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L’enfance n’est toujours pas objet de politique (559)

Planète Juridique - admin, 5/04/2014

On peut entendre qu'il faille en général et dans la conjoncture actuelle un gouvernement resserré; on peut quand même s'étonner des têtes de chapitres retenues. Les intitulés des ministères identifient les enjeux politiques : ceux que l'ont entend mettre en … Continuer la lecture

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avocats006(1)On peut entendre qu'il faille en général et dans la conjoncture actuelle un gouvernement resserré; on peut quand même s'étonner des têtes de chapitres retenues.

Les intitulés des ministères identifient les enjeux politiques : ceux que l'ont entend mettre en exergue, y compris en suggérant de nouveaux angles d'attaque pour signifier des inflexions ou des priorités.

Ainsi, en 1981, François Mitterrand avait compris combien dans les décennies à venir "le temps libre" serait important pour tout un chacun en nommant M. Henry à cette responsabilité. Il avait aussi oser assumer le fait familial en créant un ministère de la famille confié à Mme Dufoix.

Certains oublis sont révélateurs comme le fait pour Jacques Chirac d'avoir omis de nommer un ministre de la santé, erreur vite rattrapée avec la nomination de Mme Barzac.

Le gouvernement Valls n'échappe pas à un regard critique sur ce point.

Comment ne pas être surpris de voir Mme Valaud-Belkacem hériter d'un ministère des droits des femmes, des jeunes, de la ville et des sports. Un pot pourri, une voiture-balais, etc. On recherche en vain la cohérence même si la ministre avance que les jeunes sont l'objet de la politique de la ville.

Nous ne sommes pas dans les arcanes du pouvoir pour savoir ce qui a réellement prévalu.

On se doit donc d'être  politique et donc sévères.

Une nouvelle fois lier jeunes et sports est une incongruité. Comme si les jeunes n'étaient que des sportifs ou les sportifs que des jeunes!  Le sport est une activité culturelle. Mme Felipetti aurait du en hériter

La jeunesse affirmée comme l'une des deux grandes priorités du candidat François Hollande, on attendait dès le premier gouvernement Ayrault  qu'elle bénéficie d'un ministère d'Etat quitte à être associée à l'Education. Personne n'en aurait été choqué. On sait qu'il s'en est fallu de peu pour concrétiser, à savoir l'accord de MmeAubry pour occuper ce grand ministère avant qu'on y renonce avec le refus de la mairesse de Lille. On renonça tout simplement à créer ce grand ministère qui avait une sacrée allure pour confier Sports et Jeunesse à Mme Fourneron au fin fond du gouvernement, à un rang contradictoire avec la priorité affichée. L'idée politique initiale était bonne; il eut fallu la concrétiser  car finalement peu importait le titulaire. Il ne manquait pas de responable potentiel pour tenir cette fonction.

On réitère avec le gouvernement Valls, preuve qu'il y a loin de l'affichage au passage à l'acte au point où on peut aujourd'hui douter de la priorité jeunesse.

Poursuivons. Ce gouvernement ne compte pas de ministre en charge de la famille. Avec la Manif pour tous qui colle au basques de François Hollande, a-t-on définitivement peur du concept Famille que pourtant François Mitterrand avait donc réussi à remettre à l'affiche bravant la référence "Travail, Famille, Patrie" d'une époque sombre de notre histoire ? Et de fait la gauche avait réussi à convaincre que la famille n'était pas  une valeur de droite, mais un bien commun à tous les français. La vie familiale leur est première; le fait familial est une réalité forte qui implique une politique publique dépassant la question  des prestations familiales et une approche démographique.

Nous militions ici en 2012 pour un ministère de la condition familiale qui  prenne en compte ces réalités et notamment le fait que nombre de français ont aujourd'hui, outre leur vie personnelle à gérer, le fait de devoir assumer dans le même temps des responsabilités sur des enfants et sur les ainés. Comme concilier l'exercice de ces différentes responsabilités avec une vie professionnelle, mais  la vie ne se résumant pas au travail, avec une vie sociale ? Comme un temps il nous a fallu poser la question de la condition féminine aujourd'hui il faut traiter cet enjeu politique qui concerne quasiment tous nos contemporains. La parentalité n'est que l'un des dossiers; l'autre est celui de la prise en charge de anciens

Rien de tout cela dans le gouvernement qui vient d'être écrit quand il se devait prendre en compte les questions de la vie quotidienne des français.

Et on regrettera une nouvelle fois que l'enfance ne soit toujours pas identifiée comme objet de politique publique quand bien même l'enjeu est aussi essentiel pour les 13,5 millions de moins de 17 ans de ce pays, pour leurs parents ou les adultes qui  les élèvent, pour tous les professionnels qui les entourent et s'inscrivent dans des missions de service public majeures. Beaucoup d'associations relayées par le Comité des experts de l'ONU dénoncent l'absence de politique publique nationale, intégrant les compétences territoriales,  en direction de l'enfance.

avocat_jeuneIl fallait donc un ministère de l'enfance quitte à le raccrocher à la famille ou  à la jeunesse. C'est ce que nous proposions dans le rapport remis à Mme Bertinottti en janvier 2014 pour préparer la loi Famille

On estimera ces réflexions sans intérêt et on aura tort. Si le gouvernement avait une réflexion posée sur famille et enfance il aurait surement éviter certaines bévues et erreurs d'agenda. Encore aurait-t-il fallu qu'au sein des grandes formations politiques ces questions soient également identifiées comme de réels enjeux modernes pour nos contemporains et que ces partis s'avèrent capables d'animer le débat sur ces enjeux. On en est loin. Au quotidien ces sujets n’intéressent pas la classe politique.

Si cela avait été le cas on n'en serait pas réduit à deux petites PPL, l'une à l'Assemblée déjà rendue publique - voir   le blog 558 - , l'autre au Sénat  en attente, pour aborder des questions importantes pour notre société qu'il nous faut traiter de pair avec les enjeux économiques et sociaux, sans être soupçonnés de faire un écran de fumée, mais tout bonnement parce que ces dossiers s'imposent.  En vrac, les responsabilités parentales sur l'enfant, les affiliations de l'enfant - biologiques, sociales et affectives- , le droit à l'histoire et l'accès aux origines,  la médiation familiale, l'adoption nationale et transationales, le statut civil des enfants en France  qui soit le pendant du statut pénal déjà très sophistiqué.

016Le gouvernement restreint est donc connu. Reste encore quelques jours pour rattraper avec les secrétaires d'Etat. Un secrétaire d'Etat en charge de la famille et de l'enfance s'impose.

Son absence serait un message fort et une erreur dans la bataille pour renouer avec l'opinion.


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