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Un tiercé gagnant pour les présidents de la République ?

Justice au singulier - philippe.bilger, 20/05/2014

François Hollande serait le plus mauvais président de la République depuis 1958 ? Pas étonnant : il est le présent et, pour les présidents, les absents ont toujours raison. Encore quelques années à attendre et je parie que des sondages verseront une larme sur lui !

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Un sondage TNS-Sofres du mois de mai 2014 qualifie François Hollande de "plus mauvais président de la Ve République".

Nous aurions, dans l'ordre, pour le tiercé gagnant, Charles de Gaulle, François Mitterrand et Nicolas Sarkozy (20 minutes).

Les deux derniers ont sans doute été les présidents les plus détestés depuis 1958 sur un registre radicalement différent. Il y a quelque chose de rassurant, pour qui croit à la tolérance, quand on constate que les opinions changent, que les regards fluctuent et que le peuple évolue. Et qu'il est infiniment peu sensible à toute cohérence, se sentant pleinement justifié à aimer puis à honnir ou l'inverse.

Charles de Gaulle. La majesté, l'intégrité, une vision de lui-même, de la France et du monde. Aujourd'hui, pour presque tous, une nostalgie.

Georges Pompidou. Une présidence sans éclat apparent, pragmatique, efficace, autoritaire. L'industrialisation de la France comme obsession. Un homme de culture sans être un rêveur. Une mort ayant interrompu trop tôt un septennat qui serait resté dans les mémoires et dans l'Histoire.

Valéry Giscard d'Estaing. Une intelligence éclaboussante. Un fragment de royauté égaré en République. Une modernité de bon grain et d'ivraie. Une singularité si sûre d'elle et de ses fulgurantes intuitions qu'elle aurait été capable, par esthétisme, de plonger notre pays dans une atmosphère révolutionnaire. Le banal, malheureusement, n'était pas son fort.

François Mitterrand. Un immense dirigeant du XIXe siècle. Indépassable dans l'art de la politique au quotidien, rompu aux manoeuvres, dilettante du pouvoir suprême, infiniment lucide sur les autres, amis ou adversaires, courageux à l'extrême, une figure si contrastée et plurielle que chacun était assuré de trouver un Mitterrand à sa convenance. J'ai aimé l'homme de droite de la fin, se retrempant à ses sources.

Jacques Chirac. Chaleureux, cordial, formidable politicien de mouvement sans convictions encombrantes, il a tout de même fini par présider avec une sagesse immobile, respectant la France au point de ne plus la faire bouger d'un pouce. Il a trahi deux fois son camp, heureusement en faveur du candidat Giscard d'Estaing, malheureusement contre le président Giscard d'Estaing. Aimé comme une ancienne force qui allait. Ses défauts nous sont devenus, dans le souvenir, presque plus chers que ses qualités.

Nicolas Sarkozy. Une personnalité d'une incomparable énergie qui aurait dû se dépenser au poste de Premier ministre. Un candidat exceptionnel en 2007 mais un président qui a si ostensiblement fait coexister atouts, réussites d'un côté et de l'autre faiblesses et vulgarités que chacun se croyait fondé à ne louer que les uns ou à ne vitupérer que les autres. Une action qui oubliait la réflexion en route. Dommage qu'il se soit préféré à la France. Il continue à croire que sa défaite a été un triomphe.

François Hollande. Social-démocrate affiché. Deux premières années difficiles, peu lisibles, agaçantes, ayant désappointé beaucoup d'électeurs venus de l'autre camp et qui l'avaient fait élire. Il reste encore du temps pour que la France continue à sombrer ou se redresse. On souhaiterait le voir déjouer les pronostics du pire.

Il serait le plus mauvais président de la République depuis 1958 ?

Pas étonnant : il est le présent et, pour les présidents, les absents ont toujours raison. Encore quelques années à attendre et je parie que des sondages verseront une larme sur lui !


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