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Agnès Buzyn ou les traîtres de l'arrière...

Justice au Singulier - philippe.bilger, 18/03/2020

On n'a pas besoin, dans la crise d'aujourd'hui qui va durer, d'Agnès Buzyn qui a été une piètre politique, de ses remords, de ses regrets et de ses piques. On a juste besoin de la professionnelle d'avant la politique. Et d'après. Et, de grâce, que les inévitables mauvais apôtres cessent d'empêcher d'aller de l'avant !

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Comme les lucidités rétrospectives sont douces et clairvoyantes et les courages a posteriori audacieux !

J'ai été scandalisé à double titre par Agnès Buzyn. D'abord par ses propos tels qu'ils ont été rapportés par Ariane Chemin dans Le Monde. Puis par leur quasi-rétractation quand elle a constaté l'émoi qu'ils avaient suscité et la piètre image qu'ils avaient donnée d'elle (Le Figaro).

La campagne du premier tour des élections municipales à Paris aurait été "une mascarade" et elle aurait dès le début du mois de janvier alerté sur la gravité de la crise sanitaire à venir.

D'abord elle a averti le 11 janvier, dit-elle, le président de la République puis le 30 janvier le Premier ministre. Celui-ci a répondu vigoureusement le 17 mars sur France 2 à cette perfidie insinuante. Destinée seulement à démontrer qu'Agnès Buzyn avait tout vu, tout dit, tout prévu, alors que le 24 janvier elle soulignait encore que le risque de propagation du virus en France était "très faible"...

Qui l'obligeait, si le danger était si pressant et aurait exigé la présence active de la professionnelle respectée qu'elle était, à quitter sa fonction de ministre en plein naufrage pour s'abandonner à des joutes municipales sur lesquelles elle crache aujourd'hui, sa troisième place seulement derrière Anne Hidalgo et Rachida Dati n'étant pas pour rien dans son amer constat ?

Qui la contraignait à spontanément dire oui au président de la République alors que ce dernier, malgré la déroute de Benjamin Griveaux, n'aurait pas été insensible à un discours sur la crise gravissime qui s'annonçait et aurait rendu inconcevable, voire fautif, le remplacement de la ministre ?

Paris n'aurait jamais valu la désertion face à un fléau contre lequel, depuis sa défection, un personnel hospitalier et de ville se bat admirablement avec le soutien de son successeur Olivier Véran, à sa place, qui informe, rassure, prévient, agit et a la confiance des Français. Sur le pont et à la tâche, il l'a fait oublier !

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En réalité on voit bien qu'Agnès Buzyn appartient à cette catégorie de traîtres de l'arrière qui, tout tournés vers ce qu'ils ont manqué et ayant un peu honte d'eux-mêmes, sont seulement impatients de reconstruire le passé, de réviser ce qui est pourtant dépassé. Ils introduisent, dans la lutte collective mobilisée exclusivement pour favoriser un meilleur futur, les ferments catastrophiques de dénonciations stériles. Si on l'avait écoutée, comme tout aurait été moins sombre ! Ces prophètes de ce qui est advenu sont ridicules, pour ne pas les qualifier plus sévèrement !

Il y a dans les débats politiques et médiatiques une propension à trop pleurer sur le lait renversé, à déplorer que le premier tour des municipales ait eu lieu et à s'obséder sur ce qu'il aurait fallu accomplir ; au lieu d'embrasser l'avenir et tout ce qu'il exige. J'apprécie la parole libre de Ségolène Royal mais elle s'égare en tweetant "Bonjour les amateurs dangereux" quand le gouvernement est arc-bouté sur sa mission cruciale, à encourager plus qu'à dénigrer.

Ces défaitistes structurels sont exaspérants qui mettent des bâtons dans les roues de la volonté de vaincre, dans l'honneur de regarder devant soi plutôt que de gémir sur derrière soi - dans cette hantise, pour quelques-uns, ou bien de s'estimer plus forts que les consignes gouvernementales ou de s'obnubiler sur un passé évidemment irréversible.

J'ai toujours été rétif à ces pessimistes gangrenant l'action des autres, brisant des courages et affaiblissant l'élan d'entreprises déjà difficiles et dures à mener.

On n'a pas besoin, dans la crise d'aujourd'hui qui va durer, d'Agnès Buzyn qui a été une piètre politique, de ses remords, de ses regrets et de ses piques. On a juste besoin de la professionnelle d'avant la politique. Et d'après.

Et, de grâce, que les inévitables mauvais apôtres cessent d'empêcher d'aller de l'avant !


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