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Le prévenu Guéant aime moins les procureurs que lorsqu’il était ministre

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 28/09/2015

En regardant, lundi 28 septembre, la brochette des cinq anciens hauts préfets de la République, dont Claude Guéant, assis au banc des prévenus face au tribunal correctionnel de Paris qui les juge pour "détournement de fonds publics", "complicité" ou "recel … Continuer la lecture

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En regardant, lundi 28 septembre, la brochette des cinq anciens hauts préfets de la République, dont Claude Guéant, assis au banc des prévenus face au tribunal correctionnel de Paris qui les juge pour "détournement de fonds publics", "complicité" ou "recel de ce délit" dans l'affaire des primes de la police perçues en liquide comme complément de rémunération entre 2002 et 2004, on repensait au sens originel de l'expression "sur la sellette", ce petit siège bas, en bois, sur lequel prenaient place les accusés juste avant le prononcé de la sentence qui les condamnait. Une place à part qui, en soi, valait déjà sanction publique.

Avoir été l'un des hommes les plus puissants de la République en exerçant successivement les fonctions de directeur de cabinet du ministre de l'intérieur, de secrétaire général de l'Elysée sous la présidence de Nicolas Sarkozy et enfin de ministre de l'intérieur, et devoir décliner ses prénoms, nom et émoluments devant un tribunal est évidemment inconfortable. Ce qui vaut pour Claude Guéant vaut aussi pour ses coprévenus, dont l'ex-directeur général de la police nationale Michel Gaudin, les anciens préfets Daniel Canepa et Michel Camus et le haut fonctionnaire en disponibilité Gérard Moisselin, qui est actuellement salarié d'Airbus.

Les quatre premiers sont d'actifs retraités. Michel Gaudin a été nommé conseiller d'Etat en service extraordinaire et exerce des fonctions de conseiller auprès de Nicolas Sarkozy. Daniel Canepa et Michel Camus ont créé un cabinet de conseil et Claude Guéant est inscrit au barreau comme avocat. "Depuis le mois de mai, je n'ai plus le moyen de me rémunérer", a-t-il indiqué.

C'est pour l'heure tout ce que l'on a entendu d'eux, ce premier jour d'audience ayant été consacré aux questions de procédure soulevées par leurs avocats. Là encore, avoir été un homme de pouvoir fait que l'on n'est pas tout à fait un prévenu comme les autres. En écoutant Me Jean-Yves Dupeux, l'un des deux conseils du prévenu Claude Guéant, dénoncer avec vigueur l'attitude "arbitraire" du parquet de Paris, qui a choisi la voie rapide de l'enquête préliminaire – sans passer par la case juge d'instruction – pour traiter cette affaire des primes en liquide, on se remémorait l'époque où le ministre Claude Guéant s'en prenait, lui, aux durées trop longues d'instruction et défendait une réforme destinée à "trouver les moyens d'une réponse plus rapide, en enserrant le temps de l'instruction, le temps du jugement, dans des délais raisonnables, qui seraient fixés par la loi, par exemple en donnant aux parquets des compétences de sanction immédiate". C'était en novembre 2011 et il s'agissait alors des mineurs délinquants.


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