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Pierre Guillaume (activiste)

- Wikipedia, 29/11/2011

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Pierre Guillaume (né en décembre 1940) est un militant politique français, connu pour son rôle d'éditeur de textes négationnistes à partir de la fin des années 1970.

Sommaire

Biographie

Son nom est associé à La Vieille Taupe, qui a été une librairie d'ultra-gauche fondée en 1965 et dissoute en 1972. Le nom a été repris par Pierre Guillaume à partir de 1979 pour la diffusion de textes négationnistes.

De 1957 à 1959, il prépare Saint-Cyr au Prytanée national militaire de La Flèche, est admissible mais change finalement de voie. Il rejoint Socialisme ou Barbarie[1], sans y jouer un « rôle remarquable » selon le témoignage de Cornelius Castoriadis[2]. Il y milite contre la guerre d'Algérie. En 1965, il ouvre avec l'aide de Jacques Baynac la librairie La Vieille taupe, liée tout d'abord au groupe Pouvoir ouvrier.

En septembre 1967, alors que leur exclusion est imminente, Guillaume et Baynac démissionnent de Pouvoir ouvrier, suivis par la majorité des jeunes membres du groupe. La Vieille Taupe devient alors le nom d'un petit groupe de réflexion informel d'une dizaine de personnes qui s'intéresse à diverses dissidences de l'Ultra-gauche, à l'Internationale situationniste et à Rosa Luxembourg[3]. La librairie La Vieille Taupe diffuse des textes fondamentaux du mouvement ouvrier révolutionnaire, de l'ultra gauche et de l'Internationale situationniste[3].

En Mai 68, Guillaume a un rôle de premier plan au comité d'action de Censier, tant sur le plan théorique - il lance l'idée de la grève active tirée de son expérience des grèves belges de 1961 - que sur le plan pratique - il se fait donner les « pleins pouvoirs militaires » pour défendre Censier[3]. Après Mai 68, le chiffre d'affaires de la librairie est en augmentation. Pierre Guillaume découvre alors Le Mensonge d'Ulysse de Paul Rassinier qu'il considère comme extrêmement éclairant. Les premiers ouvrages de Rassinier seront en vente à La Vieille Taupe dès 1970[3]. En novembre 1969 se produit la rupture entre Guillaume et Baynac qui demande aux membres ou sympathisants fondateurs de la Vieille Taupe d'en faire autant. L'appel de Baynac est suivi[3].

La librairie ferme le 15 décembre 1972[4] et Pierre Guillaume se reconvertit dans la vente d'assurances.

En 1978, Guillaume prend contact avec Robert Faurisson[5]. Son premier engagement public dans les thèses de Faurisson consiste en un article publié dans Libération du 7 mars 1979 et intitulé « Que savent les français des massacres de Sétif » où il établit un parallèle entre Auschwitz et les répressions coloniales à Sétif en 1945 ou à Madagascar en 1948. Il dénonce également l'antinazisme sans nazis et s'en prend au téléfilm Holocauste récemment diffusé sur Antenne 2 et affirme que les Juifs « sont morts de faim et de froid selon [une] mécanique inexorable et involontaire... ». Ce texte a été rédigé en collaboration avec Faurisson[6]. En décembre 1980, les éditions la La Vieille Taupe, créées par Guillaume en 1979, publient le Mémoire en défense contre ceux qui m'accusent de falsifier l'histoire. la question des chambres à Gaz avec en guise de préface un texte de l'américain Noam Chomsky[7],[8]. Au cours des années 1979-1980, Guillaume s'est employé à mobiliser nombre de ses anciens compagnons idéologiques de s'investir dans son combat aux côtés de Faurisson[9]. C'est Serge Thion qui obtiendra la lettre de Chomsky et produira un certain nombre de textes signés par des anciens militants de l'ultra-gauche comme Vérité historique ou Vérité politique ? Le dossier de l'affaire Faurisson. La question des chambres à gaz publié par La Vieille Taupe au printemps 1980[10].

Sans appuis politiques, Pierre Guillaume se tourne alors vers l'extrême droite. En 1985, il a collaboré avec le militant néo-nazi Michel Caignet à la traduction du livre Le Mythe d'Auschwitz. À partir de 1992, il a participé chaque année à la fête du Front national, il a été présent aux obsèques de Maurice Bardèche en 1998, et il a également écrit dans diverses revues d'extrême droite : par exemple dans National-Hebdo en 2001, dans Rivarol en 2002. Valérie Igounet constate qu’il est présent lors de « manifestations d’extrême droite », que « sa littérature est vendue dans les librairies néonazies », et qu’il « discourt sur les ondes de Radio Courtoisie, proche du Front national », concluant que « la dérive idéologique de Pierre Guillaume est manifeste »[11]. Il a cependant été classé à « l'ultra gauche », tant par Pierre Vidal-Naquet que par Nadine Fresco[12], même s’il a été rejeté par l'ensemble de l'extrême-gauche et de « l'ultra-gauche »[13].

En 2004, la revue d'extrême gauche Ni Patrie ni frontières l'a qualifié de « publiquement antisémite »[14].

Il a été brièvement interpellé le 7 octobre 2008 dans le Loiret pour avoir diffusé des tracts révisionnistes en février de la même année à Paris. Il est poursuivi pour « provocation à la discrimination, à la haine, à la violence à l'encontre d'une personne ou d'un groupe de personnes appartenant à une religion, en l'espèce le judaïsme »[15].

Bibliographie

Articles connexes

Notes et références

  1. La signature « P. Guillaume » qui apparaît dans les premiers numéros de Socialisme ou Barbarie, avant 1958, désigne « Philippe Guillaume », pseudonyme de Cyrille de Beauplan.
  2. « Pierre Guillaume n'a joué aucun rôle remarquable dans le groupe, et aucun texte de la revue ne lui est dû. Il n'a pas pu "fourbir ses premières armes théoriques dans Socialisme ou Barbarie", tout d'abord parce qu'il n'a jamais possédé aucune "arme théorique". Ensuite et surtout, parce que ce qu'il aurait pu apprendre à Socialisme ou Barbarie, ce ne pouvait être que l'internationalisme, et la condamnation radicale de toute forme de racisme (et même de "nationalisme"). Un antisémite n'aurait pas été toléré à Socialisme ou Barbarie une minute. Que ce personnage ait abouti, après diverses tribulations, et quinze ou vingt ans après, à ses positions "actuelles", n'est qu'un exemple de plus - dont l'histoire du mouvement ouvrier fourmille - de ce que avoir épousé des idées justes pendant quelques années ne constitue pas une garantie contre une décomposition mentale et morale ultérieure. » Cornelius Castoriadis, Lignes n°4, p. 223.
  3. a, b, c, d et e Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, éditions du Seuil, 2000, p.182-187
  4. Igounet, p.194
  5. Igounet, p.232
  6. Igounet, p.246-247
  7. Igounet, p.656
  8. Une lettre avait été envoyée par Chomsky pour soutenir le droit de Faurisson à s'exprimer – « Some Elementary Comments on The Rights of Freedom of Expression » – mais Chomsky n'était pas informé que cette lettre servirait de préface à un ouvrage. Voir Acrimed | Noam Chomsky et les médias français
  9. Igounet, p.228
  10. Igounet, p.257-260
  11. Valérie Igounet, Histoire du négationnisme en France, 2000, p. 469 et 470.
  12. Voir le paragraphe«  Des militants fourvoyés de l'ultra-gauche » dans l'article « Négationnisme » dans le tome 14 de l'Encyclopædia Universalis, disponible sur le site PHDN.
  13. Voir en particulier les textes collectifs d’octobre 1980 et de 1992 contre Pierre Guillaume.
  14. Article du numéro 8-9
  15. « Un éditeur révisionniste arrêté dans le Loiret », LibéOrléans, 11 octobre 2008.

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