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Procès Achoui, claque générale

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 4/10/2013

En acquittant les six hommes qui étaient accusés d'avoir été les auteurs ou les complices de la tentative d'assassinat de Karim Achoui, la cour d'assises de Paris envoie un soufflet à l'ensemble des acteurs de ce dossier.  Aux policiers qui … Continuer la lecture

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En acquittant les six hommes qui étaient accusés d'avoir été les auteurs ou les complices de la tentative d'assassinat de Karim Achoui, la cour d'assises de Paris envoie un soufflet à l'ensemble des acteurs de ce dossier.  Aux policiers qui ont mené leur enquête principalement sur la foi d'un renseignement anonyme. Au juge d'instruction qui a renvoyé les six accusés sur des charges qu'elle juge insuffisantes. Un constat d'ailleurs partiellement partagé  par l'avocat général Bruno Sturlese qui avait lui-même requis quatre acquittements: contre le commanditaire présumé, Djamel Hakkar, contre celui qui était accusé d'avoir joué les intermédiaires, Jacques Haddad et contre les deux hommes auxquels l'instruction prêtait le rôle de messagers. 

Mais le soufflet va aussi à la partie civile, Karim Achoui. La cour considère que sa parole n'a pas suffi à faire condamner Ruddy Terranova, alors qu'il l'avait "formellement reconnu" comme étant celui qui lui a tiré deux balles dans le corps le 22 juin 2007 à la sortie de son cabinet et qu'il avait répété à l'audience avoir la certitude de sa culpabilité.  La cour lui inflige une autre humiliation en refusant de considérer qu'il a été visé en qualité d'avocat.  Elle n'a pas retenu cette circonstance aggravante, qui avait été demandée par ses conseils.

En acquittant le tireur présumé,  la cour ne permet pas non plus à Karim Achoui de développer sa thèse selon laquelle Ruddy Terranova, qui avait été un temps inscrit au fichier des sources policières avant d'en être radié pour instabilité et manque de crédibilité, aurait été le "bras armé" d'un "complot policier" visant à éliminer un avocat de voyous gênant. A l'issue du verdict, l'ex avocat admettait lui-même avoir été "désavoué" sur ce point par les juges. Commentant la décision sur son compte Facebook, vendredi soir, il écrit: "La cour d'assises n'a pas acquitté six hommes mais en a condamné un, la victime" et dénonce "une sextuple erreur judiciaire". 

Le citoyen Karim Achoui, dit l'arrêt, a bien été l'objet d'une "tentative d'assassinat en bande organisée".  Mais la loi du silence, l'attitude ambiguë de la partie civile qui n'a pas souhaité apporter de l'aide aux enquêteurs en s'abritant derrière le secret professionnel et qui a assisté en spectateur intermittent au procès, les insuffisances de l'enquête et de l'instruction ne permettent pas à la cour et aux jurés de savoir avec certitude qui a voulu le tuer. On repense à cette phrase du commissaire Stéphane Lapeyre à l'audience: "La réalité, c'est qu'il s'agit d'un complot de voyous pour des raisons de voyous".  Et la justice est restée sur le seuil.

 


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