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Selon l’expert psychiatre, « Bonnemaison n’a pas eu l’intention de donner la mort »

Chroniques judiciaires - Pascale Robert-Diard, 22/10/2015

Le psychiatre Roland Coutanceau a apporté jeudi 22 octobre, un soutien de taille à la défense de Nicolas Bonnemaison. Chargé de l'expertise de l'accusé, il a affirmé que celui-ci "n'a pas eu l'intention de donner la mort" aux sept patients … Continuer la lecture

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Le psychiatre Roland Coutanceau a apporté jeudi 22 octobre, un soutien de taille à la défense de Nicolas Bonnemaison. Chargé de l'expertise de l'accusé, il a affirmé que celui-ci "n'a pas eu l'intention de donner la mort" aux sept patients agonisants pris en charge dans son service de l'hôpital de Bayonne. Il a ainsi repris, au mot près, la motivation de l'arrêt d'acquittement rendu en juin 2014 en faveur de l'ancien médecin urgentiste par la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques à Pau.

"Ce serait mal comprendre les actes de Nicolas Bonnemaison que de croire qu'il y a chez lui une intention de donner la mort. Dans sa subjectivité, il ne tue pas, il soulage. Il agit comme un médecin qui veut abréger les souffrances de ses patients" a poursuivi le docteur Coutanceau, tout en relevant un "point aveugle" dans son comportement: la décision qu'il a prise d'agir seul, sans en référer à l'équipe médicale et sans toujours informer les familles du choix des produits qu'il injectait aux patients. Evoquant "l'hyperidentification" du médecin aux malades en fin de vie, il a observé: "Nicolas Bonnemaison se met à la place des autres. Il leur prête une émotion, une sensation et il détermine ses actes en fonction de cela. Il veut protéger tout le monde, l'équipe, les familles, en les exonérant de leur responsabilité".  

A Angers comme à Pau, le sort judiciaire de Nicolas Bonnemaison - condamnation symbolique ou acquittement - se jouera sans doute dans la réponse qu'en conscience, chacun  de ceux qui composent la cour d'assises apportera à cette interrogation: est-ce une faute, pour le médecin, de prendre en charge une responsabilité qui ne lui appartient pas, au risque de "l'arbitraire et de l'émotion de la décision individuelle" comme le soutient Jean Leonetti, le père de la loi de 2005 sur les droits des malades et la fin de vie ? Ou est-ce un lâche soulagement, lorsque confronté à l'agonie d'un proche ou redoutant de l'être un jour, on se contenterait volontiers de murmurer au médecin: "Docteur, faites en sorte qu'il ne souffre pas trop" sans vouloir être trop précis sur le sens qu'il faut donner à cette supplique ?

 


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