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Affaire Arthur Raffalovitch

- Wikipedia, 10/09/2011

L’affaire Arthur Raffalovitch est un scandale médiatico-financier lié au placement en France des emprunts russes au début du XXe siècle, qui est révélé après la première guerre mondiale. Du même type que le scandale de Panamá, il se produit au même moment.

Dans les années 1920, des enquêtes montrent que le gouvernement russe a mis en place une vaste entreprise de corruption de la presse française pour qu'elle vante les mérites des emprunts russes[1]. La correspondance d'Arthur Raffalovitch est publiée dans L’Humanité du 5 décembre 1923 au 30 mars 1924[2],[3].

L'enquête montre que le gouvernement russe avait utilisé des intermédiaires rémunérés, des comptes en banque secrets et des représentants quasi officiels à Paris. Parmi eux, Arthur Raffalovitch représentant du ministère des Finances russe à Paris et correspondant de l'Institut[4] travaille l'ambassade de Russie et s'emploie à corrompre plusieurs médias[5].

Des détails de l'affaire ont été retrouvés dans la correspondance d'un fonctionnaire au ministère de l'Intérieur, proche du ministre Georges Clemenceau et collaborateur du président du Conseil, le diplomate et député socialiste Aristide Briand. Alors qu'il a lui-même acheté plusieurs emprunts russes pendant les années 1898 à 1905, sur les conseils du Crédit lyonnais, un rapport secret de la préfecture de police qui arrive sur son bureau en février 1909 lui met la puce à l'oreille[6].

Les journaux britanniques comme le Times font alors état de la situation budgétaire fragile de la Russie, de sa dette publique qui génère des échéances et des intérêts outrepassant largement ses capacités de remboursement, avec une dette totale s'élevant à l'équivalent de plus de 12 milliards de francs or, soit trois fois le budget de la France.

L'enquête établit qu'Arthur Raffalovitch a distribué 6,5 millions de francs[7] (environ 23 millions d'euros de 2005), entre 1900 et 1914, à de nombreux titres de la presse parisienne, de manière à assurer le succès du placement des emprunts russes dans le grand public. Dans un lettre adressée le 2 novembre 1904 au ministre des Finances russe il écrit : « J'ai l'honneur de remettre à Votre Excellence les chèques payés par l'agent Lenoir pour le concours donné par la presse française durant le mois de septembre. J'y joins une sorte de clef, c'est-à-dire le numéro du chèque en face du journal qui a touché. »[8]

La liste des journaux bénéficiaires inclut aussi des journaux d'opposition de gauche, comme L'Événement, La Lanterne, Le Rappel, La France, et Le Radical[9]. Selon l'historien de la presse Laurent Martin, cette affaire ne suffit pas expliquer l'aveuglement de la presse française à soutenir les emprunts russes. Il cite en exemple le journal L’Économiste français de Paul Leroy-Beaulieu, « le plus réputé des périodiques économiques », qui a soutenu « vigoureusement les emprunts russes sans jamais accepter un centime, parce qu’il les jugeait utiles à la fois à l’intérêt national, à celui de l’industrie métallurgique ».

Autre exemple cité par l'historien, celui du quotidien radical de Toulouse, La Dépêche, exclu des distributions d'argent effectuées par, mais qui « n’en a pas moins que ses grands confrères parisiens défendu les emprunts russes, de même que la plupart de ses confrères de province ».

En 1931 sort un recueil de 450 pages, qui provoque un certain émoi à Paris, regroupant l'ensemble de ces courriers sous le titre : L'Abominable Vénalité de la presse (correspondance d'Arthur Raffalovitch, d'après les documents des archives russes 1897-1917). L'émotion causée par la publication de ce livre concourt à la création en France en 1935 d'un statut de journaliste professionnel avec le vote à l'unanimité par le parlement de la loi Brachard.

Références

  1. http://books.google.fr/books?id=mBUZP_N59Q0C&pg;=PA166&dq;=Arthur+Raffalovitch&hl;=fr&ei;=j6TiTbm3N5C18QPx7f2bBw&sa;=X&oi;=book_result&ct;=result&resnum;=10&ved;=0CFsQ6AEwCQ#v=onepage&q;=Arthur%20Raffalovitch&f;=false
  2. Médias et journalistes de la République, par Marc Martin, page 166 (1997)
  3. http://www.rms-republic.com/reference/FrenchPress_Influence.pdf
  4. http://www.jdf.com/histoire/2007/04/21/04015-20070421ARTHBD00105-le-jdf-celebre-ses-ans.php
  5. Une histoire des médias : des origines à nos jours, par Jean-Noël Jeanneney (1998), page 118
  6. http://ilyaunsiecle.blog.lemonde.fr/2009/02/05/5-fevrier-1909-labominable-venalite-de-la-presse-francaise/
  7. La Presse écrite en France au XXe siècle, par Laurent Martin, page 39, éditions Le Livre de poche
  8. « Le Journal des Finances célèbre ses 140 ans », numéro spécial du 21 avril 2007
  9. La Presse écrite en France au XXe siècle, par Laurent Martin, page 49, éditions Le Livre de poche

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