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Solidarité avec nos amis les directeurs de prison

Actualités du droit - Gilles Devers, 1/06/2013

Il y a des manifs qui forcent le respect, et le blog apporte son soutien le...

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Il y a des manifs qui forcent le respect, et le blog apporte son soutien le plus chaleureux aux trente directeurs de prison qui ont manifesté (FO pénitentiaire) mardi 28 mai devant le ministère de la justice. Ils étaient tenus à distance, entre la rue Danièle Casanova et de la rue de la Paix. Valls – faible avec les forts, fort avec les faibles – n’a pas laissé cette foule incontrôlable s’approcher du ministère...

S’ils avaient foutu le feu à quelques voitures ou pillé une bijouterie de la place Vendôme, ils auraient eu droit à l’ouverture du « journal » de TF1. Mais voilà, ces directeurs sont juste là pour défendre le service public, alors franchement…

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Quand on dit « prison », il faut penser à l’essentiel, à savoir que la prison est au cœur du processus républicain.

On est loin de la République des zinzins, genre Ségo qui voulait imposer un drapeau tricolore dans tous les foyers de la France post-pétainiste dont elle rêvait.

On est loin aussi du chœur des vierges de Notre-Dame-des-Faux-Culs, qui enfile comme des perles ses couplets sur les valeurs de la République. Dernière saillie de ces impuissants sociaux, la semaine dernière, avec le vote d’une loi pour prévoir le drapeau tricolore sur les écoles. Comme s’il fallait une loi pour autoriser les écoles à pavoiser… Je comprends pourquoi ils s’intéressent tant à Baby Loup : c’est parce qu’ils ont l’âge mental des gamins de la crèche. C’est un plaidoyer pro-domo.

Et puis sur le troisième côté, avec moins de lumière, vous trouvez les vrais acteurs de la République, le personnel pénitentiaire. La République repose sur la loi, et ceux qui violent la loi s’exposent à être sanctionnés par la loi, et elle le fait par la prison. C’est dire que la prison est le rempart de la République.  On ne peut pas trouver de meilleur lieu pour défendre la République : la prison, c’est le pur domaine de la loi.

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Tout le monde se contrefout des prisons, sauf les détenus et leurs familles,… et le personnel de la pénitentiaire.

Pour les détenus et les familles, c’est loin d’être évident. Dans le climat d’arriération sociale, né de la pensée sarkozyste et cultivé par la pensée hollandaise, le détenu est un paria, alors basta... II est très difficile pour les détenus et les familles de revendiquer la juste application de la loi. C’est désolant, mais c’est ainsi. Regardez-bien autour de vous… La prison, ce n’est pas les autres : c’est nous, notre famille, nos amis.

C’est dire l’importance de cette manifestation des directeurs de prison, car tout repose sur eux : ils défendent la République, leur statut, les conditions de travail du personnel, la sécurité dans les prisons et la vie des détenus et de leur famille.

Nos amis, qui exercent de hautes fonctions, sont venus dans leur prestigieux uniforme et sur leurs jours de congé, car la loi ne leur reconnait pas le droit de grève.   

Après avoir été reçu à la chancellerie, Jimmy Delliste explique : « On nous a annoncé la présentation, sous quinze jours, d'un plan de sécurité dans les prisons et celle, en juillet au conseil des ministres, du projet de loi de politique pénale sur la prévention de la récidive ». Bref, de pures paroles verbales.

Taubira avait annoncé la fin du « tout carcéral », et le ministère a aidé la tenue en février de la conférence de consensus destinée à combattre les illusions de la prison comme moyen de lutter contre la récidive. Le projet était lumineux : après la condamnation pénale, on entreprend un processus d’ensemble pour zigouiller toutes les pistes ayant conduit à choisir la violation de la loi. Très bien… sauf qu’aucune suite n’est donnée.

Les excès de la répression Sarko étaient un des thèmes préférés du PS dans l’opposition. Un an après, on en est où ?

Le nombre de détenus a battu début mai un nouveau record avec 67 839 personnes incarcérées. Le changement, c’est presque maintenant.

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On avait annoncé la fin de la loi sur les peines plancher. Rien n’a été fait. Je peux ressortir les discours d’époque, ça serait distrayant.  

Pour faire « de Gôche », Taubira a limité les nouvelles constructions, et comme le nombre de détenus augmente, c’est l’impasse. Vallini, une poupée sarkozyste perdue au PS (et qui rêve du ministère), vient de se prononcer… pour la reprise du programme de construction de Sarko. Comme ça, c’est clair…

Sur le plan du fonctionnement des établissements, c’est le même bazar. Valérie Mousseeff, adjointe du centre pénitentiaire du Pontet (Vaucluse) explique : « Nous n'avons aucune directive de notre ministère concernant la pratique des fouilles à ni systématiques que la loi pénitentiaire de 2009 (art. 57) a voulu supprimer sans nous donner les moyens de compenser cette mesure de sécurité. On laisse les directeurs se dépatouiller avec cette question des fouilles, sans leur fixer de cap ».

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Les juges appliquent la loi, et heureusement, pas les circulaires. C’est la loi qu’il faut changer. Or, depuis des années, le Législateur ne cesse d’aggraver les peines maximales, et les juges font leur devoir en appliquant ces lois répressives. Les maxis prévus par la loi sont souvent démentiels. Aussi, mettre en cause les juges parce qu’ils prononceraient des peines trop sévères, c’est n’importe quoi.

Tout dépend du Législateur, et s’il veut mettre fin à la surpopulation pénale et restaurer il faut d’urgence qu’il  révise toutes les lois pénales, et qu’il adoucisse les peines. Les juges tiendront compte de ces évolutions, et on pourra alors restaurer la prison.

Les chiffres montrent la débilité du système. En 2005, le nombre de détenus était de 59 372. Il est aujourd’hui de 67 161. Qui peut dire que la sécurité progresse en même proportion que le nombre de détenus ?

Tenez- bons les amis ! 


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