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Iacono ou la profondeur du doute

Justice au singulier - philippe.bilger, 17/01/2012

Pour Iacono, quel serait leur décret intime ?

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Le parquet général ayant rejeté la requête, la commission de révision de la Cour de cassation décidera le 23 janvier de suspendre ou non la peine de Christian Iacono, l'ancien maire de Vence accusé de viol sur la personne de son petit-fils Gabriel et condamné à deux reprises pour ces faits qui auraient été commis entre 1996 et 1998 (20minutes.fr).

Ce qui m'importe dans cette affaire que je ne connais que par les médias, est de montrer à quel point il y a pour le citoyen une banalité du doute et des interrogations ordinaires suscitées par l'exposition même superficielle de péripéties judiciaires. Je regrette sur ce plan qu'il n'y ait jamais eu, dans les articles consacrés à ce dossier, la relation équilibrée et profonde de ce qui peut entraîner de bonne foi d'un côté ou de l'autre. Pour le passionné de justice, pour le profane curieux de ces tragédies ou de ces bouleversements, il est nécessaire de ne compter que sur soi pour trancher ou non dans son for intérieur.

Qu'on en juge, si j'ose dire.

Christian Iacono, en premier ressort comme en appel, a été condamné par une cour d'assises à neuf ans d'emprisonnement, au mois d'avril 2009 puis le 23 février 2011. Il a toujours protesté de son innocence mais son argumentation n'a pas convaincu et le statut de victime de son petit-fils Gabriel - âgé lors des agissements imputés de cinq à sept ans - a été consacré.

Gabriel Iacono, qui a vingt ans aujourd'hui, s'est rétracté et a mis hors de cause son grand-père au mois de mai 2011, soit après la condamnation en appel. Gabriel craint de devoir passer autant de temps pour justifier sa bonne foi d'aujourd'hui qu'il en a mis hier pour dénoncer.

A ce qu'on sait, les relations entre Christian Iacono et son fils Philippe, le père de Gabriel, ont toujours été exécrables et on laisse entendre que Philippe, à cause de cette mésentente, aurait pu vouloir manipuler son fils. Philippe Iacono conteste absolument toute manoeuvre de sa part et affirme faire confiance à la Justice.

Où, comment chercher la vérité pour le citoyen qui se pique d'être honnête ?

Il y a certes les deux condamnations mais aussi la rétractation. Celle-ci cependant n'intervient qu'après l'appel comme si on avait voulu laisser se dérouler le processus judiciaire pour se dédire seulement trois mois après son issue. En même temps, il n'est pas inconcevable d'admettre que Gabriel a pu être saisi de remords sur le tard devant la condition injustement faite à son grand-père âgé à cause de lui ? S'agit-il d'une contrition sincère ou d'une volte tactique inspirée par d'autres ? 

Ce questionnement sans fin, chaque pour ayant son contre et réciproquement, manifeste à quel point les péremptoires du "il n'y a qu'à" et les justiciers en chambre n'ont rien à faire dans cet exercice délicat, subtil, complexe d'appréhension de la vérité la plus proche possible de la réalité.

Peut-être faudrait-il - j'attends avec impatience la décision du 23 janvier puis celle sur le fond, la première étant déjà appelée à donner un signal fort - considérer que sans conviction absolue, le principe de précaution, dont on s'est beaucoup moqué parce qu'il stérilise les initiatives et fait de l'existence et de l'action une immense peur ambulante, devrait jouer et dans ce cas emporter au moins, pour l'exécution de la peine, quelque mansuétude.

Il n'y a pas besoin de connaître à fond une affaire pour se torturer l'esprit. Dans la périphérie des juges, il y a des citoyens qui doutent, espèrent, tremblent ou sanctionnent.

Pour Iacono, quel serait leur décret intime ?

 


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