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Echirolles : Un assassinat et la violence

Actualités du droit - Gilles Devers, 4/10/2012

Difficile de rester lucide après la mort de Kevin Noubissi et Sofiane...

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Difficile de rester lucide après la mort de Kevin Noubissi et Sofiane Tabirt, vendredi dernier à Echirolles. Devant de tels évènements, chacun essaie de comprendre, essaie d’en parler… et il faut par-dessus tout s’interdire tout amalgame entre un fait criminel et le contexte général de la violence.

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L’enquête commence, et huit personnes ont été mises en examen hier, pour assassinat, et placées en détention provisoire. Le procureur de la République estime qu’ « ils ont participé de façon directe à la mort des deux victimes », et il ajoute : « Aucun n'a reconnu sa participation aux faits. Ceux qui reconnaissent leur présence sur les lieux sont peu nombreux. Ils disent qu'ils n'ont rien fait ».

L’instruction ne sera pas simple car il va falloir établir le rôle de chacun, dans cette équipe d’infortune.

Mais il existe une base, terrible, le rapport d’autopsie, qui lui ne peut se tromper. Les conclusions ne sont encore pas connues, mais le procureur évoque plusieurs coups de couteau, « sept à huit » pour Kevin, et « une trentaine » pour Sofiane. Les corps portaient les traces d’autres coups avec arme : manches de pioche, bâtons ou encore marteaux. Alors, les trois juges d’instruction auront beaucoup de questions à poser, beaucoup de confrontations à effectuer. Avec la détention et sa solitude, le temps qui passe, la perception de ce qui s’est passé, on peut faire le pari raisonnable que cette bande sans âme ne restera pas soudée longtemps.

Et puis, il y aura des histoires, des récits qui permettront de comprendre la personnalité et le rôle de chacun dans le processus préparatoire au lynchage. Car le crime n’a pas été commis après un mauvais regard, mais au terme d'un processus, avec trois bagarres qui se sont enclenchées. Alors, qui était leader ? Que disent les portables ? Comment l’expédition finale s’est-elle formée ? Où ? Qui a le profil et les failles psychologiques pour engager un tel crime ? Et qu’ont fait les agressuers après ? Qu’ont-ils dit ? A qui ont-ils parlé ? S’ajouteront les parcours de vie passés à la loupe, les enquêtes de personnalité, les expertises psy…

N’ayez pas de doute : l’enquête criminelle fera de grands progrès dans la connaissance de la vérité.

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Après vient le contexte, celui général de la violence.

Ici, ce sont d’autres faits qu’il faudra respecter avant de trop vite affirmatif. Cette approche est très difficile car ce crime se lit dans le contexte de la violence qui pèse sur ce quartier. Ce n’est pas toujours le cas. On rencontre parfois des cas d’irruption extrême de violence qui paraissent venus de nulle part.

Ce quartier de la banlieue de Grenoble a été déjà été le lieu de grande violences.

Le maire (PS) des années 1980, Dubedout, en avait fait une réussite dans un projet d’agglomération, mais le quartier avait ensuite vieilli, et Carignon avait laissé la chute s’accélérer, pour marquer la fin des années Dubedout.

A Echirolles, le point numéro 1 est le niveau du chômage. Question sécurité, rien de convaincant. Le maire Renzo Sulli (PC) d’Echirolles (36 000 habitants), avait insisté cet été sur l’exaspération de la population devant l’insécurité. Il avait demandé un renforcement des effectifs, et que l’hôtel de police soit transformé en un commissariat fonctionnant vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Impossible, venait de lui répondre le ministère de l’Intérieur...

Et puis dans ces immeubles de la dureté, vit une population démunie, vulnérable mais très estimable, et le risque est grand qu’un amalgame facile entre un fait criminel et un contexte difficile deviennent un marquage supplémentaire.  

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