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Des journalistes français payés par le Maroc

Actualités du droit - Gilles Devers, 24/12/2014

On les adore, non super journalistes garant de la liberté d’expression, la...

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On les adore, non super journalistes garant de la liberté d’expression, la presse ce quatrième pouvoir de la démocratie. Sauf qu’il y a parfois de légères failles, comme cette série de mails publiés par un twitteur bien informé, Chris Coleman, un gros fournisseur d’infos sur le Maroc. Il vient de balancer une série d’une soixantaine de mails montrant que quatre journalistes français étaient grassement payés et choyés pour publier des articles dans L’Observateur du Maroc un magazine marocain proche du pouvoir.

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Le principe est de recruter des journalistes influents dans les grands médias français, pour qu’ils écrivent sur tout et sur rien, et surtout jamais sur le dossier du Sahara Occidental, où le Maroc est puissance militaire occupante, violant le droit international avec bien des complicités européennes. Les heureux financés sont  : Dominique Lagarde, ancienne rédactrice en chef adjointe à L’Express, José Garçon, ancienne journaliste à Libération, Mireille Duteil, ancienne rédactrice en chef du Point et Vincent Hervouët, éditorialiste sur TF1 et LCI et présentateur d’une émission quotidienne,Ainsi va le monde. De gros travailleurs qui se passionnent pour publier dans L’Observateur du Maroc : entre janvier et fin octobre 2014, chacun a publié chacun entre 22 et 26 chroniques.

Interrogés suite aux premières révélations, tous les quatre ont expliqués que c’était gratis, juste pour faire plaisir au rédacteur en chef, qui est un ami.

Le problème est que la publication des mails se poursuit, et qu’on y parle très clairement de la rémunération et du service d’accueil lors des séjours au Maroc. Un mail du 2 octobre 2011, précise à celui qui fait le contact qu’il faut remettre la somme de 6000 euros à chacun des quatre journalistes lors d’une réunion dans un hôtel parisien. Pour Vincent Hervouët, le montant est détaillé : «  2 000 par mois pour L’Observateur et 1000 euros par numéro pour le Foreign Policy  ».

Le 22 avril 2010, c’est  Vincent Hervouët qui envoie un mail à son contact : «  est-ce que tu es sûr que ça ne t’embête pas de m’avancer sur mon salaire les 38 000 euros  ? ». Notre ami explique qu’il déménage, alors il a des frais…

Outre les publications dans la presse marocaine, les lascars vendent leur daube dans les médias français. Fin novembre 2011, Hervouët balance dans son émission sur LCI des infos pourries sur des liens supposés entre AQMI et le Front Polisario. Deux jours plus tard, il échange avec son contact pour se faire arranger des chambres au Sofitel de Marrakech pour les fêtes de fin d’année en famille. A cette occasion Hervouët se vante d’avoir eu «  au moins quatre appels de différents services de mon cher gouvernement (…) au sujet de la vidéo, c’est pas mal  !  » et ajoute : «  Par contre la direction du Polisario a envoyé hier soir une lettre au Président de la chaîne, protestant contre ce qu’ils ont appelé «  l’amalgame  » entre AQMI et le front Polisario, ils veulent un droit de réponse, mon œil  !!!  ».

En avril 2010, Hervouët a fait grand cas d’une info de pacotille, à savoir la création en exil du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK). Comme tout était bidon, il a fallu, écrit-il, le bâtir avec des images «  de (petites) manifestations  », «  dénichées (…) en payant au prix fort  !  »

L’affaire est maintenant publique. La grande presse française n’en parle pas, et les employeurs ne sanctionneront pas ces grands donneurs de leçons…


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