assume une certaine forme d’addiction…).

La seule chose pour laquelle j’arrive à me détourner temporairement du blog, ce sont des articles de revues, des chapitres de livres ou des tribunes de presse, bien que cela nécessite que je me fasse violence, car je ne retrouve jamais dans ces modes d’écriture le plaisir que j’ai à enchaîner des billets. J’en étais là jusqu’à ce que l’ENSSIB me fasse à la fin de l’année dernière une proposition extrêmement intéressante qui pourrait bien débloquer la situation.

Si l’auteur est le principal obstacle à la réalisation d’un livre à partir de ce blog, alors qu’à cela ne tienne : il suffit de s’en passer ! Surtout que c’est juridiquement possible avec S.I.Lex, puisque j’ai placé ce blog sous licence CC0, c’est-à-dire que j’ai volontairement accepté de le verser par anticipation dans le domaine public pour que d’autres puissent en faire de nouvelles choses. L’ENSSIB propose donc qu’une équipe éditoriale réalise un livre à partir de ce blog pour sa nouvelle collection d’Ebooks intitulée « La Numérique », dirigée par Muriel Amar, et que l’établissement présente ainsi sur son site :

Collection créée en 2016, « La Numérique » modifie son périmètre à partir de 2017 : elle devient un cadre d’édition pour des textes numériques experts et engagés. Exclusivement numérique et entièrement gratuite, elle prend au sérieux et le numérique et le gratuit, soit : la recontextualisation de productions issues du web d’une part et la vitalité des contributions volontaires d’autre part.

L’idée de base m’a immédiatement parue excellente (et merci encore à Muriel Amar de l’avoir proposée !), car elle s’inscrit intrinsèquement dans le paradigme du Web et de l’Open Access. Mais le meilleur reste encore à venir, car il s’agit d’aller jusqu’au bout de la logique de la licence CC0 en proposant aux lecteurs de ce blog de l’écrire eux-mêmes, ou du moins d’y contribuer significativement !

Pas de Copyright sur S.I.Lex, mais la licence CC0 (image par Nadine Shaabana. CC0. Source : Unsplash)

L’idée de l’équipe éditoriale qui s’est rassemblée pour réaliser ce projet consiste à proposer des « parcours de lecture » à travers les billets de ce blog que des personnes le fréquentant pourront suggérer, en les accompagnant d’un commentaire. C’est donc un mélange de compilation, de curation et d’éditorialisation qui devrait donner naissance à ce livre d’un genre assez nouveau (une sorte de livre d’or 2.0 ?). Et quelle est ma place dans ce dispositif ? Et bien aucune ! En choisissant la licence CC0, je me suis comme déjà absenté par avance de mon « oeuvre » pour la rendre la plus disponible possible. Je n’aurai pas de droit de regard, pas de droit d’auteur, et pas même de droit moral à faire valoir dans ce projet ! Mais je suis certain que c’est de cette manière – dans la pleine confiance accordée à ses porteurs – que ce livre pourra voir le jour, car j’ai été pour l’instant le principal obstacle à ce qu’il se réalise…

Les Presses de l’ENSSIB me demandent donc de relayer l’appel à contributions reproduit ci-dessous en direction des lecteurs de ce blog :

Les Presses de l’enssib éditent La Numérique, 100% numérique et gratuite, une collection qui engage le web et les bibliothèques, dirigée par Muriel Amar.

Un projet de publication est en cours autour du blog S.I.Lex pour le faire redécouvrir à travers le regard et l’intérêt de chacun.e. Cette éditorialisation du blog est portée par un collectif de bibliothécaires et d’enseignant.e.s-chercheur.e.s.

Pour contribuer à l’enrichissement de cet ebook, nous souhaitons associer quelques lecteurs et lectrices du blog. Si un billet, plusieurs, une série ou une lecture continue vous a marqué.e, transformé.e, intrigué.e, agacé.e… nous vous proposons de rédiger un « billet de lecteur » selon la nature de votre lecture des billets.

Seront privilégiés :

– L’exemple d’une lecture qui a permis une réutilisation concrète dans le cadre professionnel

– L’exemple d’une lecture de type veille/autoformation au domaine juridique

Si le projet vous intéresse vous êtes invité.e à prendre contact avec nous avant le 15 mars, en indiquant qui vous êtes et ce que vous souhaitez partager avec le collectif.

Contact : Sarah Clément : sarah.clement@parisnanterre.fr et Catherine Jackson : catherine.jackson@enssib.fr

***

Comme je le dis souvent, les libertés offertes dans le cadre des licences libres n’ont de sens que si elles sont effectivement utilisées. Il n’y a donc rien qui aurait plus de valeur à mes yeux que si un livre naissait à partir de ce blog en s’appuyant sur les droits d’usage que j’ai ouverts avec la licence CC0.

Je vais terminer en pastichant Stéphane Mallarmé : «Le monde est fait pour aboutir à un beau livre», disait-il. Ce blog était aussi fait pour aboutir à un beau livre, mais… à condition qu’il soit écrit par ses lecteurs ! C’est à vous à présent de rendre ce projet possible et je m’engage en retour à continuer à publier des billets sur S.I.Lex, aussi longtemps que j’en aurai la force !


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