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FN-fiction

Justice au Singulier - philippe.bilger, 15/05/2015

Marine Le Pen va être débarrassée de son père et de ses effluves nauséabonds. Le FN deviendra une force exclusivement politique, redoutable ramasse-tout, qui damera encore davantage le pion à la droite classique. Avec trois solutions possibles : celle-ci intègre le FN qui accepte et en fait l’un de ses courants très conservateur. Ou les Républicains le détruisent. Ou le FN mange les Républicains et les avale.

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Et si c’était une comédie ?

Avant de répondre à cette question, puis-je faire part de mon effarement en ayant appris la présence du garde des Sceaux au festival de Cannes alors qu’en même temps, un rapport dénonçait l’état effroyable de la maison d’arrêt de Strasbourg et les trafics qui y prospéraient (Le Figaro, Le Monde) ?

Je comprends bien qu’un ministre ne peut pas tout faire mais je persiste : comme je l’ai dit pour Rachida Dati il y a huit ans, je l’affirme pour Christiane Taubira : la place Vendôme devrait imposer des abstentions et des pudeurs.

Et si c’était joué entre eux ?

Jean-Marie Le Pen, à nouveau, profère une absurdité historique provocatrice.

La coupe étant pleine, et qui ne le comprendrait pas ?, Marine Le Pen décide de tirer les conséquences de cette dernière incartade paternelle.

Le processus disciplinaire est mis en branle et on envisage de retirer à Jean-Marie Le Pen son titre de président d’honneur. Les réactions de celui-ci sont à la hauteur de ce que l’appareil pouvait espérer de mieux. Il rue dans les brancards, insulte sa fille, minimise les succès du FN et, clairement, fait passer le militant aigri et jaloux avant l’affection du géniteur.

Evidemment il n’aura plus le droit de s’exprimer au nom du FN.

Un congrès extraordinaire va être réuni dans un bref délai pour modifier les statuts, il ne changera pas le nom du parti mais en tout cas enlèvera cet honneur encore officiel à Jean-Marie Le Pen (Le Parisien).

Ce dernier ne peut pas être meilleur - ou pire - que dans cette posture odieuse et caricaturale où il pousse au paroxysme à la fois la gêne – il ne regarde pas Ruth Elkrief dans les yeux – et l’indécence paternelle (BFMTV). Refusant de répondre à la seule interrogation qui vaille – pourquoi n’abandonne-t-il pas le combat partisan à son âge ? -, il parvient à inspirer, sans mal, une antipathie unanime.

Pour faire bonne mesure, il fustige le rôle et l’influence prédominants de Florian Philippot dont la haine à son égard est opportune. Il tombe volontiers dans son déplorable péché mignon en faisant allusion aux « mignons » qui entoureraient Marine Le Pen et ne cesse, avec une obstination à laquelle il conviendrait de rendre hommage si, pour continuer l'illusion, elle était artificielle, de dégrader encore davantage son image en justifiant les raisons de l’exclusion décrétée par sa fille lassée de manière très plausible.

Ce n’est pas tout. Jean-Marie Le Pen n’est plus soutenu que par quelques nostalgiques du pétainisme, du nazisme et du fascisme et par une petite portion d’amis fidèles dégoûtés à l’idée de rentrer dans le rang.

Conséquence inéluctable et facilement programmable, le père va créer non pas un parti mais une vague association qui servira à égrener des souvenirs et à montrer qu’on existe encore malgré Marine Le Pen qui a eu le front de les priver de ce qui donnait un sens à leur existence.

Si c’était une comédie, ce serait remarquable de tactique, de roublardise et d’intelligence.

Marine Le Pen va être débarrassée de son père et de ses effluves nauséabonds. Le FN deviendra une force exclusivement politique, redoutable ramasse-tout, qui damera encore davantage le pion à la droite classique parce qu'il l'aura privée de l'opprobre moral.

Avec trois solutions possibles : celle-ci intègre le FN qui accepte et en fait l’un de ses courants très conservateur. Ou les Républicains le détruisent. Ou le FN mange les Républicains et les avale.

Tous comptes faits, dans l’immédiat, beaucoup de bénéfice pour Marine Le Pen et de plus en plus d’embarras pour la droite républicaine, comme elle ne cesse de se nommer avec volupté sans nous éclairer sur ce vocabulaire si commode !

Et si c’était joué ?

Cela démontrerait que le père aime sa fille plus que lui-même, qu’il ne l’envie pas mais veut l’aider et qu’il y a de la fierté là où l’amertume le ronge.

Ce n’est pas, à l’évidence, une comédie !

Mais, entre réel et fantasmes, les probabilités demeurent.


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