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Kerviel : Le délire anti-justice est reparti pour un tour

Actualités du droit - Gilles Devers, 18/05/2015

Le Kerviel circus est reparti pour un tour. Cette fois-ci, c'est ...

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Le Kerviel circus est reparti pour un tour. Cette fois-ci, c'est Mediapart qui met un sou dans la machine ! Je ne connais pas l’agence de presse de Kerviel, mais franchement les marchands de lessive devraient la recruter.

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On va démarrer par le plus simple : l'innocent ne conteste pas son licenciement

Chères sœurs, chers frères, nous allons chanter en chœur : « L’injuste justice frappe un homme, que fait donc la police ? »... Bien chanté ? Oki ?  

L’innocent Kerviel a été licencié pour faute lourde par la méchante Société générale. Or, fait de première importance : l’innocent Kerviel n’a jamais contesté son licenciement, ce qui signifie qu’après bien avoir étudié la question avec ses avocats - et il en a eu de talentueux par le passé - il a estimé impossible de contester son licenciement, et il l’a donc accepté. Une grosse tache sur l’innocence, non ?

Il y a plus ! En 2013, près de cinq ans après son licenciement, Kerviel a soudain réagi pour se rendre au Conseil de prud’hommes avec deux lumières des droits des travailleurs, le frère Jean-Luc Mélenchon et la sœur Clémentine Autain, qui tous deux avaient pris le masque grave des défenseurs de la classe ouvrière. Des escrocs politiques... Car tenez-vous bien : loin des déclarations guerrières de ces deux nazes post-socialistes, Kerviel ne contestait pas son licenciement mais le fait que le licenciement ait été prononcé pour faute lourde,... ce qui supprimait l’indemnité de congés payés. Or, les vacances, c’est sacré. Ce qui veut dire aussi que l’innocent reconnaissait avoir commis une faute grave. Trop compliqué pour Mélenchonne, le héros de la Gauche sociale, qui n’a jamais ouvert un Code du travail de sa vie…

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Les états d’âme de Madame ex-flic...

Une instruction pour escroquerie au jugement a été confiée au juge Roger Le Loire, un magistrat particulièrement expérimenté. Donc, ne parlons pas à la place du juge, dont le dossier ne se résume pas à un PV.

Sur PV, l’ex-commandante de police Nathalie Le Roy, qui a quitté la maison poulaga et qui avait dirigé l'enquête, raconte son vécu et conclut : « A l'occasion des différentes auditions et des différents documents que j'ai pu avoir entre les mains, j'ai eu le sentiment puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier ».

Un sentiment, puis une certitude, mais une certitude intime : pas de preuve, si ce n'est le témoignage d’un ex-employé de la banque qui lui a affirmé avoir alerté sa hiérarchie par le biais d'un message électronique « avec une tête de mort pour attirer leur attention ». Ah bon ? C'est ça la preuve, que tu as retrouvé (ou pas ?) sept ans après les faits ? Rien de neuf alors que les juridictions ont toutes dit que les systèmes de contrôle de la banque avait failli. 

Et toute la presse rebondit… ce qui est quand même inquiétant sur le sens critique de nos excellents amis journalistes ! En récidive et en bande organisée...

Pour mon excellent et distrayant confrère David Koubbi, c’est un « coup de tonnerre », et pas de doute, la Commission d'instruction de la Cour de révision et de réexamen va conclure à la nécessité d’un nouveau procès.

Un autre comique « socialiste », le député PS Yann Galut a lui demandé la création d'une commission d'enquête parlementaire ! Pourvu qu'il ne saisisse pas le Conseil de Sécurité de l'ONU...

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Alors, calmos...

1/ Un procès financier, c’est terriblement chiant et factuel car tout se joue sur la preuve des mouvements financiers. Les juges ne se prononcent pas sur les témoignages, mais sur des écritures comptables, et ils passent leur temps avec une calculette. Alors, les états d’âmes de Madame ex-flic… Qui a eu sept ans pour réfléchir à tout ça, qui a soudain une révélation grâce au mail à la tête de mort ?

2/ Madame ex-flic était sur le terrain, et donc sur le terrain miné de la Société Générale, et elle a le sentiment d’avoir été un peu manœuvrée. Tu parles d'une surprise : la Société Générale aurait cherché à se défendre. Un sacré scoop !... Restons sérieux... De plus, pour une telle affaire, c’est pas un flic qui enquête mais toute une équipe, des flics de haut vol, et ça débriefe en permanence. Surtout, une information judiciaire avait été ouverte, et la police travaillait sous les ordres d’un juge d’instruction, le vrai directeur de l’enquête. Le juge, c’était Renaud Van Ruymbeke… un mec un peu rodé pour lire entre les lignes, non ? Bande de rigolos...

3/ En janvier 2008, Kerviel avait déclaré aux policiers puis au juge d’instruction qu’« il avait agi seul et à l'insu de sa hiérarchie». Ce qu’avait retenu le tribunal correctionnel de Paris en 2010, puis la cour d’appel en 2012, puis la Cour de cassation en 2014, prenant acte des déclarations de Kerviel, ajoutant - car les aveux ne suffisent pas - que Kerviel avait systématiquement créé des faux-comptes, occultes, et qu'il n’avait jamais fait le moindre reporting sur le volet illicite de son activité. Les mêmes juges avaient retenu que les procédures de contrôle de la banque étaient pleines de failles, ce qui explique que le pénal et le civil se trouvent au final dissocié. Le civil, soit l'impact des négligences de la banque sur le préjudice n'a pas encore été jugé. J’avais écrit : Kerviel coupable, la banque minable. Ici l’arrêt intégral de la Cour d’appel de Paris. Ici, l'arrêt intégral de la Cour de cassation. Que valent les états de Madame ex-flic face à cette précision factuelle ? Et qui a lu ces arrêts avant de les critiquer ?

4/ Grosse hystérie enfin sur la révision du procès. Un minimum de connaissance et de pudeur pour ceux qui bataillent depuis des années, ou des décennies pour obtenir des révisions de procès... Comment expliquer que la presse reste si inculte pour accréditer que parce qu’un des flics a des états d’âmes sur un volet mineur du procès, on va droit vers la révision, et surtout s’agissant d’une affaire financière, qui se joue à la calculette et pas sur les témoignages ?

C’est en effet un aspect subalterne que Madame ex-flic évoque, et qui est mis en scène par le sitcom Médiapart. Il est acquis que Kerviel a agi seul, ce qu’il dit depuis le début et ce qui explique qu’il n’a jamais eu le culot de contester son licenciement. Il est acquis aussi que la Société Générale n’avait pas été vigilante dans ses contrôles. Alors, la seule question posée par le PV dont il nous est donné lecture, est si ces déclarations modifient la question du temps mis par la Société Générale pour réagir. Une question qui se compte en jours ou en semaines, mais qui ne modifie en rien l’analyse du rôle de Kerviel « unique concepteur, initiateur et réalisateur d'un système de fraude » qui l'a conduit à exposer la banque pour des montants colossaux (en ordre de grandeur, le budget annuel du Maroc, de la folie).

Ce soir, Le Monde titre : « Pour Jérôme Kerviel, c'est ‘le début de l'affaire Société générale’ »… Fatigant…

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