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Des intellos contre Emmanuel Macron l'intellectuel !

Justice au Singulier - philippe.bilger, 20/10/2017

Et des intellos anti-Macron lui feraient peur alors qu'il ne leur est pas inférieur mais qu'il préside ?

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Il paraît qu'il y aurait de vrais anti-Macron si on lit bien Valeurs actuelles, et donc de faux en toute logique. Parmi ces derniers, je n'en connais aucun.

Pour les premiers, il y aurait Eric Zemmour, Michel Onfray, François-Xavier Bellamy, Mathieu Bock-Côté et Alain Finkielkraut - avec les réserves que celui-ci a vigoureusement exprimées le 19 octobre sur France 2 et qui visent à le dissocier d'une hostilité systématique à l'égard du président de la République.

La couverture de l'hebdomadaire met en avant en effet "Les vrais anti-Macron - Ils parlent identité, immigration, islam... Zemmour, Finkielkraut, Onfray, cette opposition qu'il rêve de voir disparaître".

Onfray

Je ne méconnais pas l'importance de ces thèmes. J'ai apprécié que durant le débat ayant suivi la mauvaise Emission politique avec une Marine Le Pen clairement en chute libre sur les plans politique, technique et médiatique, personne n'ait discuté cette problématique capitale qu'est l'identité française, sur tous les plans où celle-ci doit se manifester et être défendue ; mais seulement souligné la difficulté de rechercher des moyens honorables pour la sauvegarder.

Comment peut-on, de bonne foi, concevoir que ces interrogations lourdes, ces inquiétudes lancinantes qui structurent l'esprit public et la quotidienneté citoyenne puissent demeurer étrangères à la personnalité politique, au président de la République qu'est Emmanuel Macron (EM) ? Il est permis de discuter les réponses qu'il donne, l'apaisement qu'il tente d'instiller en dépit de l'affichage d'une fermeté et intransigeance régaliennes mais en aucun cas de douter de sa compréhension des arêtes vives qui font mal à la communauté nationale par le sentiment de délitement qu'elles inspirent.

Aussi il me semble que les analyses de VA sont un peu courtes car demeurant dans le registre politique elles font l'impasse sur un antagonisme central, qui oppose plutôt des intellos à Macron l'intellectuel.

v qu'une forme de jalousie, de susceptibilité existe de la part des premiers à l'égard d'une personnalité qu'ils savent à leur hauteur, et, sur le plan intellectuel et culturel, au-dessus de ses prédécesseurs. EM ne les regarde pas assez, ne les écoute pas suffisamment, il a son monde qui n'est pas le leur mais qui n'est pas médiocre. L'intelligence y circule comme dans leur univers. Se sentent-ils snobés par un homme qui a d'autres appétences philosophiques et un socle de convictions et de principes dont l'expression publique, le style accentuent encore davantage les divergences de fond ? Emmanuel Macron n'a pas besoin de recevoir en permanence des intellectuels à sa table comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande : il en est un. Il a le loisir de délibérer avec lui-même.

Au-delà de cette perception d'une qualité d'esprit et de pensée qu'on ne peut traiter à la légère ou mépriser mais qui vous néglige, vous laisse sur le bord du chemin élyséen, il y a sans doute une frustration, quoi qu'ils en disent, face à cet accomplissement d'un intellectuel d'abord, enrichi ensuite par la politique. L'intellectuel prétend avoir la sagesse d'accepter à la rigueur d'être conseiller du prince mais de ne jamais aspirer à être prince lui-même. On ne me fera pas croire que l'énergie des mots, chez quelques-uns, n'aurait pas souhaité se transcender en une énergie de l'action. Cette complexité qui n'a pas à avoir peur de la brutalité du réel, parce que le pouvoir lui donne l'avantage et le risque de l'affronter, n'est-elle pas une nostalgie chez ces quelques intellos brillants mais au fond désarmés ? Parce qu'ils auraient rêvé, intellectuels comme Macron, de réussir cette formidable synthèse qu'il a opérée, il est détesté au-delà de toute mesure. On ne hait bien que ce qu'on perçoit trop proche de soi.

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Enfin Emmanuel Macron les provoque. A l'exception de Paul Ricoeur et sans doute d'autres philosophes sur lesquels il a été moins disert, avec une culture littéraire certaine - Hollande ne lisait pas et Sarkozy éprouvait le besoin de nous annoncer chaque jour qu'il avait lu un livre -, le président de la République cultive me semble-t-il un mélange de parisianisme et de goût pour des spectacles sans hermétisme obligatoire, fréquente des personnalités de tous genres, ne cherche pas à tout prix à passer pour un intellectuel puisque, si c'est une qualité, elle lui est reconnue. Ces intellos ne relèvent pas de cet univers, ils sont la crème, et il ose se contenter de piquette ! Ils ne cessent pas de lui faire la tête parce qu'il aurait mieux à faire, à penser !

Le président de la République a été capable de dire au sujet des journalistes, comme le rappelle fort lucidement Eric Brunet qui échappe à ce corporatisme : "Ils disent à mon sujet "Il ne veut pas jouer avec nous". Eh bien non je ne veux pas jouer avec eux. Franchement il y en a qui sont à la déontologie ce que mère Teresa était aux stups. Ils me donnent des leçons de morale alors qu'ils sont dans le copinage et le coquinage depuis des années".

Et des intellos anti-Macron lui feraient peur alors qu'il ne leur est pas inférieur mais qu'il préside ?


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