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Pierre Marteau

- Wikipedia, 29/12/2010

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Sphère ornant le frontispice des ouvrages imprimés par les Elzevier sous le nom de « Pierre Marteau ».

Pierre Marteau ou Pierre du Marteau est un éditeur fictif.

Les auteurs et les éditeurs du XVIIe siècle qui ne désiraient ou ne pouvaient, publier leur ouvrage « Avec Approbation & Privilège du Roi », en raison de son contenu, l’éditaient sous un nom d’éditeur fictif. La mention la plus utilisée, « Cologne, Pierre du Marteau » ou « À Cologne, chez Pierre Marteau », signalait un ouvrage dont le contenu politique, religieux ou érotique contrevenait aux normes de l’autorité. Les publications, histoires salaces aussi bien que pamphlets religieux, furent au début principalement anti-français et anti-catholiques. Par la suite, nombre de contrefaçons eurent recours à cet expédient.

En dépit de la liberté d’impression dont jouissaient les éditeurs hollandais, ils eurent recours à des noms supposés car ils encouraient des poursuites lorsque leurs publications s’attaquaient à un pays allié des Provinces-Unies tel que la France. Il leur fallait également ménager les susceptibilités religieuses de leurs propres compatriotes lorsque qu’ils publiaient un pamphlet anti-catholique. Leurs ouvrages ne devaient pas donner non plus l’éveil aux catholiques par la mention d’un lieu d’impression situé en pays protestant. À cet égard, le choix de Cologne comme lieu d’édition fictif n’est pas non plus innocent dans la mesure où cette ville était très catholique. Lorsqu’il s’agissait de contrefaçons, il n’était pas inutile de dissimuler au public français que la publication s’était faite à l’étranger, gage fréquent de très lourdes erreurs et fautes d’impression de toutes sortes. L’impression chez « Pierre du Marteau » se faisait aussi quelquefois à la demande expresse d’auteurs, comme les jansénistes, ne désirant pas qu’on sache qu’ils faisaient imprimer en pays protestant.

Le nom « Pierre du Marteau » fut utilisé pour la première fois en 1660, par l’éditeur hollandais Jean Elzevier pour éditer anonymement le Recueil de diverses pièces servant à l’histoire de Henry III. Le second à l’utiliser fut Adrian Vlacq de La Haye pour l’impression du même ouvrage. Les imprimeurs après eux à se dissimuler derrière « Pierre Marteau » furent André de Hooghuysen, Abraham Wolfgang, Jacques Desbordes à Amsterdam, Jean et Daniel Steucker, Henri van Bulderen pour La Haye, Hackius à Leyde et François Foppens, Philippe Vleugart, Lambert Marchant et Eugène-Henri Fricx à Bruxelles. Les presses rouennaises, où s’imprimait tout ce qui était interdit à Paris, ne se firent pas non plus faute d’y recourir abondamment.

Plus tard, au XVIIIe siècle, la mention « chez la Veuve de Pierre Marteau », « chez les Héritiers de Pierre Marteau » fut utilisée. On trouva même des ouvrages publiés « Chez Adrien l’Enclume, gendre de Pierre Marteau ». Les éditeurs allemands finirent également par se saisir du nom de leur « compatriote », quelquefois entièrement germanisé en « Peter Hammer », sous le nom duquel se publieront un grand nombre d’ouvrages jusqu’en 1859. Il y eut même des « Petri Martelli » italiens ou « Petrus Martellus » latins.

Une édition pirate des Lettres persanes de Montesquieu chez Pierre Marteau datant de 1754.

Auteurs

Le « catalogue » de l’éditeur fictif Pierre Marteau aurait pu susciter l’envie de ses « collègues » bien réels pour avoir publié les auteurs suivants :

Bibliographie

  • Léonce Janmart de Brouillant, Histoire de Pierre du Marteau, imprimeur à Cologne, Paris, Quantin, 1888 ; Genève, Slatkine Reprints, 1971
  • Denis Diderot, Lettre sur le commerce de la librairie, 1767
  • Émile Weller, Dictionnaire des ouvrages français portant de fausses indications de lieux d'impression et des imprimeurs, Leipzig, 1864

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