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Le Mur des cons, l'Arc de Triomphe dévasté : un double cataclysme...

Justice au Singulier - philippe.bilger, 4/12/2018

Le procès du Mur des cons : enfin ! La destruction de l'Arc de triomphe : une profanation et une violation qui en disent long.

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L'actualité qui sait être à la fois tragique et ironique a réuni, pour le pire, deux événements : le procès de l'ancienne présidente du Syndicat de la magistrature (SM) pour injures publiques à la suite de ce qu'il a été convenu d'appeler le Mur des cons révélé en 2013 grâce à un journaliste clairvoyant qui comme souvent, dénonçant le scandale, a été jugé fautif (Le Figaro); la dévastation le 1er décembre de l'Arc de Triomphe par une bande de casseurs d'habitude venus des banlieues parisiennes, d'ultra-gauche déguisés en Gilets jaunes, ou de Gilets jaunes authentiques.

Bien sûr ces deux épisodes ne sont pas de même nature, n'ont pas la même gravité mais révèlent, chacun à leur manière, un changement radical du terreau et de la décence français.

Pour le premier, il a fallu attendre le début du mois de décembre 2018 pour que cette affaire bouleversante au sens propre pour une part importante de la magistrature et la société mais éclairante sur quelques énergumènes du SM, puisse être enfin jugée. Elle a bénéficié de toutes les subtilités dilatoires de l'état de droit qui donne souvent l'impression aux citoyens que l'urgence judiciaire est inversement proportionnelle à l'ampleur du trouble causé à l'opinion publique et aux fondements de la démocratie.

Le Mur des cons n'est pas une offense capitale à l'image de la Justice et à la République parce que j'y suis et que je m'en félicite. Pour être sincère je ne raffole pas de certains compagnonnages mais je m'honore de me voir en robe rouge d'avocat général coexister avec des parents de victimes assassinées.

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Ce qui a été commis là avec ce panneau et cette impudence à la fois bête et provocatrice a constitué un moment clé de l'Histoire judiciaire française, faisant presque oublier par son odieuse singularité, partialité et abjection Outreau et ses sinistrés.

Ce Mur qu'on a osé qualifier de pochade a ouvert une période où non seulement la magistrature - à cause du SM et bien au-delà de lui - n'a plus pu plaider son absence de politisation mais où, dans son ensemble, en dépit des protestations et de la bonne foi de beaucoup, elle a été mise en cause, réputée injuste et décrétée partisane. Son acquittement est devenu inconcevable.

2013 : un choc judiciaire, une indignation populaire.

La dévastation de l'Arc de Triomphe, dans son genre, est une horrible "première".

On peut trop vite l'oublier en s'obsédant sur les réponses à donner à la crise inouïe qui agite la France tout entière et sur une haine qui, ciblant exclusivement le président de la République, et avec quelle grossièreté, frappe par son caractère absolument inédit. Il ne s'agit plus de politique mais de ressentiment profond.

Pourtant le gouvernement n'a pas eu besoin de suivre les conseils de Jean-Pierre Raffarin toujours très original ! - il faut dialoguer avec les Gilets jaunes (mais avec quels représentants et seront-ils présents ou non ?) - pour enfin lâcher du lest. Encore une démonstration de la justesse de cette pensée à la fois philosophique et sociale : pourquoi attend-on d'être au fond du trou pour se demander comment on est arrivé au bord ?

Le Premier ministre a annoncé le gel des tarifs de l'électricité et du gaz, un moratoire sur sur le carburant et un allègement du contrôle technique. C'est tard, j'espère que ce n'est pas trop tard et que la masse des Gilets jaunes en même temps soutenue et honorable saisira ce recul intelligent qui lui est offert. C'est bien mieux que rien et le quotidien modeste de beaucoup sera un peu soulagé (Morandiniblog).

La souillure de l'Arc de Triomphe n'est pas l'un de ces débordements inévitables et suscitant une indignation à la fois vive et résignée - c'est nul mais on n'y peut rien ! - que des manifestations parisiennes ont connus, pratiqués et fait subir. C'est une dévastation qui marquera comme une césure entre une démocratie même exacerbée, voire dévoyée et une sauvagerie non républicaine, l'amnésie et la fureur obtuses de brutes cassant pour le plaisir et s'attachant à détruire notre suprême symbole national - avec ce Soldat inconnu quintessence de tous nos héros anonymes et sacrifiés pour le futur, le nôtre - avec une rage ostensible, une visibilité arrogante et une impunité assurée d'elle-même.

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Quand on dévaste l'Arc de Triomphe, on n'est plus dans la communauté nationale. On la hait ou on n'aspire qu'au vertige chaotique et incendiaire d'un internationalisme de la violence et de la subversion.

On m'a amusé avec la tentative d'impliquer l'ultra-droite - elle peut être inepte et agressive mais en général elle hypertrophie plus les symboles nationaux qu'elle ne les brise alors que l'ultra-gauche, porteuse d'une dérision révolutionnaire, ne va pas pleurer sur des destructions qui saccagent l'emblème d'une société que même au repos elle aspire à mettre à bas.

Le procès du Mur des cons : enfin !

La destruction de l'Arc de Triomphe : une profanation et une violation qui en disent long.

Les responsables et les coupables de ce double cataclysme seront-ils impunis ?


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