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300 billets dans S.I.Lex

:: S.I.Lex :: - calimaq, 22/10/2012

Un peu plus de trois ans et demi après l’ouverture de ce blog, ce billet est le 300ème publié sur S.I.Lex. Quelques mots, avant tout pour remercier les visiteurs qui sont venus lire ces billets et partager leurs réflexions en … Lire la suite

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Un peu plus de trois ans et demi après l’ouverture de ce blog, ce billet est le 300ème publié sur S.I.Lex. Quelques mots, avant tout pour remercier les visiteurs qui sont venus lire ces billets et partager leurs réflexions en commentaire.

Ce cap des 300 est important à mes yeux et je vous livre les quelques pensées qu’il m’inspire (les intertitres ne diront quelque chose qu’à ceux qui ont vu le film 300. Oui, j’assume mes références !).

This Is Madness ? No, THIS IS BLOGGING !

300 billets en trois ans, cela représente environ un billet tous les quatre jours. Et comme j’ai l’habitude de pondre de robustes pavés, c’est un rythme qui représente une charge assez lourde, à concilier avec sa vie professionnelle et personnelle.

Cette dernière année a été une période d’interrogation sur le caractère soutenable ou non de cette activité à long terme et sur l’opportunité de faire le choix de cesser d’être bibliothécaire pour se consacrer à l’écriture (le manque de sommeil chronique n’est pas un modèle économique…).

Le problème (notamment quand on s’appelle Calimaq ;-), c’est que je ne pourrai pas cesser d’être bibliothécaire et continuer à bloguer comme je le fais. Mon angle d’attaque des questions juridiques et numériques est trop intimement lié au fait d’être bibliothécaire et à l’engagement que cela implique à mes yeux, en faveur de la diffusion du savoir et de la connaissance. Si j’avais cessé d’être bibliothécaire, ce blog serait mort.

Ceci étant dit, cette phase de questionnement m’a aussi permis de toucher du doigt concrètement les questions de financement de la création, car s’il m’est encore possible de bloguer, c’est seulement en restant constamment sur la brèche et il m’est très difficile de me lancer dans des projets plus ambitieux, comme de réaliser des livres numériques. L’investissement mental nécessaire pour faire un ouvrage est impossible à dégager dans ces conditions et c’est la source d’une certaine frustration.

Ce type de constat n’est pas étranger avec mon intérêt croissant pour les modèles économiques alternatifs et au soutien de propositions, comme celle de la contribution créative, qui cherchent justement à mettre en capacité les amateurs engagés de s’investir dans la création.

What is your profession, bloggers ?

Lorsque j’avais franchi la barre des cents billets, je me souviens que je commençais déjà à ressentir des effets de « troubles d’identité professionnelle », ne sachant plus très bien si j’étais bibliothécaire, juriste, chercheur, journaliste, activiste, ou quelque chose amalgamant un peu tous ces aspects à la fois.

Ces derniers temps, ces problèmes identitaires se sont un peu décantés, parce qu’à force d’écrire, j’ai fini par prendre conscience que j’étais surtout devenu un auteur, tout simplement. Certes pas un auteur de poésie ou de littérature, mais quelqu’un qui vit avec l’écriture, ce qui est ma définition de ce qu’est un auteur.

Un moment important symboliquement dans ce cheminement est celui où le collectif d’auteurs, Le Droit du Serf, impliqué dans la lutte contre l’infâme projet de loi sur les livres indisponibles m’a demandé de rejoindre ses rangs. Mon premier réflexe a été de refuser, d’abord parce que le Droit du Serf défend une conception du droit d’auteur très exigeante, dans l’esprit de Beaumarchais, qui ne me semblait pas complètement compatible avec les positions que je soutiens sur S.I.Lex. Ensuite, je ne me sentais pas entièrement la légitimité d’entrer dans un collectif d’auteurs, comptant dans ses rangs des personnes comme Yal Ayerdhal.

Mais en discutant avec eux, je me suis rendu compte que nos points de vue, même s’ils ne sont pas exactement superposables, convergent sur un point essentiel : celui de remettre toujours  l’auteur au centre du système (c’est le sens de la lutte contre les indisponibles et c’est aussi le principe de base des Creative Commons ou de l’Open Access). Et il faut également savoir que Le Droit du Serf est né en s’engageant pour défendre la gratuité du prêt en bibliothèque. Ce fut donc pour moi une grande fierté de rejoindre le collectif dans ses combats et je pense que ce genre de connexions entre des sphères en apparence éloignée est fondamental pour la suite.

Pour réfléchir en profondeur aux questions liées au droit d’auteur, sans doute n’est-ce pas inutile de l’être un peu soi-même et S.I.Lex m’a aidé à cela.

Tonight, We Dine In Hell

Un point qui me frappe, au terme de ces trois années à bloguer sur les questions de propriété intellectuelle, c’est de voir à quel point le débat se durcit et se crispe dans notre pays. Écrire sur le sujet revient souvent à donner et à prendre les coups. La référence au film 300 dans ce billet n’est pas complètement anodine, car combien parmi ces 300 billets sont des textes de combat, écrits dans l’urgence pour intervenir dans la mêlée !

Les batailles de la fin du mandat présidentiel précédent ont été très dures (prix unique du livre numérique, livre indisponibles) et celles qui s’annoncent, malgré l’alternance politique, risquent d’être tout aussi difficiles, car l’influence des lobbies des industries culturelles sur les politiques demeurent écrasante. Le printemps 2013 sera sans doute un moment de hautes turbulences, avec la remise des conclusions de la mission Lescure et les débats au Parlement qui s’en suivront.

Des chosent très inquiétantes se profilent à l’horizon, qu’il s’agisse de la fusion du CSA et de l’Arcep, cette risible et funeste Lex Google pour la presse, des menaces sur la neutralité du net, de la volonté gouvernementale de revenir sur l’Open Data, du spectre d’ACTA qui rôde toujours dans CETA et d’autres choses encore, comme le retour du pire du pire du Sarkozysme : un délit de consultation habituelle des sites internet, qui criminaliserait l’acte de lecture lui-même. Cela fait (trop) de choses inquiétantes, malgré l’alternance, et sans doute beaucoup de combats à livrer.

Mais les discussions n’en sont pas moins de plus en plus dures également dans d’autres champs, au sein même de la communauté des professionnels de la culture et de l’information, où les derniers mois ont fait apparaître de vraies lignes de fracture. Je pense notamment aux affrontement sur l’Open Data culturel ou à la question du domaine public numérisé. L’affaire INIST/RefDoc montre aussi que les lignes de front ont bougé et qu’on ne peut plus penser les combats à partir de la distinction public/privé.

J’espère que les discussions pourront reprendre un tour plus apaisé, mais en ce qui me concerne, je ne suis absolument plus disposé à supporter les pesanteurs et blocages institutionnels et c’est la raison pour laquelle le collectif SavoirsCom1 a été créé.

We Will Fight in The Shade

Car bloguer, c’est pour moi avant tout faire l’expérience du collectif à l’heure du numérique. Certes, il y a quelque chose de nécessairement solitaire dans l’écriture, mais la publication immédiate en ligne transforme l’écrit en aventure collective.

D’une certaine façon, SavoirsCom1, le collectif créé en septembre autour des biens communs de la connaissance, est une forme de cristallisation d’une communauté qui existait déjà en filigrane, autour d’un réseau de blogs partageant des sujets en communs. Mais il a permis de faire apparaître des relations bien plus larges que celles auxquelles nous songions au début et cette richesse collective est vraiment très encourageante pour la suite.

Après avoir beaucoup cherché, il me semble qu’avec SavoirsCom1, je peux enfin dire : nous avons trouvé notre maison. Merci @Silvae et @BlankTextField, avec qui l’idée de ce collectif a pris forme cet été.

Le collectif, il prend d’autres formes encore, comme celle de partager à présent l’écriture hebdomadaire du Copyright Madness avec le tout jeune @Fourmeux (désolé Thomas de dire que tu es un jeunot, mais en même temps ;-), rencontré lors d’une bibdocade. C’est aussi le fait de poster depuis plusieurs mois mes billets sur OWNI dans le cadre de la chronique hebdomadaire et de les voir repris ailleurs, comme sur ActuaLitté. Merci à eux !

Remerciement spécial également à l’équipe de Rezo.net, qui signale régulièrement mes billets sur son portail et qui constitue depuis des années un soutien précieux pour S.I.Lex !

Je vous donne rendez-vous pour le 400ème billet dans S.I.Lex !

Et pour ceux qui auraient peur de s’ennuyer, je vous laisse avec 10 heures non stop de remix THIS IS SPARTAAAA ! Clin d’oeil à cette culture numérique de la réutilisation, du détournement, de l’impertinence, qui a fini par devenir un peu la mienne en bloguant !


Classé dans:Les évolutions de S.I.Lex Tagged: auteur, blog, S.I.Lex, savoirscom1

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